Maël Montévil - All contents2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.orgMaël Montévilmael.montevil@gmail.com
Quelles dichotomies en philosophie ?2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2024-appliquer-les-philosophies-des-sciences-et-des-techniques-quelles-dichotomies-en-philosophie/
<img alt="Cover slide from the talk “Quelles dichotomies en philosophie ?”" src="https://montevil.org/assets/talks/ColloqueMars%202024-Affiche2-optimized.jpg" class=" page__illustration2 u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
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Montévil, Maël. 2024. “Quelles Dichotomies En Philosophie ?” In <i>Appliquer Les Philosophies Des Sciences et Des Techniques ?</i>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/ColloqueMars%202024-Affiche2-optimized.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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ENMI 2023 - Jeux, gestes et savoirs2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023--enmi-2023-jeux-gestes-et-savoirs/
<img alt="Cover slide from the talk “ENMI 2023 - Jeux, gestes et savoirs”" src="https://montevil.org/assets/talks/banner_ENMI_logo_2023-1.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
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Cette année, l’édition 2023 s’inscrit dans une réflexion autour du jeu, du geste et du savoir croisant les questions épistémologiques, économiques, de design et d’éducation. Nous mobilisons ce sujet parce qu’il nous paraît pertinent pour penser la situation actuelle de perte de motivation et de savoirs, exploités par les pouvoirs économiques et politiques, et objets d’analyse et de calculs grâce à la captation des données. L’hypothèse de cette édition envisage le jeu comme un espace de création, de capacitation pour soi et le groupe, qui permet de façon intermittente une sortie des logiques de calcul et des modèles statistiques. La conquête du marché des jeux vidéo par Roblox et la percée de ChatGPT renforce notre volonté d’apporter un éclairage théorique, historique et épistémologique au pouvoir du jeu. Nous nous intéresserons avec Winnicott à l’enfant qui joue, engage son corps, ses gestes, ses apprentissages et ses savoirs. Puis nous considérerons la place du jeu à l’âge adulte, à travers une histoire technique, biologique et industrielle, questionnant la motivation et le geste dans le numérique. Nous aborderons les jeux d’argent, la gamification et les modèles économiques associés. Enfin, nous nous intéresserons aux enjeux de design des jeux vidéo et à leur industrie. Veiller sur le potentiel créateur et libérateur du jeu et en prendre soin seront les objectifs de ces entretiens. Ils visent à renouveler la relation entre les savoirs et le monde industriel de façon créative, non consumériste et pulsionnelle, en repensant les industries culturelles et en premier lieu celle des jeux vidéo
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<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Bossière, Marie-Claude, Franck Cormerais, Giuseppe Longo, Maël Montévil, and IRI. 2023. <i>ENMI 2023 - Jeux, Gestes et Savoirs</i>. <a href="https://enmi-conf.org/wp/enmi23/">https://enmi-conf.org/wp/enmi23/</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/Dossier-de-presse-ENMI-1.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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Le jeu et le vivant2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023-enmi-2023-jeux-gestes-et-savoirs-le-jeu-et-le-vivant/
<img alt="Cover slide from the talk “Le jeu et le vivant”" src="https://montevil.org/assets/talks/banner_ENMI_logo_2023-1.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
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Le tournant phylogénétique a déplacé l’agentivité du niveau des organismes à celui des populations, à tel point que la théorie des jeux est appliquée en biologie à la question de la tragédie des communs, la possibilité qu’un variant (génétique) vienne perturber une stratégie de coopération. Mais la notion de jeu en un sens plus classique existe toujours, notamment en éthologie, et l’on découvre que des espèces de plus en plus diverses ont la capacité de jouer. Quel est alors le sens théorique de ces jeux et comment peuvent-ils nous éclairer sur le vivant?
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<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2023. “Le Jeu et Le Vivant.” In <i>ENMI 2023 - Jeux, Gestes et Savoirs</i>. <a href="https://enmi-conf.org/wp/enmi23/">https://enmi-conf.org/wp/enmi23/</a>
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Quel concept d’historicité pour la biologie?2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023-seminaire-doctoral-evenement-nature-histoire-quel-concept-d-historicite-pour-la-biologie/
<img alt="Cover slide from the talk “Quel concept d’historicité pour la biologie?”" src="https://montevil.org/assets/talks/septembre-2023-affiche-evenement-nature-histoire.jpeg" class=" page__illustration2 u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2023. “Quel Concept d’historicité Pour La Biologie?” In <i>Séminaire Doctoral « Événement, Nature, Histoire »</i>. <a href="https://republique-des-savoirs.fr/events/event/seminaire-doctoral-evenement-nature-histoire/">https://republique-des-savoirs.fr/events/event/seminaire-doctoral-evenement-nature-histoire/</a>
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Jean-Luc Nancy : Anastasis de la pensée2023-11-05T00:00:00Zhttps://montevil.org/publications/books/2023-DLMW-Nancy-Anastase/
<p class="titleHead">Jean-Luc Nancy</p>
<p class="subtitleHead">Anastasis de la pensée
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<p class="authors">Sous la direction de : </p>
<p class="authors">D. Dwivedi, J. Lèbre, M. Montévil et F. Warin</p>
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L’œuvre singulière plurielle de Jean-Luc Nancy a croisé presque toutes les préoccupations majeures de la philosophie – temps, être, espace, négativité, forme, image, poésie –, et a exercé une influence considérable sur de nombreux intellectuels et chercheurs du monde entier. Dans cet ouvrage, qui rassemble des articles rédigés par des philosophes et spécialistes reconnus, français et étrangers (Europe, Inde, États-Unis, Japon, Brésil, Chili, Égypte), les auteurs rendent hommage à Nancy pour son amitié et sa pensée.
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Considérant qu’une histoire particulière de la philosophie a pris fin, Nancy a montré que la philosophie peut se lever à nouveau, touchant à son éternité. Il a invité à la recommencer de manière multiple, métaphysique, post-phénoménologique, politique, littéraire et esthétique. Se souvenir de sa pensée, c’est donc recommencer ici d’une manière plurielle avec lui ; c’est relancer dans son sillage la réflexion sur la démocratie et l’art, en réassumant une approche résolument transversale, avec ce que Nancy appelait anastasis – ce qui « ne provient pas de soi » mais « vient de l’autre, ou relève de l’autre en lui ».
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Séminaire sur le vivant 2023-20242024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023--seminaire-sur-le-vivant-2023-2024/
<img alt="Cover slide from the talk “Séminaire sur le vivant 2023-2024”" src="https://montevil.org/assets/talks/Octobre_2023_Affiche_Seminaire_Vivant_Centre_Cavailles.png" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
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Perpétuant les orientations impulsées par Jean-Jacques Kupiec lors de sa création, le séminaire Cavaillès se donne pour objet l'histoire et la philosophie des sciences du vivant. Une fois par mois un acteur des sciences expérimentales ou humaines est invité à y présenter ses travaux et réflexions. Le séminaire se veut ouvert à toutes et à tous, avec l'objectif de croiser les regards, partager les connaissances et favoriser les échanges sur un large spectre de thématiques et de questions. Il entend être le témoin de la vitalité, l'actualité et la fertilité des recherches en épistémologie historique des sciences biomédicales, ainsi que de leur incidence sur les débats scientifiques contemporains.
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<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël, Caroline Petit, and Anton Robert. 2023. <i>Séminaire Sur Le Vivant 2023-2024</i>. <a href="https://republique-des-savoirs.fr/events/event/seminaire-centre-cavailles-sur-le-vivant-du-2023-2024/">https://republique-des-savoirs.fr/events/event/seminaire-centre-cavailles-sur-le-vivant-du-2023-2024/</a>
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<p><strong>Adresse :</strong><br />
ENS - 45 ou 29, rue D'Ulm - Paris Ve</p>
<p><strong>organisé par</strong><br />
<a href="https://republique-des-savoirs.fr/membres/mael-montevil/">Maël Montévil</a> (CNRS/RDS/Centre Cavaillès), <a href="https://republique-des-savoirs.fr/membres/caroline-petit/">Caroline Petit</a> (CNRS/RDS/Centre Cavaillès) et Anton Robert (Ed540/RDS/Centre Cavaillès)</p>
<p><strong>Présentation :</strong><br />
Dans la lignée des sessions précédentes, organisées par Jean-Jacques Kupiec, puis par Gérard Lambert et Thomas Heams, le séminaire sur le vivant du centre Cavaillès se donne pour objet les défis conceptuels de la connaissance du vivant, en articulant théorie et pratique. Une fois par mois, une chercheuse des sciences du vivant, de l'histoire ou de la philosophie de cette discipline, ou un praticien, est invité à y présenter ses travaux et réflexions.</p>
<p>Le séminaire se veut ouvert à toutes et à tous, avec l'objectif de croiser les regards, partager les connaissances et favoriser les échanges sur un large spectre de thématiques et de questions. Il entend être le témoin de la vitalité, de l'actualité et de la fertilité des recherches à la croisée des humanités et des sciences du vivant, pour en aborder autant les questions théoriques qu’elles portent que leur incidence sur les débats contemporains.</p>
<p><a href="https://republique-des-savoirs.fr/wp-content/uploads/2023/09/octobre-2023-affiche-programme-seminaire-vivant-centre-cavailles.pdf">Programme :</a></p>
<h3 id="mercredi-4-octobre-2023-mael-montevil" tabindex="-1">Mercredi 4 octobre 2023, Maël MONTÉVIL </h3>
<p>18h-20h, salle DUSSANE -- 45, rue d'Ulm (RDC gauche) : « Inauguration du programme interdisciplinaire : fondations théoriques de la biologie »<br />
<a href="https://republique-des-savoirs.fr/membres/mael-montevil/">Maël MONTÉVIL</a>, CR CNRS, Centre Cavaillès, République des savoirs UAR3608 -- directeur du programme</p>
<p><strong>Résumé :</strong> La biologie moléculaire a donné un cadre très fécond pour l'exploration empirique du vivant, mais ses résultats ont aussi et en même temps mis à mal son cadre conceptuel. Pour dépasser ce cadre, un certain nombre d'auteurs soulignent les défis théoriques que comporte la compréhension des êtres vivants dans leur historicité et organicité. Si l'on doit comprendre les êtres vivants comme des organisations biologiques, comment ne pas se perdre dans leur complexité ? Et si leurs régularités sont les résultat d'une histoire et continuent de changer, de produire une histoire, comment les objectiver ? Ces questions sont, nous le pensons, essentielles pour répondre aux défis de ce siècle concernant la santé et la biodiversité et croisent aussi la question de l'encadrement théorique de l'usage des nouvelles technologies dans le travail scientifique.</p>
<p>Dans ce contexte, nous inaugurons ici le programme interdisciplinaire : fondations théoriques de la biologie. Notre approche consiste à aborder les questions théoriques en s'appuyant sur la philosophie, notamment l'épistémologie ainsi que la comparaison avec les innovations mais aussi les contraintes théoriques d'autres disciplines, notamment la physique. En s'appuyant sur cette réflexivité, il s'agira à la fois de réinterpréter les pratiques existantes et de développer de nouvelles pratiques et méthodes.\</p>
<h3 id="15-novembre-2023-lenny-moss" tabindex="-1">15 novembre 2023, Lenny MOSS </h3>
<p>16h-18h, Salle CAVAILLES -- 45, rue d'Ulm (1er étage)<br />
The Gambit of Geist: Can a renewed Philosophical Anthropology transform our theories of social ontology, collective intentionality, the evolution of normativity and agency, and perhaps most critically, our grasp of contemporary social pathology?<br />
Lenny MOSS, Professor, PhD, Investigador Visitante, Instituto de Investigaciones Filósoficas, Universidad Nacional Autónoma de Mexico</p>
<p><strong>Résumé :</strong> I hope to adumbrate the basis of a renewed philosophical anthropology and highlight its implications in contrast to those of the more traditionally individualistic orientations put forward in recent highly influential big-story accounts of social ontology, collective intentionality, agency and normativity by John Searle and Michael Tomasello. I also want to thematize the urgency of seeking resources for better understanding contemporary social pathology and psychological irrationalism and provoke us to think about in which direction of analysis and theorizing are we more likely to find them.\</p>
<h3 id="13-decembre-2023-alberto-vianelli" tabindex="-1">13 décembre 2023, Alberto VIANELLI </h3>
<p>16h-18h, Salle CAVAILLES -- 45, rue d'Ulm (1er étage)<br />
Le changement de vision de François Jacob dans les années 1970 : de l'histoire de l'hérédité à l'historicité de l'évolution<br />
<a href="https://archivio.uninsubria.it/hpp/alberto.vianelli">Alberto VIANELLI</a>, dipartimento di scienze teoriche e applicate, Universita degli studi dell'Insubria</p>
<p><strong>Résumé :</strong> Beaucoup a été dit et écrit à partir de 2020 à propos du biologiste François Jacob et de son travail autour de l'histoire de l'hérédité qui a été l'objet du livre « La Logique du Vivant », sorti en France en 1970. Bien qu'il soit généralement reconnu que la notion centrale de « programme génétique » a été par la suite nuancée, voire rejetée, par Jacob lui-même, l'itinéraire menant à ce changement d'accent n'a pas attiré beaucoup d'attention, avec des exceptions notables. Co-protagoniste majeure de ce changement a été la thématique évolutive. En nous appuyant largement sur des documents d'archives, et plus particulièrement sur les voyages de Jacob aux États-Unis à la fin des années 1960 et dans les années 1970, nous aimerions reconstituer cet itinéraire complexe, retraçant » l'évolution d'un généticien » (pour rappeler le titre du livre de Conrad Waddington). Nous suggérons que le rôle des contacts avec les collègues américains, à partir de Gunther Stent, ne peut être surestimé, tant dans la conception de » La logique du vivant » que dans les développements intellectuels qui ont suivi.</p>
<h3 id="17-janvier-2024-miguel-benasayag" tabindex="-1">17 janvier 2024, Miguel BENASAYAG </h3>
<p>16h-18h, Salle CAVAILLES -- 45, rue d'Ulm (1er étage)<br />
La centralité épocale de la question de l'organicité<br />
Miguel BENASAYAG, psychanalyste et philosophe</p>
<h3 id="reporte-28-fevrier-2024-johannes-jaeger" tabindex="-1">Reporté -- 28 février 2024, Johannes JÄGER </h3>
<p>16h-18h, Salle Camille MARBO (U205) -- 29, rue d'Ulm (2ème étage)<br />
Life beyond Computation and Formalization<br />
<a href="https://www.csh.ac.at/researcher/johannes-jaeger/">Johannes JÄGER</a>, philosophe, biologiste des systèmes, Complexity Science Hub (CSH), Vienna</p>
<h3 id="20-mars-2024-mathilde-tahar" tabindex="-1">20 mars 2024, Mathilde TAHAR </h3>
<p>16h-18h, Salle Camille MARBO (U205) -- 29, rue d'Ulm (2ème étage)<br />
L'agentivité biologique comme inventivité : repenser le rôle des organismes non-humains dans l'évolution<br />
Mathilde TAHAR, philosophe de la biologie, ATER Université de Lille, laboratoire STL (UMR 8163 -- CNRS)</p>
<h3 id="24-avril-2024-jacques-fantini" tabindex="-1">24 avril 2024, Jacques FANTINI </h3>
<p>16h-18h, Salle Camille MARBO (U205) -- 29, rue d'Ulm (2ème étage)<br />
Repenser la biologie à partir de paramètres fondamentaux trop souvent négligés<br />
<a href="https://unis-neuro.com/96-membre-fantini-jacques.html">Jacques FANTINI</a>, professeur de biologie, Université d'Aix-Marseille, UNIS UMR_S 1072</p>
<p><strong>Résumé :</strong> Définir la vie est une tâche ardue qui suscite bien des débats chez les philosophes et les scientifiques depuis des siècles. Or la biologie souffre d'un manque de définition claire, plaçant les biologistes dans la situation paradoxale où l'on peut décrire au niveau atomique des objets complexes qui restent globalement mal définis. On pourrait supposer que de telles descriptions permettent de caractériser parfaitement les systèmes vivants. Cependant, de nombreux cas d'interprétation erronée relativisent cette hypothèse. Dans cet exposé, je mettrai l'accent sur des paramètres fondamentaux qui sont minimisés voire totalement ignorés dans les ouvrages de biologie destinés aux étudiants : l'eau, l'entropie, les dimensions spatiale et temporelle, les propriétés quantiques et le potentiel électrostatique. D'où vient la structure hélicoïdale de l'ADN, pourquoi la reproduction des organismes vivants ne peut se faire sans mutations, quelles sont les limites du code génétique, pourquoi toutes les protéines n'ont pas une structure tridimensionnelle stable : autant de questions qui ne peuvent être résolues sans tenir compte des paramètres mentionnés ci-dessus. En effet, sans prétendre à l'exhaustivité : i) le temps et l'espace contraignent de nombreux mécanismes biologiques qui nécessitent des solutions efficaces propres aux systèmes vivants (enzymes, transporteurs), ii) l'eau contrôle la fidélité de la réplication de l'ADN et l'équilibre structure/désordre des protéines, iii) l'entropie intervient fréquemment dans les interactions moléculaires et dans de nombreuses réactions enzymatiques, iv) les mécanismes quantiques expliquent pourquoi une molécule aussi simple que l'acide cyanhydrique (HCN) préfigure la double hélice de l'ADN, pourquoi des mutations se produisent, et comment le champ magnétique terrestre peut déterminer la migration des oiseaux (boussole quantique), v) le potentiel de surface contrôle les mécanismes épigénétiques, l'analogie ADN/membrane et les interactions agent pathogène-hôte. La prise en compte de ces paramètres fondamentaux est essentielle pour mieux comprendre ce qu'est la vie et comment elle gère l'ordre et le chaos à travers une combinaison de mécanismes génétiques et épigénétiques.</p>
<h3 id="15-mai-2024" tabindex="-1">15 mai 2024 </h3>
<p>16h-18h, Salle Camille MARBO (U205) -- 29, rue d'Ulm (2ème étage)<br />
Intervenant/titre à venir</p>
<h3 id="12-juin-2024" tabindex="-1">12 juin 2024 </h3>
<p>16h-18h, Amphi Evariste GALOIS -- 45, rue d'Ulm (étage -1)<br />
Vitalisme matérialiste, vitalisme spiritualiste<br />
<a href="https://philosophie.univ-tlse2.fr/accueil-philosophie/departement/charles-wolfe">Charles Wolfe</a>, professeur de philosophie, Université de Toulouse Jean Jaurès, Équipe de Recherche sur les Rationalités Philosophiques et les Savoirs (ERRAPHIS)</p>
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Inauguration Programme interdisciplinaire : fondations théoriques de la biologie2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023--inauguration-programme-interdisciplinaire-fondations-theoriques-de-la-biologie/
<img alt="Cover slide from the talk “Inauguration Programme interdisciplinaire : fondations théoriques de la biologie”" src="https://montevil.org/assets/talks/poster-inauguration.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
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La biologie moléculaire a donné un cadre très fécond pour l’exploration empirique du vivant, mais ses résultats ont aussi et en même temps mis à mal son cadre conceptuel. Pour dépasser ce cadre, un certain nombre d’auteurs soulignent les défis théoriques que comporte la compréhension des êtres vivants dans leur historicité et organicité. Si l’on doit comprendre les êtres vivant comme des organisations biologiques, comment ne pas se perdre dans leur complexité ? Et si leurs régularités sont les résultat d’une histoire et continuent de changer, de produire une histoire, comment les objectiver ? Ces questions sont, nous le pensons, essentielles pour répondre aux défis de ce siècle concernant la santé et la biodiversité et croisent aussi la question de l’encadrement théorique de l’usage des nouvelles technologies dans le travail scientifique. <br /> Dans ce contexte, nous inaugurons ici le programme interdisciplinaire : fondations théoriques de la biologie. Notre approche consiste à aborder les questions théoriques en s’appuyant sur la philosophie, notamment l’épistémologie ainsi que la comparaison avec les innovations mais aussi les contraintes théoriques d’autres disciplines, notamment la physique. En s’appuyant sur cette réflexivité, il s’agira à la fois de réinterpréter les pratiques existantes et de développer de nouvelles pratiques et méthodes.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2023. <i>Inauguration Programme Interdisciplinaire : Fondations Théoriques de La Biologie</i>. <a href="https://republique-des-savoirs.fr/events/event/inauguration-du-programme-fondations-theoriques-de-la-biologie/">https://republique-des-savoirs.fr/events/event/inauguration-du-programme-fondations-theoriques-de-la-biologie/</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/poster-inauguration.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
<a href="https://savoirs.ens.fr/uploads/videos//diffusion/2023_10_04_montevil.mp4" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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<h2 id="inauguration-programme-interdisciplinaire-fondations-theoriques-de-la-biologie" tabindex="-1">Inauguration Programme interdisciplinaire : fondations théoriques de la biologie </h2>
<p><strong>4 octobre 2023, 18h</strong></p>
<p>Salle Dussane<br />
ENS – 45 rue d'Ulm – 75005 Paris</p>
<h3 id="introductions" tabindex="-1">Introductions : </h3>
<p>Frederic Worms – Directeur de l’ÉNS</p>
<p>Pascal Daloz – Directeur Général Délégué de Dassault Systèmes.</p>
<p>Patrick Johnson – Vice-Président Corporate Research & Science de Dassault Systèmes</p>
<h3 id="le-programme-interdisciplinaire-fondations-theoriques-de-la-biologie" tabindex="-1">Le programme interdisciplinaire : fondations théoriques de la biologie : </h3>
<p>Maël Montévil, CR CNRS, Centre Cavaillès, République des savoirs UAR3608 – directeur du programme</p>
<p>La biologie moléculaire a donné un cadre très fécond pour l’exploration empirique du vivant, mais ses résultats ont aussi et en même temps mis à mal son cadre conceptuel. Pour dépasser ce cadre, un certain nombre d’auteurs soulignent les défis théoriques que comporte la compréhension des êtres vivants dans leur historicité et organicité. Si l’on doit comprendre les êtres vivant comme des organisations biologiques, comment ne pas se perdre dans leur complexité ? Et si leurs régularités sont les résultat d’une histoire et continuent de changer, de produire une histoire, comment les objectiver ? Ces questions sont, nous le pensons, essentielles pour répondre aux défis de ce siècle concernant la santé et la biodiversité et croisent aussi la question de l’encadrement théorique de l’usage des nouvelles technologies dans le travail scientifique.</p>
<p>Dans ce contexte, nous inaugurons ici le programme interdisciplinaire : fondations théoriques de la biologie. Notre approche consiste à aborder les questions théoriques en s’appuyant sur la philosophie, notamment l’épistémologie ainsi que la comparaison avec les innovations mais aussi les contraintes théoriques d’autres disciplines, notamment la physique. En s’appuyant sur cette réflexivité, il s’agira à la fois de réinterpréter les pratiques existantes et de développer de nouvelles pratiques et méthodes.</p>
<h3 id="intermede-musical" tabindex="-1">Intermède musical : </h3>
<p>Sara Longo – jazz</p>
<h3 id="cocktail" tabindex="-1">Cocktail </h3>
</div>
<h2 id="video">Video</h2>
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<video controls="" class="wrap">
<source src="https://savoirs.ens.fr/uploads/videos//diffusion/2023_10_04_montevil.mp4" type="video/mp4" />
<p>Your browser doesn't support HTML5 video. Here is
a <a href="https://savoirs.ens.fr/uploads/videos//diffusion/2023_10_04_montevil.mp4">link to the video</a> instead.</p>
</video>
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De la théorie des jeux aux jeux du vivant2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023-jeux-gestes-et-savoirs-de-la-theorie-des-jeux-aux-jeux-du-vivant/
<img alt="Cover slide from the talk “De la théorie des jeux aux jeux du vivant”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://www.iri.centrepompidou.fr/evenement/entretiens-du-nouveau-monde-industriel-2/" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
La théorie des jeux de Von Neumann propose une vision cybernétique et panoptique des différentes typologies de jeux dans le contexte géopolitique de la guerre froide. Cette approche mathématique qui a montré son efficacité aux débuts de l’informatique nous projette dans un contexte pourtant très différent de notre situation contemporaine dominé par l’approche statistique du monde. Comment à la fois « se jouer » de cette tendance statistique et dépasser le cadre réducteur de la théorie des jeux ? N’est-ce pas ce que fait le vivant lui-même ? Cette session ouvrira à la question du « jeu » du vivant et comment il peut inspirer de nouveau modèle de jeu.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2023. “De La Théorie Des Jeux Aux Jeux Du Vivant.” In <i>Jeux, Gestes et Savoirs</i>. <a href="https://www.iri.centrepompidou.fr/evenement/entretiens-du-nouveau-monde-industriel-2/">https://www.iri.centrepompidou.fr/evenement/entretiens-du-nouveau-monde-industriel-2/</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/Programme_ENMI-PREPA-23.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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<p> </p>
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Jeux, gestes et savoirs2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023--jeux-gestes-et-savoirs/
<img alt="Cover slide from the talk “Jeux, gestes et savoirs”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://www.iri.centrepompidou.fr/evenement/entretiens-du-nouveau-monde-industriel-2/" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
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Ce séminaire est conçu comme un temps de préparation et d’échanges en vue du colloque qui se tiendra les 18 et 19 décembre au Centre Pompidou. Il entend apporter un éclairage théorique, historique et épistémologique sur le pouvoir du jeu à nous capaciter dans l’interaction avec le calcul. Nous aborderons pour cela comment passer d’une théorie des jeux historiquement située dans le champ mathématique à la question du jeu dans le champ biologique. Le jeu est aussi un espace des valeurs et de la valeur qui après Abraham Moles nous invite à repenser la question des jeux d’argent. Mais le jeu n’est pas que règles, il est chez Winnicott la condition du développement de l’espace potentiel chez l’enfant et de la culture chez l’adulte. Cette projection primordiale engage le corps, la main, le geste comme processus temporel pouvant résister à l’immédiateté du calcul.
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<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Bossière, Marie-Claude, Giuseppe Longo, Maël Montévil, and Vincent Puig. 2023. <i>Jeux, Gestes et Savoirs</i>. <a href="https://www.iri.centrepompidou.fr/evenement/entretiens-du-nouveau-monde-industriel-2/">https://www.iri.centrepompidou.fr/evenement/entretiens-du-nouveau-monde-industriel-2/</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/Programme_ENMI-PREPA-23.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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Disruption et normativité du vivant dans l’Anthropocène2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023-le-normal-et-le-pathologique-80-ans-apres-disruption-et-normativite-du-vivant-dans-l-anthropocene/
<img alt="Cover slide from the talk “Disruption et normativité du vivant dans l’Anthropocène”" src="https://montevil.org/assets/talks/Normal-pathologique_page-0001.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
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En 1943, il y a 80 ans, l’agrégé de philosophie Georges Canguilhem (1904-1995), au terme d’études de médecine entamées en 1936, soutenait une thèse de doctorat en médecine intituléeEssai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique. Thèse qui demeurait le « plus célèbre » de ses ouvrages. <br /> Mais qui a contribué à la « célébrité » de cette thèse en France et au-delà ? Et quels hypothèses et concepts avancés en 1943 par Canguilhem dans cet Essai auraient gardé, 80 ans après, toute leur pertinence sur le plan philosophique, biologique ou médical en 2023 ? <br /> Ce colloque commémorant la soutenance de la thèse de doctorat en médecine de Canguilhem réunit plusieurs générations de spécialistes internationaux de l’œuvre de Canguilhem qui, des années 1990 à nos jours, en France et au-delà, se signalèrent par une attention particulière pour les hypothèses et les concepts proposés par Canguilhem dans son Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique de 1943.
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<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2023. “Disruption et Normativité Du Vivant Dans l’Anthropocène.” In <i>Le Normal et Le Pathologique, 80 Ans Après</i>. <a href="https://www.inshs.cnrs.fr/fr/evenement/colloque-international-le-normal-et-le-pathologique-80-ans-apres">https://www.inshs.cnrs.fr/fr/evenement/colloque-international-le-normal-et-le-pathologique-80-ans-apres</a>
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Dimensions de l’historicité du vivant : de l’épistémologie à l’Anthropocène2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023-l-heterogenese-entre-mathematiques-philosophie-et-politique-dimensions-de-l-historicite-du-vivant-de-l-epistemologie-a-l-anthropocene/
<img alt="Cover slide from the talk “Dimensions de l’historicité du vivant : de l’épistémologie à l’Anthropocène”" src="https://montevil.org/assets/talks/1200px-Paris_VIII.svg.png" class=" page__illustration2 u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2023. “Dimensions de l’historicité Du Vivant : De l’épistémologie à l’Anthropocène.” In <i>L’hétérogenèse Entre Mathématiques, Philosophie et Politique</i>. <a href="https://llcp.univ-paris8.fr/demie-journee-d-etudes-groupe-girolamo-cardano-l-heterogenese-entre">https://llcp.univ-paris8.fr/demie-journee-d-etudes-groupe-girolamo-cardano-l-heterogenese-entre</a>
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Table ronde, 1er forum2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023-forum-citoyen-sur-les-ecrans-assemblee-nationale-table-ronde-1er-forum/
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2023. “Table Ronde, 1er Forum.” In <i>Forum Citoyen Sur Les Écrans – Assemblée Nationale</i>
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Toward a metamorphosis of life sciences2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2023-dassault-systemes-leadership-2023-convention-metamorphisis-regenerative-universes-toward-a-metamorphosis-of-life-sciences/
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Soto, Ana, and Maël Montévil. 2023. “Toward a Metamorphosis of Life Sciences.” In <i>Dassault Systèmes Leadership 2023 Convention – Metamorphisis, Regenerative Universes</i>
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Organisation du Vivant, Organologie des Savoirs : Technodiversité, biodiversité, noodiversité : nouveaux régimes de l’habiter2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022--organisation-du-vivant-organologie-des-savoirs-technodiversite-biodiversite-noodiversite-nouveaux-regimes-de-l-habiter/
<img alt="Cover slide from the talk “Organisation du Vivant, Organologie des Savoirs : Technodiversité, biodiversité, noodiversité : nouveaux régimes de l’habiter”" src="https://montevil.org/assets/talks/banner_ENMI_logo_2022.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
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Pour repenser l’anthropos à lumière de l’entropocène, nous proposons de revenir aux racines philosophiques et historiques ou, en d’autres termes, à une épistémologie historique qui permette d’exercer une critique de l’alliance qui s’est construite, au cours d’un siècle et à partir d’une pensée scientifique emprise de mécanicisme, entre un nouveau scientisme, la technoscience du numérique, et les formes contemporaines de la gouvernance. En s’appuyant sur des notions floues d’information et de programme génétiques, aux conséquences fortes, on a produit une technoscience qui déborde aujourd’hui sur le vivant. Dans le même temps, les développements technologiques issus des révolutions industrielles successives désorganisent profondément le vivant, conduisant à ce qui est couramment appelé la sixième extinction de masse de l’histoire de la Terre, appelant une réforme du rapport entre technologie et vivant. <br /> De nombreuses études critiques font état du rôle politique des nouvelles technologies du numérique, dans ses deux développements les plus importants, l’informatique et l’intelligence artificielle, et dans leurs conséquences pour la compréhension du vivant. Les réseaux informatiques permettent une centralisation nouvelle de l’information, voire la gestion des activités humaines par des monopoles privés et par des gouvernements aux ambitions autoritaires croissantes. Des machines nous reconnaissent et nous suivent, proposent des réponses à des questions mal posées, en raison du formatage programmé qui précède et canalise nos pensées, nos actions et nos désirs. Numérique et biologique constituent aujourd’hui le nouveau milieu noétique dont nous devons prendre soin.
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<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Longo, Giuseppe, Vincent Loubière, Maël Montévil, and Vincent Puig. 2022. <i>Organisation Du Vivant, Organologie Des Savoirs : Technodiversité, Biodiversité, Noodiversité : Nouveaux Régimes de l’habiter</i>. <a href="https://enmi-conf.org/wp/enmi22/">https://enmi-conf.org/wp/enmi22/</a>
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<p>Pour repenser l’anthropos à lumière de l’entropocène, nous proposons de revenir aux racines philosophiques et historiques ou, en d’autres termes, à une épistémologie historique qui permette d’exercer une critique de l’alliance qui s’est construite, au cours d’un siècle et à partir d’une pensée scientifique emprise de mécanicisme, entre un nouveau scientisme, la technoscience du numérique, et les formes contemporaines de la gouvernance. En s’appuyant sur des notions floues d’information et de programme génétiques, aux conséquences fortes, on a produit une technoscience qui déborde aujourd’hui sur le vivant. Dans le même temps, les développements technologiques issus des révolutions industrielles successives désorganisent profondément le vivant, conduisant à ce qui est couramment appelé la sixième extinction de masse de l’histoire de la Terre, appelant une réforme du rapport entre technologie et vivant.</p>
<p>De nombreuses études critiques font état du rôle politique des nouvelles technologies du numérique, dans ses deux développements les plus importants, l’informatique et l’intelligence artificielle, et dans leurs conséquences pour la compréhension du vivant. Les réseaux informatiques permettent une centralisation nouvelle de l’information, voire la gestion des activités humaines par des monopoles privés et par des gouvernements aux ambitions autoritaires croissantes. Des machines nous reconnaissent et nous suivent, proposent des réponses à des questions mal posées, en raison du formatage programmé qui précède et canalise nos pensées, nos actions et nos désirs. Numérique et biologique constituent aujourd’hui le nouveau milieu noétique dont nous devons prendre soin.</p>
<p>Le numérique réduit progressivement le langage à du code : les programmes qui pilotent les machines sont des systèmes d’écriture où des suites de signes associent des suites de signes à d’autres suites de signes, qui réduisent tout à de l’écriture alphabétique, si nécessaire codé par des 0/1 et qui s’applique à présent aussi à l’écriture du vivant.</p>
<p>Depuis les séminaires de Derrida du début des années 1970 et jusqu’à nos jours (Judith Roof’s Poetics of DNA, 2007), on considère volontiers l’ADN et le langage humain comme des alphabets distincts mais parallèles impliqués dans l’écriture de la vie. Mais la métaphore de l’écriture est à la fois poussée jusqu’au non-sens et révélatrice d’un anthropocentrisme résiduel. La suspicion nécessaire à l’égard de la “vie comme écriture” est préfigurée dans l’œuvre de Bernard Stiegler et s’accentue au cours de son développement. L’une de ses idées les plus anciennes et les plus profondes – également partagée et ensuite réitérée par d’autres, dont Catherine Malabou – est que l’écriture n’est qu’une branche de la technique, et pas nécessairement une forme privilégiée de celle-ci. Pour Stiegler, les technologies n’écrivent pas, mais plutôt grammatisent les corps, en les soumettant à des normes de dé- et de re-fonctionnalisation. Par ce biais elles ont un rôle clé dans l’organisation de la vie organique et exorganique.</p>
<p>Que faire face à ces transferts idéologiques de concepts qui imposent des règles formelles sur le réel et qui nous obligent à les suivre, faute de quoi nous serions exclus du monde à un moment où nous pouvons moins que jamais nous le permettre</p>
<p>Notre réponse propose un parcours alternatif : pour nous « humains », la construction du sens est indissociable des modalités de la présence de nos corps dans l’espace, de l’organisme dans l’écosystème, de l’écosystème dans l’évolution, et de notre humanité dans l’histoire. Le tout, dans la ‘‘radicale matérialité’’ du biologique : nous sommes faits de cette chimie, de cette chair vivante, de ces cellules, et pas d’autres. Au contraire, chez Turing : les instructions, le programme et leur écriture sont mobiles et indépendants de leur implantation matérielle. Dans ce contexte, la perte du sens de la « localité » et « matérialité » du vivant est alors à son comble.</p>
<p>Nous proposons donc de partir du constat que nul vivant n’existe sans ses membranes, son ADN, son ARN, sa physico-chimie et sa dimensionnalité spécifique. Nul cerveau n’existe sans ses cellules neuronales vivantes, toujours actives, sans leurs membranes, leur chimie, se déformant même par leur champ électrostatique, sans leurs connexions mouvantes, sans leur plasticité organique, qui dépasse le corps biologique dans l’espace d’un écosystème. Contre le tout alpha-numérique de l’Intelligence Artificielle, de la biologie du programme et de l’information génétique, il faut reconquérir le sens du corps, de son espace et de sa radicale matérialité biologique. Nous le ferons en passant par les formes de l’imaginaire humain, en croisant les disciplines pour penser l’organisation du vivant avec l’organologie des savoirs.</p>
<h4 id="session-1-disruption-and-soin-du-vivant" tabindex="-1">Session 1 : <strong>Disruption & soin du vivant</strong> </h4>
<p>Animée par par Mael Montévil (ENS-CNRS)</p>
<p>Canguilhem abordait dans sa thèse les infidélités du milieu auxquelles sont confrontés les êtres vivants, en quelque sorte dans leur vie ordinaire. Mais dans l’Anthropocène ces infidélités sont décrites par les scientifiques comme des disruptions : disruptions des écosystèmes par le changement climatique, disruption des régulations hormonales par les perturbateurs endocriniens, disruption de la relation parent-enfant par l’irruption des smartphones et des tablettes, … Cette accumulation plonge le vivant dans <em>la</em> disruption – en étendant ici le concept de Bernard Stiegler au vivant en général – , et la disruption conduit à une extinction de masse pour le vivant non-humain, et au déclin des capacités des vivants humains (fertilité, QI, langage, attention, …) .</p>
<p>Comment prendre soin du vivant dans la disruption ?</p>
<h4 id="jeudi-15-decembre-10h00-12h30" tabindex="-1">Jeudi 15 décembre – 10h00-12h30 </h4>
<p><strong>10h00-10h30 : Maël Montévil (théoricien de la biologie</strong>)</p>
<p><strong>10h30-11h00 : Ana Soto (biologiste)</strong></p>
<p><strong>11h00-11h30 : Marie-Claude Bossière (pédopsychiatre) et Hakima Yakouben (parent ambassadrice)</strong></p>
<p><strong>11h30-12h00 : Manuel Blouin (agroécologie)</strong></p>
<p><strong>12h00-12h30 : Discussion</strong></p>
<h4 id="session-2-extinction-diversite" tabindex="-1">Session 2 : <strong>Extinction / Diversité</strong> </h4>
<p>Animée par Giuseppe Longo (ENS-CNRS-AAGT)</p>
<p>L’analyse phylogénétique du vivant se propose d’ordonner <em>a posteriori</em> dans le temps les apparitions des différents traits partagés entre espèces. Les corps biologiques sont des mosaïques historiques dont les pièces ont été assemblées (ou perdues) de manière contingente, sous les contraintes des environnements passés et en relation avec les autres membres des divers écosystèmes. Nul programme, nulle destinée ne gouverne le déploiement évolutif de la biodiversité. Il en va de même pour le changement des écosystèmes, et pour le développement embryonnaire qui est en lui-même un phénomène évolutif. En particulier, il est primordial de saisir que les espèces qui s’éteignent ne se réduisent pas à quelques chiffres ou à des spécimens figés pour l’éternité au fond de collections muséales. Le phénomène d’extinction se décline par degrés et dans une pluralité de processus « zombies » qui persistent au niveau des dynamiques écologiques et évolutives. Sans oublier que la perspective d’extinction interroge notre rapport à la nature à travers ce que l’on nomme les « extinctions studies » et notre propre angoisse face aux risques d’effondrement sociaux et humains, par rapport à laquelle nous essayerons de réfléchir à l’urgence actuelle et réelle de la crise de la biodiversité.</p>
<h4 id="jeudi-15-decembre-14h00-16h30" tabindex="-1">Jeudi 15 décembre – 14h00-16h30 </h4>
<p><strong>14h00-14h30 : Guillaume Lecointre</strong> <strong>(chercheur en systématique)</strong></p>
<p><strong>14h30-15h00 : Julien Delord (agronome)</strong></p>
<p><strong>15h00-15h30 : Giuseppe Longo (mathématiques et biologie)</strong></p>
<p><strong>15h30-16h15 : Discussion</strong></p>
<p><strong>16h30-17h00 : Invité d’honneur</strong><br />
<strong>Alain Damasio</strong> (écrivain) en entretien avec Ariel Kyrou et Maël Montévil.</p>
<h4 id="presentations-artistiques-et-pedagogiques-du-programme-nest-projet-archipel-des-vivants" tabindex="-1"><strong>Présentations artistiques et pédagogiques du programme NEST (projet Archipel des vivants)</strong> </h4>
<p>Coordination : Noël Fitzpatrick et Glenn Loughran (TU Dublin)</p>
<h4 id="jeudi-15-decembre-17h00-19h00" tabindex="-1">Jeudi 15 décembre – <strong>17h00-19h00</strong> </h4>
<p><strong>17h00-17h30 : Paolo Vignola</strong> <strong>(philosophe)</strong></p>
<p><strong>17h30-18h00 : Glenn Loughran (artiste et éducateur)</strong></p>
<p><strong>18h00-18h30 : Disnovation (artistes)</strong></p>
<p><strong>18h30-19h00 : Discussion</strong></p>
<h4 id="session-3-reconciliation-du-territoire-au-coeur-des-milieux-vivants" tabindex="-1">Session 3 : <strong>Réconciliation du territoire au cœur des milieux vivants</strong> </h4>
<p>Animée par Vincent Loubière (IRI / <a href="https://eur01.safelinks.protection.outlook.com/?url=http%3A%2F%2Fodyssee.co%2F&data=05%7C01%7CElvira.HOJBERG%40centrepompidou.fr%7C614231ebf9214eddac5d08daa85ee5bb%7C9c28a2e2344842828a84d0cbdd0347ae%7C0%7C0%7C638007422777151971%7CUnknown%7CTWFpbGZsb3d8eyJWIjoiMC4wLjAwMDAiLCJQIjoiV2luMzIiLCJBTiI6Ik1haWwiLCJXVCI6Mn0%3D%7C3000%7C%7C%7C&sdata=vxEuvOX9NpKUKpPiSFekpg0Jirk3E%2BFKaG2He5CUiHE%3D&reserved=0">Odyssee.co</a>)</p>
<p>S’extraire du simplisme moderne et industrialiste pour rassembler les variables et embrasser pleinement la complexité, la subtilité et l’élégance de notre milieu, tel est le défi auquel fait face le aujourd’hui le génie humain. L’approche systémique et bio-compatible apparait désormais comme une révision essentielle de notre logiciel cognitif et analytique, fondement d’un nécessaire Nouveau Génie Urbain pour non plus aménager mais bel et bien <em>emménager</em> des espaces de vie durable au sein même du système terrestre et vivant. Aujourd’hui au seuil d’un basculement du contexte sociotechnique, nous proposons de naviguer à travers les échelles pour saisir ce nouveau paradigme, pour porter le regard critique aux errances du passé, pour observer avec enthousiasme les nouveaux horizons.</p>
<h4 id="vendredi-16-decembre-10h00-12h30" tabindex="-1">Vendredi 16 décembre – 10h00-12h30 </h4>
<p><strong>10h00-10h25 : Christelle Larrieu</strong></p>
<p><strong>(Chargée de mission synthèses environnementales)</strong></p>
<p><strong>10h25-10h50 : Aristide Athanassiadis</strong> <strong>(urbaniste)</strong></p>
<p><strong>10h50-11h15 : Guillaume Faburel</strong> <strong>(géographe)</strong></p>
<p><strong>11h15-11h40 : Anne Asensio</strong> <strong>(désigner)</strong></p>
<p><strong>11h40-12h30 : Discussion</strong></p>
<h4 id="session-4-grammatisation-et-savoirs-modifications-de-notre-rapport-a-l-environnement-et-a-l-alimentation" tabindex="-1">Session 4 : <strong>Grammatisation et savoirs : modifications de notre rapport à l’environnement et à l’alimentation</strong> </h4>
<p>Animée par Vincent Puig (IRI)</p>
<p>La <em>vie technique</em> comme geste d’invention avec les machines chez Simondon repose à la suite de Canguilhem, sur notre capacité à maitriser la normativité des organes vivants et techniques pour pouvoir en prendre soin. Cette condition pharmacologique procède d’une longue histoire des processus de catégorisation et de grammatisation qui fondent les gestes, la parole, les langages, l’écriture et les techniques et par conséquent nos savoirs biologiques, techniques ou sociaux. Dans cette session, inspirée de la pensée (ex-)organologique de Bernard Stiegler, nous examinerons ces processus dans le temps et dans l’espace et comment ils sont aujourd’hui un enjeu pour la capacitation, le développement et la pratique des savoirs liés au vivant, au biologique, et à l’alimentation.</p>
<h4 id="vendredi-16-decembre-14h00-17h00" tabindex="-1">Vendredi 16 décembre – 14h00-17h00 </h4>
<p><strong>14h00-14h30 : Invité d’honneur</strong><br />
<strong>Gilles Clément (paysagiste et écrivain)</strong></p>
<p><strong>14h30-15h00 : Christophe Lavelle (biophysicien)</strong></p>
<p><strong>15h00-15h30 : Jean-Michel Sorba (agronome) et Ghjacumina Aquaviva-Bosseur (anthropologue)</strong></p>
<p><strong>15h30-16h00 : Sarah Czerny (anthropologue)</strong></p>
<p><strong>16h00-16h15 : Laurent Monnet</strong> <strong>(Plaine Commune)</strong></p>
<p><strong>16h15-16h30 : Stéphane Gigandet (Open Food Facts)</strong></p>
<p><strong>16h30-17h00 : Discussion</strong></p>
<h4 id="table-ronde-bifurquer" tabindex="-1">Table ronde : <strong>« Bifurquer »</strong> </h4>
<p>Organisée en collaboration avec l’association des amis de la génération Thunberg</p>
<p>L’appel à « Bifurquer », lancé par des étudiants d’Agro Paris-Tech à leur cérémonie de diplôme, a été suivi par un mouvement plus large d’étudiants et de chercheurs, qui ont appelé à la désertion d’activités absurdes et néfastes pour le vivant. Critiques du greenwashing et du solutionnisme technologique, de nouvelles générations d’ingénieurs et de scientifiques cherchent encore des voies pour faire bifurquer le système techno-économique (c’est-à-dire, industriel), au-delà de leurs seules carrières individuelles. Comment opérer des transformations dynamiques de ce<br />
système, au-delà de la fausse alternative entre désertion et compromission ? Quelle « stratégie des bords » pourrions-nous collectivement envisager, si l’on reprend un concept de Bernard Stiegler : des bords tout à la fois transitionnels, existentiels et inventifs de la macrostructure, capables de la faire bifurquer dans son centre ?</p>
</div>
Qu’appelle-t-on disruption en biologie?2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-enmi-2022-organisation-du-vivant-organologie-des-savoirs-technodiversite-biodiversite-noodiversite-nouveaux-regimes-de-l-habiter-qu-appelle-t-on-disruption-en-biologie/
<img alt="Cover slide from the talk “Qu’appelle-t-on disruption en biologie?”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://enmi-conf.org/wp/enmi22/" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Le terme de disruption est utilisé largement en biologie, mais il a été peu théorisé. Qu'est ce qui distingue les disruptions des perturbations ou du concept très générique de "disturbances" en écologie? Nous défendrons l'idée que les disruptions demandent de comprendre le vivant à la fois dans son historicité et de manière systémique. Au cours du temps, notamment évolutif, le vivant se transforme et fait apparaître des traits singuliers, qui sont fonctionnels grâce à leurs singularités. Ceci constitue ce que nous avons appelé par ailleurs l'anti-entropie. Alors le premier type de disruption est la randomisation de cette singularité, conduisant à une perte de viabilité, qu'il s'agit toutefois de définir avec précision. Il y a cependant un deuxième type de disruption. Si le premier type correspond à la perte du résultat de l'histoire constituant une organisation, le deuxième type correspond à la perte de la capacité à produire des nouveautés fonctionnelles. Dans les deux cas, les disruptions sont un aspect essentiellement qualitatif de l’Anthropocène et de ce qui atteint à la fois la biodiversité et la santé humaine.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2022. “Qu’appelle-t-on Disruption En Biologie?” In <i>ENMI 2022. Organisation Du Vivant, Organologie Des Savoirs Technodiversité, Biodiversité, Noodiversité : Nouveaux Régimes de l’habiter</i>. <a href="https://enmi-conf.org/wp/enmi22/">https://enmi-conf.org/wp/enmi22/</a>
</div>
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<a href="https://media.iri.centrepompidou.fr/video/enmi/2022/enmi22_jour1_session1_2022-12-15.mp4" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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<div class="legibilityWidth wrap0all">
</div>
<h2 id="video">Video</h2>
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<video controls="" class="wrap">
<source src="https://media.iri.centrepompidou.fr/video/enmi/2022/enmi22_jour1_session1_2022-12-15.mp4" type="video/mp4" />
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Entretien2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-enmi-2022-organisation-du-vivant-organologie-des-savoirs-technodiversite-biodiversite-noodiversite-nouveaux-regimes-de-l-habiter-entretien/
<img alt="Cover slide from the talk “Entretien”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://enmi-conf.org/wp/enmi22/" class=" page__illustration2 u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Damasio, Alain, Ariel Kyrou, and Maël Montévil. 2022. “Entretien.” In <i>ENMI 2022. Organisation Du Vivant, Organologie Des Savoirs Technodiversité, Biodiversité, Noodiversité : Nouveaux Régimes de l’habiter</i>. <a href="https://enmi-conf.org/wp/enmi22/">https://enmi-conf.org/wp/enmi22/</a>
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<a href="https://media.iri.centrepompidou.fr/video/enmi/2022/enmi22_jour1_table_ronde_2022-12-15.mp4" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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Technologie et vivant : disruption et normativité2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-l-humain-qui-vient-technologie-et-vivant-disruption-et-normativite/
<img alt="Cover slide from the talk “Technologie et vivant : disruption et normativité”" src="https://montevil.org/assets/talks/unesco.png" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Les biologistes décrivent actuellement une multitude de disruptions ayant lieu à tous les niveaux d’organisation du vivant, humains et non-humains. Ces disruptions proviennent principalement des technologies, qu’il s’agisse de la machine thermique issue de la première révolution industrielle, et du changement climatique subséquent, de la chimie avec notamment les perturbateurs endocriniens qui en sont issus, ou du numérique avec l’immixtion des écrans dans la relation parents-jeunes enfants (dans le cas des humains). Les infidélités du milieu ne sont pas étrangères au vivant comme le soulignait Canguilhem, mais la spécificité de ces disruption est leur rythme qui excède les capacité normative du vivant, humain et non-humain, conduisant à une contrepartie biologique de ce que Stiegler appelait la disruption comme régime actuel des sociétés humaines.<br /> Nous insisterons sur les conséquences de ces disruptions concernant le développement humain, biologique et psychique, et nous indiquerons des réponses possibles face à ces disruptions.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2022. “Technologie et Vivant : Disruption et Normativité.” In <i>L’humain Qui Vient</i>. <a href="https://www.lefresnoy.net/fr/evenement/colloque-lhumain-qui-vient-unesco">https://www.lefresnoy.net/fr/evenement/colloque-lhumain-qui-vient-unesco</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/Colloque_UNESCO_Le_Fresnoy_Programme_16_17_18_nov_2022_04_11_22.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=TeQNqrdsJBM&amp;t=12031s" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=TeQNqrdsJBM&amp;t=12031s">https://www.youtube.com/watch?v=TeQNqrdsJBM&amp;t=12031s</a></p>
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Séminaire sur le vivant 2022-20232024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022--seminaire-sur-le-vivant-2022-2023/
<img alt="Cover slide from the talk “Séminaire sur le vivant 2022-2023”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://republique-des-savoirs.fr/events/event/seminaire-cavailles-2022-2023/" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Perpétuant les orientations impulsées par Jean-Jacques Kupiec lors de sa création, le séminaire Cavaillès se donne pour objet l'histoire et la philosophie des sciences du vivant. Une fois par mois un acteur des sciences expérimentales ou humaines est invité à y présenter ses travaux et réflexions. Le séminaire se veut ouvert à toutes et à tous, avec l'objectif de croiser les regards, partager les connaissances et favoriser les échanges sur un large spectre de thématiques et de questions. Il entend être le témoin de la vitalité, l'actualité et la fertilité des recherches en épistémologie historique des sciences biomédicales, ainsi que de leur incidence sur les débats scientifiques contemporains.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Heams, Thomas, Maël Montévil, and Caroline Petit. 2022. <i>Séminaire Sur Le Vivant 2022-2023</i>. <a href="https://republique-des-savoirs.fr/events/event/seminaire-cavailles-2022-2023/">https://republique-des-savoirs.fr/events/event/seminaire-cavailles-2022-2023/</a>
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<p><strong>Mercredis, 14h-16h</strong></p>
<p><strong>Adresse :</strong><br />
ENS -- rue D'Ulm -- Paris Ve</p>
<p><strong>organisé par</strong><br />
<a href="http://www2.agroparistech.fr/Presentation,1371.html">Thomas Heams</a> (AgroParisTech),<br />
<a href="https://republique-des-savoirs.fr/membres/mael-montevil/">Maël Montévil</a> (CNRS/CNRS/Centre Cavaillès) et<br />
<a href="https://republique-des-savoirs.fr/membres/caroline-petit/">Caroline Petit</a> (CNRS/RDS/Centre Cavaillès)<br />
<strong>Présentation :</strong><br />
Perpétuant les orientations impulsées par Jean-Jacques Kupiec lors de sa création, le séminaire Cavaillès se donne pour objet l'histoire et la philosophie des sciences du vivant. Une fois par mois un acteur des sciences expérimentales ou humaines est invité à y présenter ses travaux et réflexions. Le séminaire se veut ouvert à toutes et à tous, avec l'objectif de croiser les regards, partager les connaissances et favoriser les échanges sur un large spectre de thématiques et de questions. Il entend être le témoin de la vitalité, l'actualité et la fertilité des recherches en épistémologie historique des sciences biomédicales, ainsi que de leur incidence sur les débats scientifiques contemporains.</p>
<p><strong>Programme :</strong></p>
<h3 id="18-janvier-2023-annemiek-jm-cornelissen" tabindex="-1">18 janvier 2023, Annemiek JM Cornelissen </h3>
<p>14h-16h, salle Camille MARBO (U205) -- 29, rue d'Ulm (2ème étage)<br />
<a href="http://www.msc.univ-paris-diderot.fr/spip.php?rubrique130">Annemiek JM Cornelissen</a>, MSC, Université Paris Diderot, CNRS<br />
<a href="https://centuri-livingsystems.org/s-song/">Solene Song</a>, Aix Marseille Univ, Université de Toulon, CNRS, LIS & Turing Centre for Living Systems, Marseille, France<br />
<em>« Morphogenesis of gastrovascular canal network in Aurelia jellyfish, an example on evolution and mechanics of looping network morphogenesis. »</em>\</p>
<h3 id="15-mars-2023-shaj-mohan" tabindex="-1">15 mars 2023, Shaj Mohan </h3>
<p>14h-16h, salle Camille MARBO (U205) -- 29, rue d'Ulm (2ème étage)<br />
<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Shaj_Mohan">Shaj Mohan</a>, philosophe<br />
<em>Principles of Life</em><br />
Abstract: In this presentation, the philosopher Shaj Mohan takes a step back from biology and discusses the principles of life by raising questions of logic and identity. This leads him to question both the logic of evolution and the relation between the living and the non living.</p>
<h3 id="19-avril-2023-marie-laure-bossiere" tabindex="-1">19 avril 2023, Marie-Laure Bossière </h3>
<p>14h-16h, salle Camille MARBO (U205) -- 29, rue d'Ulm (2ème étage)<br />
Marie-Laure Bossière, pédopsychiatre<br />
<em>Le bébé au temps du numérique</em><br />
<a href="https://republique-des-savoirs.fr/wp-content/uploads/2023/04/2023-04-19-lien.pdf">Zoom</a></p>
<h3 id="21-juin-2023-thierry-hoquet" tabindex="-1">21 juin 2023, Thierry Hoquet </h3>
<p>14h-16h, Amphitéâtre Evariste Galois -- 45, rue d'Ulm (étage -1)<br />
<a href="https://ireph.parisnanterre.fr/les-membres/membres-titulaires/thierry-hoquet">Thierry Hoquet</a>, directeur du Laboratoire IREPH- Institut de Recherches Philosophiques, Université Paris Nanterre<br />
<em>Le Nouvel esprit biologique</em><br />
Résumé : Quelles mutations conceptuelles travaillent la biologie contemporaine, relativement aux trois grandes questions d' « origine » : comment se fabriquent la vie (Biogenèse), les organismes (Ontogenèse) et les espèces (Phylogenèse)? Les deux grands « super-cadres » théoriques qui les prennent en charge : Biologie moléculaire et Théorie Synthétique de l'Évolution--- sont aujourd'hui accusés de différents vices, en particulier de réductionnisme. Contre cela, beaucoup défendent un retour au « holisme », avançant un mode de pensée processuel qui donne le primat au dynamique sur le statique. Deux événements paraissent avoir joué un rôle déterminant : d'une part, le Projet Génome Humain qui portait les espoirs des généticiens a paru davantage être non pas un couronnement mais le commencement de nouvelles recherches ; d'autre part, la microbiologie a révélé tout un monde inconnu, fait d'Archées et de Bactéries, qui met en avant le rôle des symbioses et interroge un grand nombre de nos concepts : arbre du vivant, espèce, organisme. La biologie a-t-elle besoin d'un aggiornamento conceptuel, voire d'une véritable révolution théorique et méthodologique ?</p>
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Towards a theory of organisms State and directions2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-intersecting-paths-across-mathematics-biology-and-epistemology-a-colloquium-in-honor-of-giuseppe-longo-and-ana-soto-towards-a-theory-of-organisms-state-and-directions/
<img alt="Cover slide from the talk “Towards a theory of organisms State and directions”" src="https://montevil.org/assets/talks/longo-soto.png" class=" page__illustration2 u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2022. “Towards a Theory of Organisms State and Directions.” In <i>Intersecting Paths across Mathematics, Biology, and Epistemology: A Colloquium in Honor of Giuseppe Longo and Ana Soto</i>. <a href="https://republique-des-savoirs.fr/events/event/from-foundations-of-mathematics-to-the-epistemology-of-new-interfaces-a-colloquium-in-honor-of-ana-soto-and-giuseppe-longo/">https://republique-des-savoirs.fr/events/event/from-foundations-of-mathematics-to-the-epistemology-of-new-interfaces-a-colloquium-in-honor-of-ana-soto-and-giuseppe-longo/</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/Colloquium-Longo-Soto.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
<a href="https://youtu.be/laiXb0REVcs" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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Vers une nouvelle révolution industrielle ? L’entropie et ses enjeux2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-entretien-autour-de-bifurquer-vers-une-nouvelle-revolution-industrielle-l-entropie-et-ses-enjeux/
<img alt="Cover slide from the talk “Vers une nouvelle révolution industrielle ? L’entropie et ses enjeux”" src="https://montevil.org/assets/talks/entretien-bif-2.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Podcast et retranscription de l’entretien autour du 1er chapitre du livre "Bifurquer", sur les enjeux scientifiques, technologiques et politiques de la notion d'entropie. La discussion a eu lieu entre Bernard Stiegler, Maël Montévil, Marie Chollat-Namy et Victor Chaix, le 1er juillet 2020 - notre dernière rencontre avec le philosophe et fondateur de l'association.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Stiegler, Bernard, Maël Montévil, Marie Chollat-Namy, and Victor Chaix. 2022. “Vers Une Nouvelle Révolution Industrielle ? L’entropie et Ses Enjeux.” In <i>Entretien Autour de Bifurquer</i>. <a href="https://blogs.mediapart.fr/les-amis-de-la-generation-thunberg/blog/170922/vers-une-nouvelle-revolution-industrielle-l-entropie-et-ses-enjeux">https://blogs.mediapart.fr/les-amis-de-la-generation-thunberg/blog/170922/vers-une-nouvelle-revolution-industrielle-l-entropie-et-ses-enjeux</a>
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<a href="https://w.soundcloud.com/player/?url=https://api.soundcloud.com/tracks/1346220814" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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La disruption du vivant dans l’Anthropocène2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-frccs-french-regional-conference-on-complex-systems-2022-la-disruption-du-vivant-dans-l-anthropocene/
<img alt="Cover slide from the talk “La disruption du vivant dans l’Anthropocène”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://iscpif.fr/frccs2022/" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Les biologistes évoquent souvent la disruption des organisations biologiques ou des écosystèmes. Il s'agit par exemple de la disruption des relations écosystémiques par le changement climatique ou des perturbateurs endocriniens, endocrine disruptors en anglais. La notion de disruption correspond-elle a un phénomène original ? Elle devrait être alors distincte du concept de perturbation tel que développé en physique et utilisé pour analyser toute sorte de système. Nous montrerons comment cette question de la disruption en biologie soulève et demande de traiter des questions fondamentales en biologie théorique et discuterons plusieurs cas.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2022. “La Disruption Du Vivant Dans l’Anthropocène.” In <i>FRCCS French Regional Conference on Complex Systems 2022</i>. <a href="https://iscpif.fr/frccs2022/">https://iscpif.fr/frccs2022/</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/Programme%20FRCCS%202022.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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Organologie et biologie2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-de-la-philosophie-a-l-organologie-et-au-dela-penser-le-devenir-des-savoirs-dans-l-exosomatisation-numerique-organologie-et-biologie/
<img alt="Cover slide from the talk “Organologie et biologie”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://ireph.parisnanterre.fr/actualites/%C2%AB-de-la-philosophie-a-lorganologie-et-au-dela%C2%A0-penser-le-devenir-des-savoirs-dans-lexosomatisation-numerique-%C2%BB" class=" page__illustration2 u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2022. “Organologie et Biologie.” In <i>De La Philosophie à l’organologie, et Au-Delà ? Penser Le Devenir Des Savoirs Dans l’exosomatisation Numérique</i>. <a href="https://ireph.parisnanterre.fr/actualites/%C2%AB-de-la-philosophie-a-lorganologie-et-au-dela%C2%A0-penser-le-devenir-des-savoirs-dans-lexosomatisation-numerique-%C2%BB">https://ireph.parisnanterre.fr/actualites/%C2%AB-de-la-philosophie-a-lorganologie-et-au-dela%C2%A0-penser-le-devenir-des-savoirs-dans-lexosomatisation-numerique-%C2%BB</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/programme%20colloque%20organologie.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=Qav87V3wk1I" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=Qav87V3wk1I">https://www.youtube.com/watch?v=Qav87V3wk1I</a></p>
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The other beginning of philosophy2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022--the-other-beginning-of-philosophy/
<img alt="Cover slide from the talk “The other beginning of philosophy”" src="https://montevil.org/assets/talks/roma-2022.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Nel luglio 2021 sulla rivista Philosophy World Democracy, Jean-Luc Nancy ha lanciato un dibattito sulla filosofia, riprendendo la domanda di Heidegger sulla fine della filosofia e sul compito del pensiero, concludendo con queste parole: <br /> “(…) resisteremo all’insostenibile? O continueremo ad accontentarci della nostra scarsa autonomia filosofica? Oppure, perché no, farla finita con la filosofgia, dopo aver fornito la prova (che nessuno ha chiesto) di una superba, maestosa e abbondante inanità?” <br /> L’Istituto Psicoanalitico per le Ricerche Sociali (IPRS), l’IREP e l’Istituto Elvio Fachinelli (ISAP) propongono un dialogo sul compito della filosofia oggi, con ospiti internazionali:
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Dwivedi, Divya, Shaj Mohan, Maël Montévil, and Benedetta Todaro. 2022. <i>The Other Beginning of Philosophy</i>. <a href="https://www.iprs.it/evento/the-other-beginning-of-philosophy-cenferenza/">https://www.iprs.it/evento/the-other-beginning-of-philosophy-cenferenza/</a>
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Écrans, parents, enfants, comment co-habiter?2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022--ecrans-parents-enfants-comment-co-habiter/
<img alt="Cover slide from the talk “Écrans, parents, enfants, comment co-habiter?”" src="https://montevil.org/assets/talks/marseille.png" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Partager autour de nos initiatives et de nos expériences de terrain. Journée animée par des membres de la Clinique Contributive de l’IRI (institut de recherche et d’innovation)
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2022. <i>Écrans, Parents, Enfants, Comment Co-Habiter?</i>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/Programme%20seminaire%20ecran%20Marseille.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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Pensée théorique et sens des limites en science2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-parcours-scientifiques-pensee-theorique-et-sens-des-limites-en-science/
<img alt="Cover slide from the talk “Pensée théorique et sens des limites en science”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://frequenceprotestante.com/events/pensee-theorique-et-sens-des-limites-en-science/" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Nous recevons Maël Montévil, chercheur CNRS à l’ÉNS de Paris (République des Savoirs). La science demande une pensé théorique : celle-ci propose un regard sur la nature, oblige à en expliciter les principes, guide l’expérience, pose des limites à la connaissance et à l’action. Elle permet une éthique de la connaissance, c’est-à-dire “savoir faire un pas de côté” par rapport à ses propres conceptions et formuler une pensée critique, pour en comprendre les limites, et souvent ouvrir ainsi de nouvelles questions. Nous comparerons les situations en physique et biologie pour cerner ce qui est science par rapport à une technoscience négligeant la connaissance et déformant l’action sur le vivant. Nous réfléchirons de manière critique sur le rôle des données, leur interprétation et modélisation computationnelles, sur les mythes du génocentrisme en biologie qui rendent difficile de penser l’organisme en contexte. Nous esquisserons des parcours différents en train de se construire.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Longo, Giuseppe, and Maël Montévil. 2022. “Pensée Théorique et Sens Des Limites En Science.” In <i>Parcours Scientifiques</i>. <a href="https://frequenceprotestante.com/events/pensee-theorique-et-sens-des-limites-en-science/">https://frequenceprotestante.com/events/pensee-theorique-et-sens-des-limites-en-science/</a>
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<a href="https://audio.audiomeans.fr/file/ibmlCTiMLk/bcddb2e7-a7b5-416f-9248-4d5d856b75dd.mp3" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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</div>
Life, Lust, Philosophy2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022--life-lust-philosophy/
<img alt="Cover slide from the talk “Life, Lust, Philosophy”" src="https://montevil.org/assets/talks/benvenuto-sergio.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
In July 2021, Jean-Luc Nancy, Divya Dwivedi and Shaj Mohan began a debate by taking up the themes of Heidegger on the end of philosophy and the other beginning of philosophy. If philosophy is not able to go beyond the determination of Heidegger as metaphysics, it will not survive long, even as inanity. In this debate, currently published in Philosophy World Democracy, Divya Dwivedi insists on the idea that philosophy encounters a stasis through its acceptance of the versions of Heidegger's "ontico-ontological difference", behind which hides the "Oriental-Occidental ". This stasis also stems from what Bernard Stiegler called for disruption, in which the responses of society, and in particular philosophy and criticism, are still late on technological changes. Maël Montévil argues that the analysis of this stasis must address the nature of the separation of philosophy and science for what he calls “bastard materialism”. To go beyond this stasis, literally, for the Ana-stasis of philosophy, Shaj Mohan proposes that we should be in the zone of "the obscure experience" while we explore new logic and Faculties. For this task Mohan asks us to discard classical laws of thought. Sergio Benevenuto published the text “The Eternal Ends of Philosophy” as a réponse to the debate and in it he questions the primacy of “philia” in philosophy. Instead, for another beginning he proposes “Eros” or “Lust” as a the passion.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Benvenuto, Sergio, Divya Dwivedi, Shaj Mohan, and Maël Montévil. 2022. <i>Life, Lust, Philosophy</i>. <a href="https://republique-des-savoirs.fr/events/event/conference-life-lust-philosophy/">https://republique-des-savoirs.fr/events/event/conference-life-lust-philosophy/</a>
</div>
</div>
<p> </p>
<div class="legibilityWidth wrap0all">
</div>
Jean-Luc Nancy : Anastasis de la pensée2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022--jean-luc-nancy-anastasis-de-la-pensee/
<img alt="Cover slide from the talk “Jean-Luc Nancy : Anastasis de la pensée”" src="https://montevil.org/assets/talks/Jean-Luc%20Nancy.webp" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Nancy a toujours été proche des préoccupations majeures de la philosophie – temps, être, espace, négativité, forme, image. Se souvenir de lui, c’est recommencer d’une manière plurielle avec lui pour assurer sa levée plus que sa relève dans l’avenir de la pensée.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Dwivedi, Divya, Jérôme Lèbre, Shaj Mohan, Maël Montévil, and François Warin. 2022. <i>Jean-Luc Nancy : Anastasis de La Pensée</i>. <a href="https://www.philosophy-world-democracy.org/events">https://www.philosophy-world-democracy.org/events</a>
</div>
</div>
<p> </p>
<div class="legibilityWidth wrap0all">
<h2 id="jean-luc-nancy-anastasis-de-la-penseejean-luc-nancy-anastasis-of-thinking" tabindex="-1">Jean-Luc Nancy : Anastasis de la pensée<br />
Jean-Luc Nancy: Anastasis of Thinking </h2>
<h3 id="organisateurs-organisers" tabindex="-1">Organisateurs / Organisers </h3>
<p>Divya Dwivedi, Jérôme Lèbre, Shaj Mohan, Maël Montévil et François Warin</p>
<h3 id="dates-et-lieux-time-and-location" tabindex="-1">Dates et lieux / Time & Location </h3>
<h4 id="22-janvier-2022" tabindex="-1">22 janvier 2022 </h4>
<p>11h30- 18h <img src="https://montevil.org/assets/talks/Pompidou.jpeg" alt="Amphithéâtre Evariste Galois" class="onethird right" /></p>
<p>Petite salle, <br />
Centre Pompidou, <br />
75004 Paris</p>
<p>aucune inscription requise / no registration required</p>
<h4 id="23-janvier-2022" tabindex="-1">23 janvier 2022 </h4>
<p>10h-18h30 <img src="https://montevil.org/assets/talks/Galois.jpeg" alt="Amphithéâtre Evariste Galois" class="onethird right" /></p>
<p>Amphithéâtre Evariste Galois,<br />
École Normale Supérieure, <br />
45 rue d'Ulm, 75005 Paris</p>
<p>s'enregistrer par email / register by email<br />
<a href="mailto:mael.montevil@ens.psl.eu">mael.montevil@ens.psl.eu</a></p>
<h4 id="24-janvier-2022" tabindex="-1">24 janvier 2022 </h4>
<p>10h- 18h30</p>
<p>ONLINE Par ZOOM</p>
<p>et pour suivre les autres jours à distance</p>
<p><a href="https://www.philosophy-world-democracy.org/events-registration">S'enregistrer / Register</a></p>
<h3 id="presentation-concept-note" tabindex="-1">Présentation / Concept note </h3>
<p><strong>Jean-Luc Nancy : Anastasis de la pensée</strong></p>
<p><em>… ne touchant pas ce corps, touchant à son éternité – Jean-Luc Nancy (Noli me tangere)</em></p>
<p>Après la mort de Jean-Luc Nancy, son œuvre singulière permet de maintenir le contact avec lui. Nancy a toujours été proche des préoccupations majeures de la philosophie – temps, être, espace, négativité, forme, image. Ayant choisi de rester à Strasbourg, il a joué un grand rôle dans cette ville et décentré ainsi l’inventivité que l’on risquait d’attribuer à la seule capitale. Il a visité le sens des textes de Descartes, Kant, des romantiques allemands, de Hegel, Husserl et Heidegger, ainsi que de ses contemporains – Derrida, Lyotard, Lacan, Deleuze. Considérant qu’une histoire particulière de la philosophie avait pris fin, il a montré que celle-ci peut se lever à nouveau, touchant à son éternité ; il a invité à la recommencer de manière multiple, métaphysique, politique, littéraire, esthétique… Cette levée ou anastasis “ne provient pas de soi” mais “vient de l’autre, ou bien elle relève de l’autre en lui” (Noli me tangere). Ainsi il entretenait des amitiés et créait des événements pour que s'ouvrît encore et toujours la possibilité de cette arrivée de l’autre.</p>
<p>Se souvenir de lui, c’est donc recommencer d’une manière plurielle avec lui pour assurer sa levée plus que sa relève dans l’avenir de la pensée. Pour initier cette tâche nous organisons trois journées dans l’horizon de cette anastase, composées de conférences, films, interventions musicales et en images, lectures de textes de Nancy, tous engageant une réflexion sur les thèmes multiples de sa pensée : le corps, le toucher, le monde, le sens, la communauté, la démocratie, la valeur, les arts , la religion, la technique, la mort, le temps…</p>
<hr />
<p><strong>Jean-Luc Nancy : Anastasis of Thinking</strong></p>
<p><em>… not touching this body, to touch on its eternity - Jean-Luc Nancy (Noli me tangere)</em></p>
<p>The philosophical corpus of Jean-Luc Nancy is now the contact between us and him. Nancy has given us a singular-plural of body of works in the history of philosophy. Nancy was never distant from the central concerns of philosophy—time, being, spanne, the negative, form, categories—and from philosophy itself even when it was in fashion to be non-philosophers. While being at a remove from the centre of the inventive era of philosophy in Paris by withdrawing into the distant of Strasbourg, Nancy was revealed to be the very heart of that era. He drew out the sense of the philosophical corpus of Descartes, Kant, the German Romantics, Hegel, Husserl, and Heidegger, and also that of his contemporaries — Derrida, Lyotard, Lacan, Deleuze. His thought explored and released the spores of other beginnings which were metaphysical, political, literary, and aesthetic. He nurtured friendships and created events which kept open the possibility of the arrival of the other in the philosophical tradition for a chance of anastasis.</p>
<p>Nancy’s corpus opens on to another beginning of philosophy through the examination of the constructions of its identity and history, towards the revealing of the sense of the “end” of a particular history of philosophy. Nancy shows philosophy to be that which exists necessarily through its conductance of eternity. To remember him is to begin with him again, so that he may arise in the future of thinking, so that we may think together towards the anastasis of philosophy — “Anastasis comes to the self from the other or arises from the other within the self” (Noli me tangere, 19). To begin this task we will hold three days of celebration of Jean-Luc Nancy with the reading of texts by his friends, films about him, musical performances, and discussions exploring the themes which concerned Nancy throughout his life —body, touch, world, sense, community, democracy, value, poetry, cinema, the arts, religion, technology, death, time.</p>
<hr />
<h3 id="horaires-schedule" tabindex="-1">Horaires / Schedule </h3>
<h4 id="samedi-22-janvier-saturday-22-january" tabindex="-1">Samedi 22 janvier/ Saturday 22 January </h4>
<p><strong>Centre Pompidou, Place Georges-Pompidou, 75004 Paris,</strong><br />
dans le cadre du Festival Hors Pistes : “L’âge des images”</p>
<p>11h30 : Jérôme Lèbre, Part’âges<br />
11h45 : Divya Dwivedi, Le commencement de Jean-Luc Nancy<br />
12h00 : Shaj Mohan, Deconstruction and Anastasis<br />
12h15 : Danielle Cohen-Levinas, Être partout où est la vie. Mourir infiniment<br />
12h30 : Discussion<br />
12h45 : Pause<br />
13h30 : Jean-Christophe Bailly, La surprise recommencée du sens<br />
13h45 : Clemens-Carl Härle, L'immémorial. Nancy et le portrait<br />
14h00 : Avital Ronell, Addiction – Adoration<br />
14h15 : Discussion<br />
14h30 : Pause<br />
14h45 : Simone Fluhr, L’homme, ce vieil animal malade (film)<br />
16h15 : Pause <br />
16h30 : André Bernold, Hélène Nancy, Avec Sans Avec (montage de textes avec Augustin Nancy et la participation exceptionnelle de Dominique Reymond)<br />
17h30 : Pause<br />
17h40 : Rodolphe Burger et Pierre Alferi, Meaningless (performance musicale)</p>
<hr />
<h4 id="dimanche-23-janvier-sunday-23-january" tabindex="-1">Dimanche 23 janvier / Sunday 23 January </h4>
<p><strong>Amphithéâtre Evariste Galois, ENS, 45 rue d'Ulm, Paris</strong></p>
<p>10h : Claire Denis, Vers Nancy (film)<br />
10h15 : François Warin, Jean-Luc Nancy, La grande santé (texte lu par Hélène Nancy)<br />
10h30 : Première session</p>
<ul>
<li>Marcia Cavalcante Schuback, Exister : transitivement</li>
<li>Maël Montévil, Biologie et étrangeté du corps</li>
<li>Philippe Choulet, Inclus Spinoza en toi (discours de réception de Spinoza pour Jean-Luc Nancy à l'Académie des Philosophes)</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<p>11h30 : Pause<br />
11h45 : Deuxième session</p>
<ul>
<li>Sergio Benvenuto, Parler à Jean-Luc Nancy</li>
<li>Etienne Balibar, Quelle « sortie » de la religion (par la religion) ?</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<p>12h45 : Pause – Repas<br />
14h : Phillip Warnell, Outlandish : étranges corps étrangers (film)<br />
14h30 : Troisième session</p>
<ul>
<li>Daniela Calabro, La peau du monde – finitude et existence</li>
<li>Pierre-Philippe Jandin, La lumière crépusculaire</li>
<li>Gérard Bensussan, L’expérience de la liberté</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<p>15h30 : Pause<br />
15h45 : Suzanne Doppelt, Still Life (texte et images)<br />
16h : Quatrième session</p>
<ul>
<li>Benedetta Todaro, Être borderline : lorsque le trauma n'a pas fait trame</li>
<li>Laurence Joseph, L’appel de l’intime</li>
<li>Jacob Rogozinski, Face à l’im-monde.</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<p>17h : Pause<br />
17h15 : Philippe Poirier, L’expérience intérieure (film)</p>
<hr />
<h4 id="lundi-24-janvier-monday-24-january" tabindex="-1">Lundi 24 janvier / Monday 24 January </h4>
<p><strong>En ligne / Online - Zoom</strong></p>
<p>10h : Première session</p>
<ul>
<li>Osamu Nishitani, matin, La vie philosophique de Jean-Luc Nancy au-delà de la métaphysique occidentale</li>
<li>Ryosuke Kakinami (Japan), Re-commencement, reprise -- de la pensée</li>
<li>Takashi Ichikawa (Japan), La foi et la démocratie</li>
<li>Marguerite la Caze, (Queensland, Australia) Jean-Luc Nancy and D’ailleurs, Derrida</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<p>11h15 : Pause<br />
11h30 : Deuxième session</p>
<ul>
<li>Federico Ferrari, Les idolâtres</li>
<li>Tomas Maia (Portugal): Incroyable présence</li>
<li>Boyan Manchev (Bulgarie), L'insurrection de la pensée, Jean-Luc Nancy</li>
<li>Satoshi Ukai, Trois questions que j'ai posées un jour à Jean-Luc Nancy</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<p>12h45 : Pause <br />
13h30 : Troisième session</p>
<ul>
<li>Benoît Goetz (France), Un maître particulièrement amical</li>
<li>David Zerbib (EU), Jean-Luc Nancy et la déclosion de l'Esthétique</li>
<li>Safaa Fathy (France), Noli me tangere - L’expérience de la liberté</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<p>14h30 : Pause<br />
14h45 : Quatrième session</p>
<ul>
<li>Mathilde Girard (France) TBA</li>
<li>Zeynep Direk (Turkey) Jean-Luc Nancy and the End of Philosophy</li>
<li>Camille Fallen (France), Jean-Luc Nancy, Porté(e)s de la pensée</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<p>15h45 : Pause<br />
16h45 : Cinquième session</p>
<ul>
<li>Alexander García Düttmann (Germany) et Juan Manuel Garrido (Chili), “De quel côté ça tombe” ; leçon de Jean-Luc Nancy</li>
<li>Aïcha Liviana Messina (Chili), La maladie du monde</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<p>17h45 : Pause<br />
18h : Sixième session</p>
<ul>
<li>Maria de Rosario Acosta (Colombia), The unstoppable murmur of being together</li>
<li>Andrea Potesta (Chili), Une voix dans le desert</li>
<li>Frédéric Neyrat (US), La nécessité d'infinir : le "Que faire ?" de Jean-Luc Nancy</li>
<li>Discussion</li>
</ul>
<hr />
<p><a href="https://www.philosophy-world-democracy.org/events-registration">S'enregistrer / Register</a></p>
</div>
Biologie et étrangeté du corps2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-jean-luc-nancy-anastasis-de-la-pensee-biologie-et-etrangete-du-corps/
<img alt="Cover slide from the talk “Biologie et étrangeté du corps”" src="https://montevil.org/assets/talks/Jean-Luc%20Nancy.webp" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Nancy a toujours été proche des préoccupations majeures de la philosophie – temps, être, espace, négativité, forme, image. Se souvenir de lui, c’est recommencer d’une manière plurielle avec lui pour assurer sa levée plus que sa relève dans l’avenir de la pensée.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2022. “Biologie et Étrangeté Du Corps.” In <i>Jean-Luc Nancy : Anastasis de La Pensée</i>. <a href="https://www.philosophy-world-democracy.org/events">https://www.philosophy-world-democracy.org/events</a>
</div>
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<p> </p>
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La technologie au prisme de la biologie théorique2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022-3s-seminar-sustainability-of-socio-technical-systems-4th-edition-la-technologie-au-prisme-de-la-biologie-theorique/
<img alt="Cover slide from the talk “La technologie au prisme de la biologie théorique”" src="https://montevil.org/assets/talks/seminar-3S.jpg" class=" page__illustration2 u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2022. “La Technologie Au Prisme de La Biologie Théorique.” In <i>3S Seminar: Sustainability of Socio-Technical Systems, 4th Edition</i>. <a href="https://recherche.utt.fr/interdisciplinary-research-on-society-technology-environment-interactions-insyte/seminar-3s">https://recherche.utt.fr/interdisciplinary-research-on-society-technology-environment-interactions-insyte/seminar-3s</a>
</div>
</div>
<p> </p>
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Séminaire 2021-2022 : Vie - Numérique - Santé2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2022--seminaire-2021-2022-vie-numerique-sante/
<img alt="Cover slide from the talk “Séminaire 2021-2022 : Vie - Numérique - Santé”" src="https://montevil.org/assets/talks/iea-nantes.png" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
En biologie comme en médecine, le numérique joue depuis longtemps et de façon croissante le rôle d’outil technique, de la preuve statistique aux bases de données massives et à la publication. Comment s'articulent la connaissance du vivant, la pratique du soin et ces nouvelles technologies?
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël, Giuseppe Longo, and Marie Chollat-Namy. 2022. <i>Séminaire 2021-2022 : Vie - Numérique - Santé</i>. <a href="https://www.iea-nantes.fr/fr/vie-numerique-sante-2021-2022/">https://www.iea-nantes.fr/fr/vie-numerique-sante-2021-2022/</a>
</div>
</div>
<p> </p>
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<h2 id="argumentaire" tabindex="-1">Argumentaire </h2>
<p>En biologie comme en médecine, le numérique joue depuis longtemps et de façon croissante le rôle d’outil technique, de la preuve statistique aux bases de données massives et à la publication. Mais elle joue aussi le rôle de modèle mathématique, voire de cadre conceptuel pour une approche théorique et pour une justification de l’action. Du mythe du programme génétique, de l’ADN comme codage complet de l’information biologique, on est passé aux grandes promesses de la médecine de précision, basée sur des corrélations détectées dans des grandes bases de données, à l’individuation des soins (‘‘médecine personnalisée’’) basée sur les données génétiques.</p>
<p>Des parcours scientifiques alternatifs ont eu des difficultés à se frayer un chemin dans le passé et se trouvent encore aujourd’hui marginalisés. L’épigénétique, même restreinte à l’analyse moléculaire du protéome cellulaire, ne retrouve que depuis peu une place en biologie de l’organisme. Une vision unitaire de ce dernier n’est pas encore théorisée de façon satisfaisante et elle est rarement au cœur des projets de recherche, surtout des plus importants, concentrant les moyens autour de projets essentiellement technologiques. On voit alors des difficultés à penser théoriquement le regard global du clinicien sur le malade, du biologiste sur l’organisme et sur son écosystème. Quel rôle le numérique a-t-il eu et continue-t-il à avoir dans l’essor des nouvelles technologies en biologie et en médecine, quel apport constructif et quels biais a-t-il produit suite à ces applications ?</p>
<p>On essayera d’analyser le parcours historique qui a conduit à une nouvelle alliance entre une vision, propre au numérique, de la ‘‘détermination’’ scientifique, qui structure la causalité, et une hégémonie culturelle des outils numériques, qui organisent le social. Un dialogue entre scientifiques et humanistes est au cœur de notre projet. Nous pensons en effet que l’épistémologie des mathématiques et de la physique ont joué un rôle important dans la construction des savoirs du vivant au cours du XXe siècle et que leur impact sur l’humain a été subordonné à des formes de ‘‘gouvernance’’de l’homme et de la nature qui ont façonné la recherche dans toutes les sciences. Il s’agira de comprendre l’articulation de cet impact dans ces dernières années, quand les Big Data et, par conséquent, la « personalized medicine », ont accru le rôle de la collecte des données à partir des tous le « -omics » (genomics, proteomics, metabolomics ...), molécule par molécule. Le but de ces recherches est alors de replacer l’organisme, l’humain et le social, vus dans leur rapport à l’écosystème, au centre des préoccupations dans les sciences du vivant.</p>
<p>Nous pensons que, par le biais d’une réflexion générale, ce séminaire pourra aussi toucher certains des questions d’actualité comme les transformations des systèmes de santé que la pandémie de Covid 19 a contribué à mettre en lumière. Pourraient notamment être abordées :</p>
<ul>
<li>les impasses de la gouvernance de la santé par les nombres (notamment celles du New Public Management du secteur hospitalier) ;</li>
<li>la montée en puissance des outils informatiques dans la prévention et le traitement des maladies ;</li>
<li>le conflit entre les logiques entre l’accès universel au soins et l’assimilation des biens médicaux à des services marchands ;</li>
<li>le lien entre la globalisation économique et la montée en puissance de nouveaux risques sanitaires ;</li>
<li>la diversité des systèmes d’assurance maladie ;</li>
<li>la solidarité internationale dans le domaine sanitaire.</li>
</ul>
<h2 id="yaovi-akakpo-jeudi-9-decembre-2021-a-partir-de-14h30" tabindex="-1">Yaovi Akakpo - Jeudi, 9 décembre 2021 à partir de 14h30 </h2>
<p>Professeur, University of Lomé, Fellow IEA 2017-2018</p>
<h3 id="resilience-de-la-medecine-de-tradition-africaine" tabindex="-1">Résilience de la médecine de tradition africaine </h3>
<h4 id="transformation-des-connaissances-procedures-medicales-et-paradigme-d-une-medecine-naturelle" tabindex="-1">Transformation des connaissances/procédures médicales et paradigme d’une médecine naturelle </h4>
<p>Il est encore remarquable, dans les villes et villages d’Afrique, que les itinéraires thérapeutiques de bon nombre de malades sont souvent des va-et-vient entre tradi-médecins et hôpitaux/centres. La réalité est que, malgré les règlementations coloniales et postcoloniales, particulièrement discriminatoires à son endroit, la médecine traditionnelle, dans les sociétés africaines contemporaines, est loin d’être anecdotique. Il y a une résilience de la médecine de tradition africaine qu’on ne peut pas justifier, d’un point de vue purement et simplement sociologique, par le coût du soin à la portée de la bourse du pauvre.<br />
D’un point de vue épistémologique, le potentiel résilient de la médecine de tradition africaine, face à la médecine conventionnelle et dominante, peut être repéré aussi bien dans la croyance ou l’adhésion des patients à ses procédures qu’en raison du rapport critique mais valorisant qu’entretiennent désormais avec elle, des pratiques d’hôpital, la recherche botanique et pharmacologique.<br />
A partir de données ethnographiques collectées, au sud Togo, à propos des pratiques traditionnelles de diagnostic et de thérapie, et de leur rapport nouveau avec des pratiques d’hôpital, la recherche botanique et pharmacologique, l’on essaie, dans le papier, une clarification du potentiel résilient de la médecine de tradition africaine. Une telle appréciation, à teneur épistémologique, qui prête une attention particulière au processus nouveau et contemporain de transformation des connaissances et procédures de la médecine de tradition africaine, peut contribuer à élucider ce que peut être le paradigme d’une médecine naturelle.</p>
<h4 id="reperes-bibliographiques" tabindex="-1">Repères bibliographiques : </h4>
<p>Yaovi Akakpo est philosophe et professeur titulaire à l’Université de Lomé, au Togo, où il dirige le Laboratoire d’histoire, de philosophie et de sociologie des sciences et des techniques. Il a étudié à l’Université de Lomé et à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est titulaire d’un doctorat en épistémologie et d’un doctorat en histoire, philosophie et sociologie des sciences. Yaovi Akakpo est l’auteur de L’horizon des sciences en Afrique (Peter Lang, 2009), La recherche en philosophie (L’Harmattan, 2012), Science et reconnaissance (Présence africaine, 2016), Le technocolonialisme (L’Harmattan, 2019). Trois ouvrages ont été publiés sous sa direction en 2021 : Accélération et innovation : notions en débats (L’Harmattan, 2021), Humanités numériques et innovation en Afrique (L’Harmattan, 2021), et Aménagement du territoire et sentiers d’économie en Afrique : fonction du bricolage technologique (L’Harmattan, 2021). Ses recherches portent sur les mutations scientifiques et techniques en Afrique, les enjeux de l’invention et de l’innovation, l’histoire des sciences dans les archives orales et les manuscrits africains, l’imaginaire dans les sciences et les pouvoirs du corps.</p>
<h2 id="ana-soto-6-janvier-2022-14h30" tabindex="-1">Ana Soto - 6 janvier 2022, 14h30 </h2>
<p>École de médecine de l’Université de Tufts, Etats-Unis, Fellow IEA 2021-2022</p>
<h3 id="la-proletarisation-de-la-pensee-en-biologie" tabindex="-1">La prolétarisation de la pensée en biologie </h3>
<p>Contrairement à la prolétarisation des artisans, la prolétarisation des biologistes n’a pas commencé par une simplification du travail de laboratoire axée sur la technique, mais par la voie de la théorie. Cet appauvrissement conceptuel a commencé avec l’idée que la biologie pouvait être réduite à la chimie et à la physique, et que les cellules et les organismes étaient analogues aux machines, y compris aux ordinateurs. Plus tard, les biologistes ont réaffecté les concepts fondamentaux qui caractérisaient les organismes à des entités non vivantes et ont remis en question la pertinence du concept d’organisme. En outre, ils ont introduit des notions issues des théories mathématiques de l’information sans procéder à une analyse critique appropriée de leur pertinence pour la biologie. La prolétarisation s’est poursuivie par la simplification des pratiques de laboratoire introduite par les kits de tests commerciaux produisant des résultats numériques. En conséquence, les scientifiques ont concentré leurs efforts sur la production d’immenses quantités de données. Aujourd’hui, ils transfèrent volontiers la tâche de générer des hypothèses aux ordinateurs et aux "data scientists". Pendant que cet appauvrissement théorique se produisait, une minorité de biologistes s’est attachée à élaborer une position philosophique, l’organicisme, fournissant un point de départ pour reconstruire la théorie biologique. Nous postulons que l’appauvrissement théorique mentionné peut être corrigé en utilisant une perspective organiciste pour la reconstruction d’une théorie biologique pertinente et précise. Il existe d’autres sources de prolétarisation que sont les pratiques managériales actuelles qui restreignent le jugement scientifique, comme l’utilisation de la bibliométrie pour évaluer la production scientifique et l’accélération du travail sous la pression de publier massivement et rapidement pour l’avancement de la carrière personnelle. Un engagement critique envers la construction de la théorie peut amener les scientifiques à surmonter et à éliminer ces facteurs de prolétarisation.</p>
<h4 id="reperes-bibliographiques-1" tabindex="-1">Repères bibliographiques : </h4>
<p>Ana Soto and Carlos Sonnenschein, 2021, The proletarianization of biological thought, <em>Philosophy World Democracy</em><br />
<a href="https://www.philosophy-world-democracy.org/articles-1/the-proletarianization-of-biological-thought">https://www.philosophy-world-democracy.org/articles-1/the-proletarianization-of-biological-thought</a></p>
<h2 id="marie-claude-bossiere-10-fevrier-14h30" tabindex="-1">Marie-Claude Bossière - 10 février, 14h30 </h2>
<p>Pédopsychiatre, IRI, Paris</p>
<h3 id="l-organisation-actuelle-des-soins-psychiatriques-basees-sur-le-secteur-et-le-conflit-avec-la-nouvelle-gouvernance-hospitaliere" tabindex="-1">L’organisation actuelle des soins psychiatriques basées sur « le secteur » et le conflit avec la nouvelle gouvernance hospitalière </h3>
<p>L’organisation des soins psychiques en France s’est construite après la 2ème guerre mondiale sur les principes de la santé pour tous, dans toutes les zones géographiques françaises, dans la continuité des soins, indépendamment du statut social du patient. Elle a permis des innovations, autorisé des initiatives… C’est la politique du « secteur ».</p>
<p>Mais la logique de marchandisation du service public a progressivement attaqué ces fondements, réforme Mattei de 2004, loi Bachelot 2009 ( loi HPST) avec introduction dans l’hôpital des principes de retour à l’équilibre budgétaire et la conversion dans le langage et dans les faits de l’hôpital en entreprise. Les services publics de santé souffrent beaucoup depuis ces années de libéralisation forcée, qui atteignent les principes de solidarité et du soin pour tous.</p>
<p>Parallèlement, les dérives de langage atteignent la pensée médicale, dans sa dimension de prévention, de diagnostic et de thérapeutique. L’introduction dominante du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), basée sur une accumulation de symptômes faisant diagnostic et se disant a-théorique, produit une invalidation progressive des autres formes de classification, dont la classification française des troubles mentaux. Disparait ainsi la notion fondamentale de processus et d’historicité. Malgré les critiques des cliniciens, le DSM s’impose et contribue à une prolétarisation de la psychiatrie…</p>
<h2 id="ignacio-chapela-17-mars-17h" tabindex="-1">Ignacio Chapela - 17 mars, 17h </h2>
<p>University of Berkeley</p>
<h3 id="recounting-the-living-to-death-historical-reflections-on-the-commodification-of-life" tabindex="-1">Recounting The Living to Death: Historical Reflections on the Commodification of Life </h3>
<p>Following the argument of the Seminar, I will present some of my organized understanding of where counting—and recounting—fits in the extraordinary history of miscarriage that became the biological establishment that dominates today; from taxidermy and taxonomy to Big Data. Since I have the least to say about medical aspects, I will make connections to health, but considering this concept in its broader ecological context.</p>
<h2 id="scott-gilbert-14-avril-17h" tabindex="-1">Scott Gilbert - 14 Avril, 17h </h2>
<p>Swarthmore College</p>
<h3 id="blurred-lines-where-to-draw-the-boundary" tabindex="-1">"Blurred Lines"- where to draw the boundary </h3>
<p>What counts as a "unit" or "individual? Where do the boundaries of one end and the space of zero begin? I wish to draw attention to a problem of closure and autopoiesis, namely that processes don't have distinct boundaries and that these boundaries are often contextual. I will use as examples (1) the holobiont, (2) the gravida, and perhaps (3) the gene. This talk will center on whether sympoiesis--the generation of something by the interactions of two or more entities that change their identity through their interactions--is more appropriate than autopoiesis for discussing the construction of entities. Autopoiesis may be confined to the resilience and resistance to perturbation found in entities already generated by sympoiesis. The "morphogenetic field" of embryologists Paul Weiss, Hans Spemann, and Alexander Gurwitsch may be a model for such entities.</p>
</div>
📚
Postface de La révolution contributive, 2022, Pierre Giorgini2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/
<h2 id="postface" tabindex="-1">Postface </h2>
<h3 id="la-revolution-contributive-2022-pierre-giorgini-iste-editions" tabindex="-1">La révolution contributive, 2022, Pierre Giorgini, ISTE Editions </h3>
<div class="P7"><span class="T7">Les crises de l’Anthropocène amplifient et dramatisent plusieurs questions fondamentales concernant l’organisation de la société. Dans ce contexte, « Une métamorphose qui pourrait sauver le Monde : Essai sur la révolution contributive » se concentre sur la question primordiale de la connaissance. Suivant la manière par laquelle nous concevons l’articulation entre connaissance et objet connu, nous répondrons différemment, par exemple au changement climatique ou à l’érosion de la biodiversité. Pierre Giorgini explore et développe l’idée d’un changement d’organisation épistémique, par le passage d’organisations à dominante exo-distributives à des organisations endo-contributives. Les premières placent l’intelligence en dehors d’un système, et cette intelligence extérieure agence le système en fonction des fins qui lui sont conférées. Par exemple, la physique permet d’étudier l’isolation thermique des habitations pour réduire la consommation d’énergie, les solutions trouvées sont alors déployées de manière industrielle, potentiellement avec l’appui de mesures politiques. Ces modèles excluent cependant l’habitant (et le physicien), qui sont placés comme hors du monde du point de vue de l’analyse. Il s’agit de modèles exo-distributifs. À l’opposé, la perspective endo-contributive pose l’intelligence comme distribuée au sein du système et s’organise dans cette perspective. Par exemple, l’isolation thermique d’une habitation n’a pas du tout le même effet suivant ce qu’en fait l’habitant, ce qui en pratique limite la portée de l’approche exo-distributive pour lutter contre le réchauffement climatique</span><span class="T7"><span class="Footnote_20_anchor" title="Footnote: Blaise, G., & Glachant, M. (2019). Quel est l’impact des travaux de rénovation énergétique des logements sur la consommation d’énergie?. La revue de l’énergie, 646, 46-60."><a href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#ftn6" id="body_ftn6">2</a></span></span><span class="T7">. Une approche endo-contributive s’appuierais à la fois sur les connaissances scientifiques et les savoirs des habitants. </span></div><p class="P7"><span class="T7">Pour être plus précis, nous pouvons distinguer plusieurs dimensions dans la comparaison entre approches endo-contributives et exo-distributives. Tout d’abord, le point de vue endo-contributif est plus précis que le point de vue exo-distributif d’un point de vue </span><span class="T7">épistémologique car nous sommes toujours dans le monde. Ce fait est certes évident, mais la difficulté vient de l’histoire des sciences, notamment celle de la physique qui avait initialement une forte composante théologique. Galilée posait par exemple que le livre de la nature est écrit en langage mathématique, le physicien se trouvant alors plus dans la position de Dieu, ou du moins d’un lecteur, que comme faisant partie de l’univers. Mais la physique et son épistémologie s’est affinée, et si le physicien peut plus ou moins faire comme s’il n’était pas en interaction avec son objet d’étude suivant les théories, ce n’est que par ce moyen qu’il peut trancher entre plusieurs perspectives théoriques et objectiver les phénomènes qui l’intéresse – </span><span class="T8">a contrario</span><span class="T7"> ce qui, dans la description, ne peut être tranché par de telles interactions est considéré comme arbitraire dans la description. De ce point de vue épistémologique, l’approche exo-distributive est en quelque sorte une approximation restant parfois pertinente, mais le point de vue endo-contributif est premier.</span></p><div class="P7"><span class="T7">Mais alors cette distinction conceptuelle perdrait en efficacité ce qu'elle gagne en généralité. En effet, le cœur du propos de l’essai n'est pas vraiment celui-là, il me semble se rapprocher plutôt de l’organologie au sens de Bernard Stiegler, et s'attache aux organisations humaines et à leurs changements — dans la continuité et par analogie avec le vivant. Alors la distinction entre exo-distributif et endo-contributif est d’abord organologique : le savoir et l’intelligence sont-ils concentrés ou distribués ? De ce point de vue, la perspective endo-contributive est à rapprocher de la recherche et de l’économie contributive telle que développée par Bernard Stiegler, Ars Industrialis et le collectif Internation</span><span class="T7"><span class="Footnote_20_anchor" title="Footnote: Stiegler, B & le collectif Internation (2020). Bifurquer, LLL."><a href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#ftn6" id="body_ftn6">3</a></span></span><span class="T7">, nous y reviendrons. </span></div><div class="P7"><span class="T7">L’approche exo-distributive pourrait trouver sa justification dans l’idée d’une théorie du tout, capable de piloter les systèmes sociaux sur des bases rationnelles. À l’opposé, les limites de la connaissance scientifique, ainsi que l’analyse de la manière par laquelle le vivant est parvenu à durer pendant des milliards d’années plaident pour l’approche endo-contributives. Les discours actuels sur la technologie tendent à promouvoir à la fois l’idée d’une toute puissance technologique et d’une direction inéluctable des développements technologiques – à dominante exo-distributive. À l’opposé, certaines tendances épistémologiques et technologiques pointent vers un développement des pratiques endo-contributives. Par exemple, en biologie, l’approche systémique de Denis Noble critique très explicitement l’idée d’un contrôle central de l’organisme par l’ADN, au profit d’une approche systémique ou la causalité se place à différent niveaux</span><span class="T7"><span class="Footnote_20_anchor" title="Footnote: Noble D., La Musique de la vie, Paris, Le Seuil, 2007."><a href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#ftn6" id="body_ftn6">4</a></span></span><span class="T7">. </span></div><p class="P7"><span class="T7">Un aspect important dans l’analyse, est que, dès lors que l’on a et que l’on s’appuie sur une théorie mathématisée prédisant le comportement d’un objet, nous sommes nécessairement dans une optique exo-distributive. En effet, l’extérieur (exo) est alors le modèle mathématique tel qu’il peut être analysé très localement, à distance de l’objet d’intérêt, par le calcul sur une feuille de papier ou une simulation par ordinateur. Il ne reste alors qu’à propager les conclusions de l’analyse pour mettre le réel dans la voie désirée. Ici, il convient de faire preuve de précision. En effet, la pertinence de telles approches est limitée par la vaidité de leurs hypothèses. Qu’il s’agisse du comportement des habitants et de ses changements, dans le cas </span><span class="T7">de l’isolation thermique, ou de la nature réelle des matériaux employés dans une construction, pour rester dans ce domaine, la maîtrise exo-distributive réelle est souvent limitée. Il n’en reste pas moins vrai que le modèle exo-distributif est très largement employé, et sa critique est délicate lorsque la compréhension mathématique d’un aspect de la question, parfois par un cadre déterministe, donne l’illusion de la possibilité d’une maîtrise exo-distributive.</span></p><p class="P7"><span class="T7">Mais les situations rencontrées sont parfois épistémologiquement plus complexes. Ainsi, des applications pour smartphones ou des jeux vidéos utilisent de nombreuses stratégies pour contrôler le comportement des utilisateurs, en le rendant stéréotypés. Cela est vrai par exemple pour Über et sa pratique du « nudge », de la manipulation conçue pour que les chauffeurs agissent dans l’intérêt d’Über et non dans le leur, au moins statistiquement, et ceci sans relation contractuelle de subordination – sans les protections du droit du travail donc. </span></p><div class="P7"><span class="T7">À contrario, à quelles conditions une situation endo-contributive ne peut pas être réduite à une approche exo-distributive, et ceci de manière principielle ? Il me semble que ces conditions correspondent à la capacité des agents à produire des nouveautés en un sens fort, c’est-à-dire des nouveautés capables de changer le fonctionnement local voir global du système</span><span class="T7"><span class="Footnote_20_anchor" title="Footnote: J’ai développé un tel concept de nouveauté ici : Montévil, Maël. (Jan) 2018. “Possibility Spaces And The Notion Of Novelty: From Music To Biology”. Synthese. doi:10.1007/s11229-017-1668-5."><a href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#ftn6" id="body_ftn6">5</a></span></span><span class="T7">. Un système probabiliste, par exemple, produit des nouveautés à chaque tirage aléatoire (le résultat du tirage qui n’est pas prédit par le modèle), cependant il peut néanmoins être abordé de manière exo-distributive car ces résultats ne changent pas les règles du système de manière imprévisible. Par contre, en biologie, ce sont bien les normes de fonctionnement des organismes qui changent et qui constituent des nouveautés en ce sens fort, dans l’évolution mais aussi parfois lors du développement. Il s’agit ici d’une limite que je pense principielle à la prédictibilité et donc aux connaissances scientifiques. Dans le cas des activités humaines, nous retrouvons en fait ici la conception du travail de Bernard Stiegler, opposée au labeur. Le travail pour Stiegler se caractérise par la capacité à produire une œuvre en s‘appuyant sur les automatismes mais en les dépassant, en bifurquant, lorsque cela devient nécessaire. </span></div><p class="P7"><span class="T7">Dans ce cas, les sciences contribuent mais ne peuvent plus piloter l’action de manière exo-distributive. Il ne s’agit pas ici du problème des fins de l’action que les sciences ne déterminent pas – question classique –, mais bien d’un problème concernant la connaissance elle-même.</span></p><p class="P7"><span class="T7">Un dernier aspect clé, ici, est l'articulation entre parties et tout dans le modèle endo-contributif. Cette question provient du fait que la contribution n’est pas une simple participation à l’émergence de nouveauté pour la nouveauté. En effet le modèle néolibéral, par exemple, peut être vu comme largement distribué, au-delà de ses règles de fonctionnement économique qui, elles, sont largement imposées par la force et la ruse. Pour être réellement endo-contributif, il me semble que les contributeurs ne peuvent pas se contenter d'une perception purement locale, comme les fourmis dans la fourmilière, mais doivent se préoccuper du tout ou, dit autrement, du système ou plutôt des systèmes dans lesquels ils s'inscrivent et dont ils dépendent. Leurs savoirs doivent donc dépendre de cette inscription pour en prendre soin. Derrière cet enjeu se pose donc la question des savoirs, de leur </span><span class="T7">articulation à des localités, des lieux, et de leur développement nécessaire à l'approche endo-contributive. </span></p><p class="P7"><span class="T7">Comme le souligne fortement aussi bien Pierre Giorgini que Bernard Stiegler, dans des styles et des contextes intellectuels différents, l’approche contributive n’est pas seulement pertinente pour la viabilité de la société, elle participe à renouer, respectivement, avec la joie et le désir. Souhaitons donc que ces perspectives d’avenir, rares, viennent renouveler la pratique au-delà des expérimentations déjà existantes.</span></p>
<h3 id="references" tabindex="-1">Références </h3>
<p class="Footnote"><span class="footnodeNumber"><a class="Footnote_20_Symbol" id="ftn0" href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#body_ftn0">*</a></span> La révolution contributive, <span class="T11">2022,</span> Pierre Giorgini, <span class="T11">ISTE Editions</span></p><p class="Footnote"><span class="footnodeNumber"><a class="Footnote_20_Symbol" id="ftn1" href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#body_ftn1">1</a></span> Institut de Recherche et d’Innovation et IHPST, Université Paris 1.</p><p class="Footnote"><span class="footnodeNumber"><a class="Footnote_20_Symbol" id="ftn6" href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#body_ftn6">2</a></span> Blaise, G., & Glachant, M. (2019). Quel est l’impact des travaux de rénovation énergétique des logements sur la consommation d’énergie?. <span class="T6">La revue de l’énergie</span>, <span class="T6">646</span>, 46-60.</p><p class="Footnote"><span class="footnodeNumber"><a class="Footnote_20_Symbol" id="ftn6" href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#body_ftn6">3</a></span> Stiegler, B & le collectif Internation (2020). Bifurquer, LLL.</p><p class="Footnote"><span class="footnodeNumber"><a class="Footnote_20_Symbol" id="ftn6" href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#body_ftn6">4</a></span> <span class="T3">Noble D., La Musique de la vie, Paris, Le Seuil, 2007.</span></p><p class="P4"><span class="footnodeNumber"><a class="Footnote_20_Symbol" id="ftn6" href="https://montevil.org/publications/varia/2022-Postface-Giorgini/#body_ftn6">5</a></span><span class="T7"> </span><span class="T9">J’ai développé un tel concept de nouveauté ici : Montévil, Maël. (Jan) 2018. “Possibility Spaces And The Notion Of Novelty: From Music To Biology”. Synthese. doi:10.1007/s11229-017-1668-5.</span></p>
Présentation de "Prendre soin de l’informatique et des générations"2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021--presentation-de-prendre-soin-de-l-informatique-et-des-generations/
<img alt="Cover slide from the talk “Présentation de &quot;Prendre soin de l’informatique et des générations&quot;”" src="https://montevil.org/assets/talks/coverfyp.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
En hommage à Bernard Stiegler. Présentation du livre Prendre soin de l’informatique et des générations, par Anne Alombert, Victor Chaix, Maël Montévil et Vincent Puig, suivie d’une discussion collective en présence de certains des auteurs.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Alombert, Anne, Victor Chaix, Maël Montévil, and Vincent Puig. 2021. <i>Présentation de “Prendre Soin de l’informatique et Des Générations”</i>
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<a href="https://www.youtube.com/watch?v=M09cQcMoek8" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=M09cQcMoek8">https://www.youtube.com/watch?v=M09cQcMoek8</a></p>
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Intermittence, rythmes et anti-entropie dans le vivant2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-entretiens-du-nouveau-monde-industriel-la-societe-intermittente-la-vie-dans-le-negu-anthropocene-intermittence-rythmes-et-anti-entropie-dans-le-vivant/
<img alt="Cover slide from the talk “Intermittence, rythmes et anti-entropie dans le vivant”" src="https://montevil.org/assets/talks/banner_enmi_logo_2021.png" class=" page__illustration2 u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2021. “Intermittence, Rythmes et Anti-Entropie Dans Le Vivant.” In <i>Entretiens Du Nouveau Monde Industriel : La Société Intermittente, La Vie Dans Le Négu(Anthropocène)</i>. <a href="https://enmi-conf.org/wp/enmi21/">https://enmi-conf.org/wp/enmi21/</a>
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<a href="https://media.iri.centrepompidou.fr/video/enmi/2021/iri_enmi_2021_session_2_2021-11-29.mp4" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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Anastase de la philosophie, anastase des sciences2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-l-anastase-de-la-philosophie-anastase-de-la-philosophie-anastase-des-sciences/
<img alt="Cover slide from the talk “Anastase de la philosophie, anastase des sciences”" src="https://montevil.org/assets/talks/anastasis.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Quel nouveau départ pour la philosophie ? S'il ne s'agit pas de s'affranchir des travaux antérieurs, ni de suivre la géopolitique restrictive du corpus heideggerien qui contrôle la politique post-décoloniale, comment constituer un nouveau corpus pour la philosophie ? Et quels sont les véritables enjeux de la philosophie au XXIe siècle ?
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2021. “Anastase de La Philosophie, Anastase Des Sciences.” In <i>L’anastase de La Philosophie</i>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/ENS-Anastase%20de%20la%20philosophie.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
<a href="https://savoirs.ens.fr//uploads/sons/2021_11_23_montevil.mp3" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
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<p> </p>
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<h2 id="orateurs-et-enregistrements" tabindex="-1">Orateurs et enregistrements </h2>
<p><img src="https://montevil.org/assets/avatars/s-mohan.jpg" alt="Shaj Mohan" class="portraitSmall" /> <span class="sc">Shaj Mohan</span>, philosophe basé dans le sous-continent. Il est l'auteur avec Divya Dwivedi du livre "Gandhi and Philosophy: On Theological Anti-politics" (Préface de Jean-Luc Nancy, Bloomsbury Academic, UK, 2019)</p>
<p><audio src="https://savoirs.ens.fr/uploads/sons/2021_11_23_mohan.mp3" controls="" class="html5-audio-player">
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</audio></p>
<p><img src="https://montevil.org/assets/avatars/m-montevil.jpg" alt="Maël Montévil" class="portraitSmall" /> <span class="sc">Maël Montévil</span>, philosophe et théoreticien de la biologie. Il est le co-auteur avec Giuseppe Longo de <em>Perspectives on organisms</em>. Il est chargé de recherche au CNRS, Centre Cavaillès, USR3608 – République des Savoirs, ÉNS.</p>
<p><audio src="https://savoirs.ens.fr//uploads/sons/2021_11_23_montevil.mp3" controls="" class="html5-audio-player">
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</audio></p>
<p><img src="https://montevil.org/assets/avatars/d-dwivedi.jpg" alt="Divya Dwivedi" class="portraitSmall" /> <span class="sc">Divya Dwivedi</span>, philosophe et auteur basé en Inde. Elle est professeure associée de philosophie et de littérature, Department of Humanities and Social Sciences, Indian Institute of Technology Delhi.</p>
<p><audio src="https://savoirs.ens.fr/uploads/sons/2021_11_23_dwivedi.mp3" controls="" class="html5-audio-player">
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</audio></p>
<h2 class="titleHead" id="l-anastase-de-la-philosophie" tabindex="-1">L'anastase de la philosophie </h2>
<p><em>13h30, 23 Novembre 2021</em><br />
<em>Amphithéâtre Evariste Galois (plan ci-dessous)</em><br />
<em>École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris</em><br />
<em class="center">Possibilité de suivre l'évènement en visio</em></p>
<p><em>Inscription obligatoire auprès de : <a href="mailto:mael.montevil@gmail.com">mael.montevil@gmail.com</a></em><br />
<em>‘Passe sanitaire’ demandé</em><br />
<em>Langue : anglais et français</em></p>
<p>En juillet 2021, Jean-Luc Nancy lançait un débat en reprenant la question de Heidegger sur la fin de la philosophie et la tâche de la pensée. Si la philosophie n'est pas capable de dépasser la détermination de Heidegger comme métaphysique, elle ne survivra pas longtemps, même comme inanité. Il termine son texte par ces mots :</p>
<blockquote>
<p>Ce que Heidegger veut dire par « tâche de la pensée » – en tout cas ce que nous pouvons en indiquer – c’est ceci : allons-nous nous tenir face à l’intenable ? Ou bien allons-nous continuer à nous satisfaire de notre pauvre autonomie philosophique ? Ou bien, pourquoi pas, en finir, ayant apporté la preuve (que personne ne demandait) d’une superbe, majestueuse et foisonnante inanité ?</p>
</blockquote>
<p>Dans ce débat, actuellement publié dans Philosophy World Democracy, Divya Dwivedi insiste sur l'idée que la philosophie rencontre une stase à travers son acceptation des versions de la « différence ontico-ontologique » d’Heidegger, derrière laquelle se cache la « différence orientalo-occidentale ». Cette stase découle aussi de ce que Bernard Stiegler a appelé la disruption, dans laquelle les réponses de la société, et en particulier la philosophie et la critique, sont toujours en retard sur les changements technologiques. C'est-à-dire que l'impératif de Stiegler était que nous soyons capables de concevoir un nouvel organon à partir d'une autre fondation afin que la philosophie puisse répondre et construire d'autres mondes. Maël Montévil soutient que l'analyse de cette stase doit aborder la nature de la séparation de la philosophie et de la science. Pour dépasser cette stase, littéralement, pour l'ana-stase de la philosophie, Shaj Mohan propose de partir de « l'expérience obscure », sans la laisser, cette fois, être préemptée par la religion. Une telle ana-stase de la philosophie exigera que nous nous retirions de certaines des intuitions les plus intimes de la pensée heideggerienne et que nous explorions de nouvelles logiques et facultés. Ainsi, l'autre commencement de la philosophie n’a le profil « ni de la métaphysique ni de l'hypophysique », comme Nancy le remarquait dans un texte antérieur.</p>
<p>Quel est ce nouveau départ de la philosophie ? S'il ne s'agit pas de s'affranchir des travaux antérieurs, ni de suivre la géopolitique restrictive du corpus heideggerien qui contrôle la politique post-décoloniale, comment constituer un nouveau corpus pour la philosophie ? Et quels sont les véritables enjeux de la philosophie au XXIe siècle ?</p>
<p>Ce débat est en cours de publication sur <a href="https://www.philosophy-world-democracy.org/other-beginning">https://www.philosophy-world-democracy.org/other-beginning</a></p>
<p><img src="https://montevil.org/assets/talks/Affiche-Anastase-Philo.jpg" alt="Affiche" class="centerBlock" /></p>
<h2 class="titleHead" id="the-anastasis-of-philosophy" tabindex="-1">The anastasis of philosophy </h2>
<p><em>13h30, November 23, 2021</em><br />
<em>Amphithéâtre Evariste Galois (map below)</em><br />
<em>École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm</em><br />
<em class="center">Also by visioconference</em></p>
<p><em>Registration required with: <a href="mailto:mael.montevil@gmail.com">mael.montevil@gmail.com</a></em><br />
<em>‘Pass sanitaire’ is required</em><br />
<em>Language : english and french</em></p>
<p>In July 2021, Jean-Luc Nancy launched a debate by taking up Heidegger's question about the end of philosophy and the task of thought. If philosophy is not able to move beyond Heidegger’s determination of it as metaphysics it will not survive for long as even inanity. He ends his text with these words:</p>
<blockquote>
<p>What Heidegger means by "the task of thought" [...] is this: are we going to stand up to the untenable? Or are we going to continue to be satisfied with our poor philosophical autonomy? Or, why not, get it over with, having provided the proof (that nobody asked for) of a superb, majestic and abundant inanity?</p>
</blockquote>
<p>In this debate, currently being published in Philosophy World Democracy, Divya Dwivedi insists on the idea that philosophy encounters a stasis through its acceptance of versions of the “ontico-ontological difference” of Heidegger, behind which lies the “oriental-occidental difference”. This stasis also stems from what Bernard Stiegler called disruption, in which society's responses, and in particular philosophy and criticism, always lag behind technological change. That is, the imperative of Stiegler was that we should be able to conceive a new organon from another foundation so that philosophy can respond to and construct other worlds. Maël Montévil contends that the analysis of this stasis must address the nature of the separation of philosophy and science. To come over this stasis or, literally, for the ana-stasis of philosophy, Shaj Mohan proposes to start from “the obscure experience”, without letting it, this time, be pre-empted by religion. Such an ana-stasis of philosophy will require that we retreat from some of the most intimate intuitions of Heideggerian thought and we will have to explore new logics and faculties. Thus, the other beginning of philosophy has the character of “neither metaphysics nor hypophysics” as Nancy remarked in an earlier text.</p>
<p>What is the new beginning for philosophy? If it is not a question of freeing ourselves from previous works, nor of following the geopolitics of the restrictive Heideggerian corpus which controls post-de-colonial politics, how can we constitute a new corpus for philosophy? And what are the real challenges of philosophy in the 21st century?</p>
<p>The debate is published on <a href="https://www.philosophy-world-democracy.org/other-beginning">https://www.philosophy-world-democracy.org/other-beginning</a></p>
<h2 id="lieu-location" tabindex="-1">Lieu / Location </h2>
<p>Amphithéâtre Evariste Galois, 2ième sous-sol, batiment NIR, École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris.</p>
<p><img src="https://montevil.org/assets/talks/Galois.png" alt="Amphithéâtre Evariste Galois" class="centerBlock" /></p>
</div>
<h2 id="video">Video</h2>
<div>
<audio controls="" src="https://savoirs.ens.fr//uploads/sons/2021_11_23_montevil.mp3">
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</div>
Évènement : L’anastase de la philosophie2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021--evenement-l-anastase-de-la-philosophie/
<img alt="Cover slide from the talk “Évènement : L’anastase de la philosophie”" src="https://montevil.org/assets/talks/Affiche-Anastase-Philo.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Quel nouveau départ pour la philosophie ? S'il ne s'agit pas de s'affranchir des travaux antérieurs, ni de suivre la géopolitique restrictive du corpus heideggerien qui contrôle la politique post-décoloniale, comment constituer un nouveau corpus pour la philosophie ? Et quels sont les véritables enjeux de la philosophie au XXIe siècle ?
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Dwivedi, Divya, Maël Montévil, and Shaj Mohan. 2021. <i>Évènement : L’anastase de La Philosophie</i>
</div>
<div>
<a href="https://montevil.org/assets/talks/ENS-Anastase%20de%20la%20philosophie.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
</div>
</div>
<p> </p>
<div class="legibilityWidth wrap0all">
<h2 id="orateurs-et-enregistrements" tabindex="-1">Orateurs et enregistrements </h2>
<p><img src="https://montevil.org/assets/avatars/s-mohan.jpg" alt="Shaj Mohan" class="portraitSmall" /> <span class="sc">Shaj Mohan</span>, philosophe basé dans le sous-continent. Il est l'auteur avec Divya Dwivedi du livre "Gandhi and Philosophy: On Theological Anti-politics" (Préface de Jean-Luc Nancy, Bloomsbury Academic, UK, 2019)</p>
<p><audio src="https://savoirs.ens.fr/uploads/sons/2021_11_23_mohan.mp3" controls="" class="html5-audio-player">
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</audio></p>
<p><img src="https://montevil.org/assets/avatars/m-montevil.jpg" alt="Maël Montévil" class="portraitSmall" /> <span class="sc">Maël Montévil</span>, philosophe et théoreticien de la biologie. Il est le co-auteur avec Giuseppe Longo de <em>Perspectives on organisms</em>. Il est chargé de recherche au CNRS, Centre Cavaillès, USR3608 – République des Savoirs, ÉNS.</p>
<p><audio src="https://savoirs.ens.fr//uploads/sons/2021_11_23_montevil.mp3" controls="" class="html5-audio-player">
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</audio></p>
<p><img src="https://montevil.org/assets/avatars/d-dwivedi.jpg" alt="Divya Dwivedi" class="portraitSmall" /> <span class="sc">Divya Dwivedi</span>, philosophe et auteur basé en Inde. Elle est professeure associée de philosophie et de littérature, Department of Humanities and Social Sciences, Indian Institute of Technology Delhi.</p>
<p><audio src="https://savoirs.ens.fr/uploads/sons/2021_11_23_dwivedi.mp3" controls="" class="html5-audio-player">
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</audio></p>
<h2 class="titleHead" id="l-anastase-de-la-philosophie" tabindex="-1">L'anastase de la philosophie </h2>
<p><em>13h30, 23 Novembre 2021</em><br />
<em>Amphithéâtre Evariste Galois (plan ci-dessous)</em><br />
<em>École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris</em><br />
<em class="center">Possibilité de suivre l'évènement en visio</em></p>
<p><em>Inscription obligatoire auprès de : <a href="mailto:mael.montevil@gmail.com">mael.montevil@gmail.com</a></em><br />
<em>‘Passe sanitaire’ demandé</em><br />
<em>Langue : anglais et français</em></p>
<p>En juillet 2021, Jean-Luc Nancy lançait un débat en reprenant la question de Heidegger sur la fin de la philosophie et la tâche de la pensée. Si la philosophie n'est pas capable de dépasser la détermination de Heidegger comme métaphysique, elle ne survivra pas longtemps, même comme inanité. Il termine son texte par ces mots :</p>
<blockquote>
<p>Ce que Heidegger veut dire par « tâche de la pensée » – en tout cas ce que nous pouvons en indiquer – c’est ceci : allons-nous nous tenir face à l’intenable ? Ou bien allons-nous continuer à nous satisfaire de notre pauvre autonomie philosophique ? Ou bien, pourquoi pas, en finir, ayant apporté la preuve (que personne ne demandait) d’une superbe, majestueuse et foisonnante inanité ?</p>
</blockquote>
<p>Dans ce débat, actuellement publié dans Philosophy World Democracy, Divya Dwivedi insiste sur l'idée que la philosophie rencontre une stase à travers son acceptation des versions de la « différence ontico-ontologique » d’Heidegger, derrière laquelle se cache la « différence orientalo-occidentale ». Cette stase découle aussi de ce que Bernard Stiegler a appelé la disruption, dans laquelle les réponses de la société, et en particulier la philosophie et la critique, sont toujours en retard sur les changements technologiques. C'est-à-dire que l'impératif de Stiegler était que nous soyons capables de concevoir un nouvel organon à partir d'une autre fondation afin que la philosophie puisse répondre et construire d'autres mondes. Maël Montévil soutient que l'analyse de cette stase doit aborder la nature de la séparation de la philosophie et de la science. Pour dépasser cette stase, littéralement, pour l'ana-stase de la philosophie, Shaj Mohan propose de partir de « l'expérience obscure », sans la laisser, cette fois, être préemptée par la religion. Une telle ana-stase de la philosophie exigera que nous nous retirions de certaines des intuitions les plus intimes de la pensée heideggerienne et que nous explorions de nouvelles logiques et facultés. Ainsi, l'autre commencement de la philosophie n’a le profil « ni de la métaphysique ni de l'hypophysique », comme Nancy le remarquait dans un texte antérieur.</p>
<p>Quel est ce nouveau départ de la philosophie ? S'il ne s'agit pas de s'affranchir des travaux antérieurs, ni de suivre la géopolitique restrictive du corpus heideggerien qui contrôle la politique post-décoloniale, comment constituer un nouveau corpus pour la philosophie ? Et quels sont les véritables enjeux de la philosophie au XXIe siècle ?</p>
<p>Ce débat est en cours de publication sur <a href="https://www.philosophy-world-democracy.org/other-beginning">https://www.philosophy-world-democracy.org/other-beginning</a></p>
<h2 class="titleHead" id="the-anastasis-of-philosophy" tabindex="-1">The anastasis of philosophy </h2>
<p><em>13h30, November 23, 2021</em><br />
<em>Amphithéâtre Evariste Galois (map below)</em><br />
<em>École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm</em><br />
<em class="center">Also by visioconference</em></p>
<p><em>Registration required with: <a href="mailto:mael.montevil@gmail.com">mael.montevil@gmail.com</a></em><br />
<em>‘Pass sanitaire’ is required</em><br />
<em>Language : english and french</em></p>
<p>In July 2021, Jean-Luc Nancy launched a debate by taking up Heidegger's question about the end of philosophy and the task of thought. If philosophy is not able to move beyond Heidegger’s determination of it as metaphysics it will not survive for long as even inanity. He ends his text with these words:</p>
<blockquote>
<p>What Heidegger means by "the task of thought" [...] is this: are we going to stand up to the untenable? Or are we going to continue to be satisfied with our poor philosophical autonomy? Or, why not, get it over with, having provided the proof (that nobody asked for) of a superb, majestic and abundant inanity?</p>
</blockquote>
<p>In this debate, currently being published in Philosophy World Democracy, Divya Dwivedi insists on the idea that philosophy encounters a stasis through its acceptance of versions of the “ontico-ontological difference” of Heidegger, behind which lies the “oriental-occidental difference”. This stasis also stems from what Bernard Stiegler called disruption, in which society's responses, and in particular philosophy and criticism, always lag behind technological change. That is, the imperative of Stiegler was that we should be able to conceive a new organon from another foundation so that philosophy can respond to and construct other worlds. Maël Montévil contends that the analysis of this stasis must address the nature of the separation of philosophy and science. To come over this stasis or, literally, for the ana-stasis of philosophy, Shaj Mohan proposes to start from “the obscure experience”, without letting it, this time, be pre-empted by religion. Such an ana-stasis of philosophy will require that we retreat from some of the most intimate intuitions of Heideggerian thought and we will have to explore new logics and faculties. Thus, the other beginning of philosophy has the character of “neither metaphysics nor hypophysics” as Nancy remarked in an earlier text.</p>
<p>What is the new beginning for philosophy? If it is not a question of freeing ourselves from previous works, nor of following the geopolitics of the restrictive Heideggerian corpus which controls post-de-colonial politics, how can we constitute a new corpus for philosophy? And what are the real challenges of philosophy in the 21st century?</p>
<p>The debate is published on <a href="https://www.philosophy-world-democracy.org/other-beginning">https://www.philosophy-world-democracy.org/other-beginning</a></p>
<h2 id="lieu-location" tabindex="-1">Lieu / Location </h2>
<p>Amphithéâtre Evariste Galois, 2ième sous-sol, batiment NIR, École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris.</p>
<p><img src="https://montevil.org/assets/talks/Galois.png" alt="Amphithéâtre Evariste Galois" class="centerBlock" /></p>
</div>
Normativité et infidélités du milieu2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-journee-d-etude-georges-canguilhem-la-philosophie-et-ses-dehors-normativite-et-infidelites-du-milieu/
<img alt="Cover slide from the talk “Normativité et infidélités du milieu”" src="https://montevil.org/assets/talks/Canguilhem-2021.png" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Les concepts de Canguilhem sont très pertinents pour certains débats scientifique et technologiques contemporains, ce qui peut être montré avec le concept de normativité. Ce dernier permet de critiquer l’horizon de la médecine par la preuve, et plus récemment de l'usage des données et de l'apprentissage profond en médecine, bref l'usage de machines statistiques pour le soin médical. De plus ce concept rencontre la question débattue actuellement du rôle des organismes, de la physiologie et du développement, dans l'évolution. Dans la synthèse moderne, les organismes sont d'abord des avatars passifs de leurs génomes, alors que si l'on intègre le concept de normativité, ils possèdent la capacité de générer de nouvelles normes. Cette question est cruciale pour évaluer la réponse du vivant au réchauffement climatique et plus généralement aux bouleversements rapides de l'Anthropocène.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2021. “Normativité et Infidélités Du Milieu.” In <i>Journée d’étude Georges Canguilhem : La Philosophie et Ses Dehors</i>. <a href="https://www.u-picardie.fr/journee-d-etudes-georges-ganguilhem-la-philosophie-et-ses-dehors--648096.kjsp">https://www.u-picardie.fr/journee-d-etudes-georges-ganguilhem-la-philosophie-et-ses-dehors--648096.kjsp</a>
</div>
<div>
<a href="https://montevil.org/assets/talks/Canguilhem-2021.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
</div>
</div>
<p> </p>
<div class="legibilityWidth wrap0all">
</div>
📚
Prendre Soin de l’informatique et Des Générations2021-11-19T00:00:00Zhttps://montevil.org/publications/books/2021-ACM-Informatique-theorique-Stiegler/
<p class="titleHead">Prendre soin de l’informatique et des générations. </p>
<p class="subtitleHead">Hommage à Bernard Stiegler
</p>
<p class="authors">Sous la direction de : </p>
<p class="authors">
Anne Alombert, Victor Chaix, Maël Montévil, Vincent Puig</p>
<p>
Lorsque les technologies numériques sont mises au service de l’économie des données, leur design et leur fonctionnement exploitent les attentions, afin d’orienter, voire de contrôler, les comportements des utilisateurs. Réduits à un ensemble de processus cognitifs et de réactions réflexes, ils se voient dépossédés de leurs savoirs, alors même que, dans nos sociétés en situation de crise sanitaire, sociale, politique et écologique, le partage et la transmission des savoir-faire, des savoir-vivre et des savoir-penser sont plus que jamais nécessaires.</p>
<p>
Comment concevoir et réaliser des plateformes numériques au service des relations sociales et intergénérationnelles, aujourd’hui menacées par les applications addictives et l’économie des données ? Comment intégrer dans les dispositifs computationnels des fonctions délibératives et interprétatives ? Comment transformer les technologies numériques en supports de mémoire et de savoirs ? Comment mettre les algorithmes au service de l’intelligence collective ? En un mot, comment prendre soin de l’informatique pour les générations actuelles et à venir ? Ce livre interroge la manière dont les supports techniques configurent nos capacités psychiques et nos relations collectives, et propose des solutions pour concevoir de nouveaux dispositifs et de nouvelles pratiques, afin de mettre les technologies numériques au service de la production et de la transmission de savoirs, ainsi que des liens entre les générations.</p>
📚
Il faut qu’il y ait en informatique théorique un symbole tel qu’il empêche de calculer2021-11-29T00:00:00Zhttps://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/
<p class="titleHead">Il faut qu’il y ait en informatique théorique un symbole tel qu’il empêche de calculer</p>
<p class="authors">Maël Montévil</p>
<!-- l. 31 --><p class="noindent">Bernard Stiegler se référait souvent à la phrase de Paul Claudel : « Il faut qu’il y ait dans le
poème un nombre tel qu’il empêche de compter » (<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Petit</span> </span><a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@stieglerMauss">2019</a>). En informatique, et dans
l’idée de donner une place à l’incalculable sans pour autant délaisser le calcul, il a porté
l’idée d’introduire dans ce domaine des champs incalculables, notamment pour (re)donner un
rôle à la délibération.
</p><!-- l. 33 --><p class="indent"> L’incalculable est, en un sens, à l’origine de l’informatique notamment avec les théorèmes
de Gödel avec lesquels fut introduite la notion de codage. En effet, l’incomplétude démontrée
par Gödel signifie que certaines assertions, formulables dans une théorie logique suffisamment
riche pour pouvoir traiter l’arithmétique, ne sont ni prouvables ni réfutables dans cette même
théorie. L’informatique théorique est donc plus riche et subtile que certaines rhétoriques
contemporaines régressives affirmant que tout est calculable. Ces discours portent néanmoins
sur une question un peu différente de celle à l’origine de l’informatique. Les théorèmes de
Gödel portent sur des aspects purement logico-mathématiques, alors qu’il s’agit plutôt
d’interroger le rapport entre l’informatique et les sciences naturelles et sociales. Chez
Bernard Stiegler il s’agit plus précisément d’avoir une approche organologique, en
abordant l’informatique comme structurante — ou destructrice — pour la noèse, en
un mot la pensée en tant qu’elle est aussi la capacité à panser la toxicité d’une
situation.
</p><!-- l. 35 --><p class="indent"> Pour progresser sur la question du rapport entre l’informatique et le calculable, je propose de
réinterpréter l’objet de l’informatique théorique puis de faire un détour par la biologie
théorique où la question d’un symbole qui empêche de calculer se pose. Enfin, je reviens vers
l’informatique en transférant de manière critique certains concepts issus de mes travaux en
biologie théorique.
</p>
<h3 class="sectionHead" id="x1-10001"><span class="titlemark">1 </span> L’informatique théorique comme science humaine</h3>
<!-- l. 39 --><p class="noindent">L’informatique théorique provient dans une très large mesure des débats en logique
mathématique ayant eu lieu au début du XXe siècle. Avec l’apparition de contradictions en
mathématiques à la fin du XIXe siècle, des mathématiciens et philosophes se sont tournés
vers la logique, et la formalisation de la preuve mathématique, pour asseoir cette dernière sur
des bases fiables. Ce projet a cependant été mis à mal par les théorèmes de Gödel
montrant les limites intrinsèques des formalismes logiques.
</p><!-- l. 41 --><p class="indent"> Une des retombées de ces travaux est la conception de l’ordinateur, notamment à travers
l’œuvre de Turing. Turing a en effet proposé un formalisme logique basé sur le schéma d’une
machine lisant et écrivant sur un ruban. Cette machine formelle est équivalente à d’autres
formalismes logiques permettant de définir ce qu’est un calcul, la thèse de Church-Turing
posant que les divers formalismes définissant ce qui est calculable conduisent <span class="ecti-1000">in fine </span>à des
résultats équivalents. Notons que cette thèse a un statut épistémologique rare
dans le domaine des mathématiques. Elle ne peut être prouvée, car il n’y a pas
de définition formelle de l’ensemble de ces formalismes. Ce n’est qu’une fois deux
formalismes donnés que l’on peut prouver qu’ils sont équivalents et alors l’on dispose d’un
théorème, limité à ces deux formalismes. La thèse de Church-Turing concernant
l’ensemble des formalismes, elle, n’a pas le statut d’un théorème mais constitue une
thèse.
</p><!-- l. 43 --><p class="indent"> L’ordinateur provient donc d’une problématique logico-mathématique : que peut-on
déduire à partir d’axiomes, ou, en termes de machines de Turing, quels processus de calcul se
terminent ? Nous insistons à ce stade sur un point central : ces cadres mathématiques
permettent de comprendre ce que peut la machine. La règle du calcul effectué par la machine,
tout comme ses entrées, sont posés par hypothèse. D’un point de vue logique, elle est de
l’ordre de l’axiome.
</p><!-- l. 45 --><p class="indent"> Cette perspective a constitué une fin pour la conception des ordinateurs, machines permettant
d’effectuer des calculs au sens de la thèse de Church-Turing. Les calculs effectués par un
ordinateur sont alors définis par des programmes, à un haut niveau d’abstraction par rapport à
la réalisation matérielle, concrète, de la machine. Une partie importante de l’informatique
théorique classique a consisté à élaborer une diversité de formalismes permettant de penser
différemment ce qu’est un programme, mais toujours avec l’idée que ces changements formels ne
transforment pas ce qui est calculable et ce qui ne l’est pas (à l’exception de langages
très simples qui ne permettent pas de calculer toutes les fonctions des machines de
Turing).
</p><!-- l. 47 --><p class="indent"> Dans cette informatique théorique, l’objet théorique est la machine isolée, effectuant des
calculs dont les propriétés sont stipulées par ailleurs. Le programmeur est extérieur à la
théorie. Si l’on fait une analogie avec les conceptions historiques de la physique où le monde est
pensé comme étant écrit par Dieu en langage mathématique, alors le programmeur donne la
« loi » de la machine, il est en quelque sorte dans une position divine. Cette perspective signifie
aussi que l’on pose que l’on ne dispose d’aucun élément théorique concernant le
programmeur.
</p><!-- l. 49 --><p class="indent"> La distinction entre programmeur et utilisateur est d’ailleurs poreuse. D’un point de vue
logico-mathématiques, Turing a introduit le concept de machine de Turing universelle, une
machine permettant d’effectuer les mêmes calculs que n’importe quelle autre machine sur
n’importe quelle entrée, en codant les propriétés de la machine ciblée dans l’entrée. Ce geste
théorique a un sens tout à fait pratique. Qu’il s’agisse du téléchargement d’un
programme ou de son entrée par un clavier dans le travail d’un programmeur, une
entrée devient une règle de calcul dès lors que le programme est exécuté. En ce
sens, il est nécessaire que le programmeur, que l’on associe généralement à la
définition de la machine, c’est-à-dire de la règle de calcul, et l’utilisateur, que l’on associe
à l’entrée, aient <span class="ecti-1000">in fine </span>le même statut théorique pour ce qui est de l’analyse du
calcul. Cette continuité se retrouve par ailleurs dans les approches d’apprentissage
machine, en particulier le deep learning. Dans ces approches, le calcul effectué sur une
entrée donnée dépend à la fois d’un programme générique mais aussi d’autres
données utilisées préalablement en entrée dans la phase « d’apprentissage » de la
machine.
</p><!-- l. 51 --><p class="indent"> Concevoir l’informatique théorique à partir du calcul de la machine isolée pouvait se
justifier à l’origine des ordinateurs, lorsque la difficulté principale consistait à faire émerger ce
nouveau type de machine. Il se justifiait d’autant plus que l’ordinateur se posait comme la
machinisation, l’exosomatisation chez Stiegler, de la partie de l’esprit humain que des
philosophes comme Frege pensaientt comme étant la plus rationnelle et la plus sûre,
spécifiquement la logique. Aujourd’hui, où les ordinateurs sont omniprésents, sous
des formes diverses, et mis en réseaux, cette perspective nous semble par contre bien
insuffisante, car elle ne prend pas en compte les conséquences des ordinateurs sur la
noèse.
</p><!-- l. 53 --><p class="indent"> Ma réponse à l’appel de Bernard Stiegler à refonder l’informatique théorique
consiste alors à changer son objet. Plutôt que de considérer la machine déroulant son
calcul de manière isolée, il s’agit de considérer les machines en lien avec les êtres
noétiques.
</p><!-- l. 55 --><p class="indent"> Ce geste théorique a plusieurs conséquences immédiates. La première est que
l’informatique théorique ne doit pas se limiter à considérer les effets des programmeurs et
utilisateurs sur les machines mais doit aussi considérer les effets des machines sur ces derniers. En
particulier, étant donné que les ordinateurs dépendent des savoirs humains pour exister, si
l’informatique conduit à une prolétarisation excessive, c’est-à-dire à une perte de ces savoirs,
alors elle risque de conduire à la destruction de ses propres conditions de possibilité.
L’informatique théorique pourrait bien alors posséder une cohérence interne, mais elle serait
pourtant fondamentalement irrationnelle.
</p><!-- l. 57 --><p class="indent"> La seconde conséquence de ce geste est que l’informatique théorique classique ne traite alors
que d’un cas très particulier, le cas où la machine est laissée seule à son calcul. Or ce n’est
pas ce que font les machines concrètes, elles sont utilisées de manière interactive et leurs
programmes sont couramment transformés. Il s’ensuit que l’informatique théorique
classique ne permet pas de comprendre les trajectoires réelles (observables) de ces
objets que sont les ordinateurs. De ce point de vue, l’informatique théorique classique
deviendrait un cas limite d’une nouvelle informatique théorique, de même que la
mécanique classique est un cas limite de la relativité générale, le cas où les vitesses et
les masses sont faibles. Dans le cas de l’informatique, il s’agirait du cas où l’input
et la programmation de la machine est donnée, et la machine calcule de manière
isolée.
</p><!-- l. 60 --><p class="indent"> Il existe bien des approches théoriques pour traiter les situations de parallélisme, par
exemple dans la situation où plusieurs utilisateurs en ligne essayent de commander une seule
place de concert disponible, mais ces approches se limitent à faire en sorte que dans tous les cas
le programme se déroule de manière conforme aux fins du programmeur (et de son employeur
ou commanditaire). En l’espèce il s’agit de faire en sorte qu’un seul utilisateur puisse payer
pour cette unique place disponible – le problème est alors équivalent aux enjeux
techniques du parallélisme (plusieurs calculs effectués en parallèle, de manière
asynchrone, ce qui introduit de l’aléatoire tout comme les activités des utilisateurs
agissant en parallèle), qui sortent du cadre strict des machines de Turing, lesquelles
sont déterministes. Ces approches sont donc très loin de théoriser l’activité des
utilisateurs.
</p><!-- l. 62 --><p class="indent"> Par contre, il existe un cadre, ou plutôt la convergence de deux cadres, que l’on peut
considérer comme une esquisse d’informatique théorique étendue – une esquisse biaisée et
particulièrement pathogène. Il s’agit de la convergence entre l’informatique et les sciences
cognitives, telle qu’enseignée à Stanford, qui est à la base de nombreuses plateformes et
mécaniques de jeux vidéo conçues pour rendre l’utilisateur addict, et plus généralement
pour que son comportement suive les intérêts de l’éditeur. Cette convergence ne pense pas la
question du développement biologique et psychologique, bien qu’elle vise dans certain cas
l’éducation, et elle n’aborde pas la question de la noèse, la pensée, au-delà de quelques
propriétés très simples. Elle signale cependant l’importance d’envisager une alternative
théorique à cette convergence, alternative qui ne s’oriente pas vers une opportunité
économique à court terme mais vers un soin apporté à l’informatique et à la
noèse.
</p><!-- l. 64 --><p class="indent"> Pour repenser l’informatique théorique, faisons un détour par la biologique théorique. Dans
ce domaine, certains concepts, idées et questions peuvent permettre d’enrichir la réflexion sur
l’informatique, et ceci notamment dans sa relation à l’écriture mathématique.
</p><!-- l. 66 --><p class="noindent">
</p>
<h3 class="sectionHead" id="x1-20002"><span class="titlemark">2 </span> Il faut qu’il y ait en biologie théorique un symbole tel qu’il empêche de calculer</h3>
<!-- l. 68 --><p class="noindent">Dans cette partie, nous allons aborder certaines questions de biologie théorique pour arriver à
l’introduction récente d’un symbole ayant une épistémologie qui nous semble novatrice
(<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span> </span>et <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mossio</span> </span><a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@momoidentity2019">2020</a>).
</p><!-- l. 70 --><p class="indent"> Le point de départ de cette analyse est la théorisation de l’historicité du vivant, bien
évidemment dans la lignée de la théorie de l’évolution. Contrairement à la génétique
des populations, ce qui nous intéresse ici n’est pas la mathématisation de certains
mécanismes évolutifs. Il s’agit plutôt de nous concentrer sur la contrepartie théorique et
épistémologique de ce caractère historique du vivant, notamment concernant sa
mathématisation.
</p><!-- l. 72 --><p class="indent"> La mathématisation en sciences de la nature provient historiquement de la physique et
c’est dans ce domaine qu’elle est la plus développée. Pour décrire rapidement la
situation, cette mathématisation passe par l’idée que le changement ayant lieu dans un
phénomène puisse être compris sur la base d’une invariance plus fondamentale
que ce changement (<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Bailly</span> </span>et <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Longo</span> </span><a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@bailly2006">2006</a>). L’espace des possibles est donné à
l’avance et la trajectoire ou la structure finale d’un phénomène dérive de structures
prédéfinies, telles que les symétries données par des principes théoriques — par
exemple, les symétries de l’espace-temps des relativités Galiléenne, restreinte ou
générale.
</p><!-- l. 74 --><p class="indent"> Prendre au sérieux l’historicité du vivant signifie, à mon sens, que l’on ne peut plus
comprendre le changement par l’invariance. Au contraire, il faut comprendre comment, non
seulement la forme des êtres vivants change, mais aussi leurs physiologies, leurs modes de
reproductions, leurs fonctions et <span class="ecti-1000">in fine </span>les invariants que l’on semble parfois pouvoir distinguer en
regardant certains spécimens. Il s’agit alors de postuler l’historicité, et notamment le fait que les
êtres vivants puissent varier en un sens fort, c’est-à-dire sans invariance sous-jacente
(<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span></span>, <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mossio</span> </span>et al. <a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@chaptervariation">2016</a>). Ceci étant posé, il ne s’agit pas pour autant
d’abandonner, pour la biologie, le concept d’invariance, mais celui-ci n’est plus premier. Une
invariance donnée est alors locale, limitée à une famille plus ou moins large d’êtres
vivants, et contingente au sens où certains d’entre eux peuvent la faire varier. Nous avons
appelé ces invariants locaux des contraintes (<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span> </span>et <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mossio</span> </span><a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@Montevil2015c">2015</a> ; <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Soto</span> </span>et al.
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@chapterccl">2016</a>).
</p><!-- l. 76 --><p class="indent"> Les contraintes ont plusieurs rôles théoriques. Elles canalisent et structurent des processus
de transformations. Par exemple, l’ADN comme contrainte canalise les processus de production de
protéines, ou les os du bras limitent les mouvements possibles pour ce dernier. Ce faisant les
contraintes rendent possibles des processus qui n’auraient pas lieu sans ces contraintes. Ainsi, sans
l’ADN, des protéines formées aléatoirement ne seraient que rarement fonctionnelles, et sans les
os du bras, la plupart de ses mouvements ne seraient pas possibles. Les contraintes
limitent aussi, notamment, l’état par défaut des cellules : la prolifération et la
motilité.
</p><!-- l. 78 --><p class="indent"> Les contraintes d’un organisme ont une autre propriété remarquable, elles se maintiennent
collectivement, par le biais des processus qu’elles contraignent. Ainsi, les séquences d’ADN
contraignent la transcription de l’ARN messager, lequel contraint la production de protéines, et,
parmi ces dernières, certaines contraignent divers processus, maintenant la structure de l’ADN.
Le même type de circularité se retrouve à des niveaux beaucoup plus macroscopiques, par
exemple entre les organes d’un vertébré. Cette propriété, que l’on a appelé clôture entre
contraintes, ne signifie pas que l’organisme se maintienne à l’identique. Il doit juste maintenir ses
contraintes pour que ces dernières durent face à la croissance spontanée de leur
entropie, et donc à la disparition de leur invariance (qui reste locale et en un sens
contingente).
</p><!-- l. 80 --><p class="indent"> Enfin, les contraintes jouent un rôle causal diachronique au sens où elles permettent
l’apparition de nouveautés. Par exemple, les mâchoires articulées ont permis l’apparition de
dents, et toutes sortes de fonctions comme la protection des œufs chez certains poissons à
nageoire rayonnée (par exemple <span class="ecti-1000">Opistognathus aurifrons</span>), le transport de petits, ou la parole
articulée chez <span class="ecti-1000">Homo sapiens</span>.
</p><!-- l. 84 --><p class="indent"> Si les contraintes permettent d’aborder certains aspects d’un organisme donné, dans un
contexte donné, elles ne permettent pas de définir cet organisme. Rappelons qu’en physique
la définition théorique d’un objet est donnée par ses invariants et symétrie, et
plus généralement par un cadre théorique mathématisé. Il s’ensuit que l’objet
théorique est générique au sens où tous les électrons, par exemple, suivent les
mêmes équations – ils n’ont aucune singularité au sens philosophique du terme. Ceci a
des conséquences très pratiques. La vitesse de la lumière est définie comme la
vitesse de n’importe quel rayon lumineux dans le vide (ou de n’importe quel photon
d’un point de vue corpusculaire). La capacité à définir ainsi les objets sur le plan
de la théorie permet aussi une certaine séparation entre l’objet concret et l’objet
théorique. Il n’est pas nécessaire d’ancrer l’objet théorique à un objet concret particulier
(le mètre étalon n’a une utilité que pratique, s’il était détruit il pourrait être
reconstruit). En biologie, nous ne possédons pas de telles constructions théoriques
parce que, d’un part, les organismes sont constitués d’une multiplicité de contraintes
particulières qui sont apparues au cours du temps et d’autre part ces contraintes continuent
à changer, même dans des conditions standardisées de laboratoire (<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span></span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@montevilmeasure">2019a</a>).
</p><!-- l. 86 --><p class="indent"> Il est alors intéressant de rappeler l’originalité épistémologique remarquable de la
méthode phylogénétique de classification du vivant (<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Lecointre</span> </span>et <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Le </span><span class="small-caps">Guyader</span> </span><a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@lecointre2001classification">2006</a>). Dans
cette méthode, les biologistes n’ambitionnent pas de décrire les êtres vivants par les relations
entre leurs parties et l’invariance de ces relations, comme pour les systèmes physiques.
Ils définissent les groupes comme étant l’ensemble des descendants d’un ancêtre
commun. Ce dernier est théorique, il n’est pas identifié concrètement. En pratique,
les spécimens sont donc mis en relation par leurs apparentements estimés. Ainsi,
les mammifères possèdent des caractères communs que les oiseaux n’ont pas, ils
ont donc très vraisemblablement un ancêtre commun que n’ont pas les oiseaux et
forment un groupe. Puisque les objets ne peuvent pas être décrits par des invariants
provenant de leur détermination théorique, les biologistes s’appuient sur un autre type
d’invariance, celle du passé commun à ces objets, passé défini par la généalogie
sous-jacente à la théorie de l’évolution. En définissant les objets par leurs passés, cette
perspective permet de ne limiter en rien les variations que le cadre théorique permet
d’accueillir.
</p><!-- l. 88 --><p class="indent"> Cette méthode comporte un second point qui pour nous est significatif. La définition
opératoire d’un groupe ne peut pas passer par un ancêtre commun car celui-ci est inconnu, ni
par l’invariance de sa structure causale, car cette dernière varie. Elle passe donc par la
référence à un spécimen particulier, appelé un holotype. Ce dernier n’est pas l’ancêtre
commun, qui sert à définir un groupe comme étant l’ensemble descendance, il est
un point de référence permettant de fixer le sens d’un nom dans la classification.
Contrairement à la physique, la désignation d’objets concrets est donc nécessaire dans
l’épistémologie de cette classification, et, par extension, à l’épistémologie de la biologie, car
la classification donne les noms des objets qu’elle étudie. Bien évidemment, dans la pratique
expérimentale en biologie, d’autres éléments peuvent être ajoutés à la définition
d’un objet biologique, tel que la généalogie connue lorsqu’elle correspond à des
animaux élevés en laboratoires, et le milieu dans lequel ils vivent. Ces aspects ne
changent cependant pas l’enjeu épistémologique qui consiste à définir dans une
large mesure les objets par leur passé plutôt que par ce qu’ils font (<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span></span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@montevilmeasure">2019a</a>).
</p><!-- l. 90 --><p class="indent"> L’écriture mathématique, en physique, est fondée sur l’invariance des relations entre
grandeurs pertinentes. Ceci ne correspond pas aux conditions théoriques et épistémologiques
de la biologie. Pour s’appuyer sur l’épistémologie de l’historicité esquissée ci-dessus,
nous avons introduit un nouveau type de symbole en biologie théorique, noté
<!-- l. 90 --><math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML"><mi>χ</mi></math>
(<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span> </span>et <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mossio</span> </span><a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@momoidentity2019">2020</a>). Il s’agit ici d’un symbole plutôt que d’une grandeur, ou d’une
variable, car l’épistémologie de ce symbole passe par la référence à un objet concret, par
exemple un type de la classification phylogénétique (mais cette approche générale peut
être adaptée à la diversité des situations rencontrées pour en tenir compte avec
précision).
</p><!-- l. 92 --><p class="indent"> Ce symbole remplit plusieurs rôles épistémologiques. Il permet tout d’abord de rendre
compte explicitement, au sein de la description formelle des objets, de la définition d’un objet par
son passé. Mais il vise aussi à accueillir dans ces formalismes l’éventualité de variations dont
la nature ne peut pas être prédite, l’apparition de nouveauté en un sens fort (<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span></span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@novelty2017">2019b</a>). Il ne s’agit pas pour autant d’abandonner les contraintes, comme invariance locale, mais
de les articuler formellement à ce type de symbole. Ceci permet, par exemple, de rendre
compte des contraintes dont la fonction principale est d’engendrer des nouveautés, sans
pour autant que la nature de ces dernières soit donnée par avance. L’articulation de
<!-- l. 92 --><math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML"><mi>χ</mi></math> et des
contraintes permet d’historiciser ces dernières explicitement, par contre ce cadre implique que la
validité d’une contrainte précise peut toujours être remise en question par une variation
possible, ces dernières étant bien évidemment plus ou moins fréquentes et importantes
suivant les contraintes considérées.
</p><!-- l. 94 --><p class="indent"> Le symbole <!-- l. 94 --><math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML"><mi>χ</mi></math>
rend donc compte d’une partie de la détermination théorique de l’objet biologique qui n’est pas
saisie par une invariance sous-jacente et qui de ce fait ne permet pas le calcul, notamment pour ce
qui est de prédire l’apparition de nouveautés fonctionnelles. L’originalité de cette approche est
l’articulation de cet incalculable à des considérations épistémologique et méthodologiques
précises rendant compte d’éléments essentiels de la biologie : la classification du vivant
mais aussi certains aspects des pratiques expérimentales. Ces considérations sont
par ailleurs fréquemment oubliées dans d’autres domaines de la biologie, la biologie
expérimentale typiquement, à cause de perspectives épistémologiques héritées de la
physique sans que ces domaines ne réunissent toutefois les conditions théoriques
de ces théories physiques. Ici, l’utilisation d’un nouveau symbole provient donc du
croisement de deux épistémologies, l’épistémologie relationnelle de la modélisation
mathématiques telle que pratiquée en physique, et se manifestant ici à travers le
concept de contraintes, et l’épistémologie historique issue notamment de la biologie de
l’évolution.
</p><!-- l. 96 --><p class="noindent">
</p>
<h3 class="sectionHead" id="x1-30003"><span class="titlemark">3 </span> Vers une nouvelle informatique théorique</h3>
<!-- l. 98 --><p class="noindent">Nous souhaitons maintenant suggérer que certains concepts de biologie théorique
pourraient être mobilisés pour donner de nouvelles perspectives à l’informatique
théorique. Ce type de discussion demande cependant toujours un recul critique. Certains
concepts, comme l’état par défaut des cellules n’ont pas de contrepartie évidente en
informatique. Par contre, d’autres concepts participent d’une réflexion sur l’articulation
entre historicité et mathématiques, et leur pertinence est plus immédiate. En un
sens, l’historicité est propre au vivant, mais l’étude du vivant ne se limite pas à la
biologie. Les êtres humains, les sociétés humaines, et les artefacts qu’ils produisent
participent aussi du vivant, avec des particularités théoriques, notamment la noèse. Bien
évidemment nous nous somme concentré, dans la discussion précédente, sur des questions
de biologie théorique dont nous pensons qu’elles ont une pertinence pour repenser
l’informatique.
</p><!-- l. 101 --><p class="indent"> Le premier concept que nous pensons pertinent est le concept de contrainte. Une contrainte
est d’abord une invariance locale, maintenue loin du maximum d’entropie. Ainsi, le
hardware d’un ordinateur ou d’un smartphone est une contrainte à la fois sur la manière
dont l’énergie libre sous forme électrique, venant du secteur ou d’une batterie, est
dissipée. Ils constituent aussi une contrainte pour les programmeurs et utilisateurs
car ils ne changent pas et ont néanmoins un rôle de nature causale vis-à-vis des
processus ayant lieu. Ajoutons que, toujours au niveau du matériel, le concept de clôture
entre contraintes a une pertinence. Le matériel doit être maintenu, que cela soit par
l’entretien, souvent limité à retirer la poussière s’accumulant dans la ventilation
d’un ordinateur, ou plus souvent par le remplacement de composants ou des machines
entières — ces dernières subissent la croissance de leur entropie, ce qui conduit à leurs
dysfonctionnements. Les composants où ces phénomènes sont les plus perceptibles sont
les batteries, dont la capacité diminue au cours du temps, et les périphériques de
stockage, comme les disques durs et les SSD qui fonctionnent grâce à une certaine
redondance tel que l’utilisation de secteurs supplémentaire permettant de remplacer
les secteurs devenus défectueux. Le matériel a aussi un rôle diachronique au sens
où il contribue à rendre possible l’apparition de nouvelles contraintes, y compris la
production de nouveau matériel (aujourd’hui il faut des ordinateurs pour construire des
ordinateurs).
</p><!-- l. 103 --><p class="indent"> Le concept de contrainte est aussi pertinent pour comprendre le logiciel. Le logiciel contraint,
notamment, l’activité de l’utilisateur, mais il ne le détermine pas aussi fortement que les
principes physiques déterminent le comportement d’un objet en physique. Comme dans le
cas du matériel, le code d’un logiciel est maintenu activement, notamment par les
processus de copie leur permettant de durer au-delà de la durée de vie de leur support.
Ce que les programmeurs appellent le maintien d’un logiciel est cependant distinct,
il s’agit de s’assurer qu’ils fonctionnent toujours alors que certains des logiciels dont
il dépend changent, et aussi de corriger les failles de sécurité qui peuvent être
détectée. Penser le logiciel comme contrainte signifie que, tout comme la géométrie et la
rigidité des os d’un bras à la fois contraignent et rendent possible son mouvement,
le logiciel à la fois contraint ce qui est possible tout en permettant ou en facilitant
certains processus. En biologie, certaines contraintes ont d’abord comme fonction de
maintenir d’autres contraintes tandis que d’autres, appelées contraintes propulsives, ont un
rôle de nature plus fondamentalement diachronique, participant de l’apparition de
nouvelles contraintes (<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Miquel</span> </span>et <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Hwang</span> </span><a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@chapterPA">2016</a>). Notons que, transposées dans ce
vocabulaire, les rétentions tertiaires, comme l’écriture, sont elles-mêmes aussi des
contraintes.
</p><!-- l. 105 --><p class="indent"> À ce stade, il est intéressant de comparer les concepts de contrainte et de pharmakon. Ces
concepts ne recouvrent pas tout à fait les mêmes questions, le concept de contrainte étant plus
local — il ne comprend pas par lui-même la question du rôle de ces contraintes dans une
organisation. Néanmoins, les contraintes ont l’ambivalence du pharmakon au sens où une
contrainte limite les possibles tout en les constituant. En l’espèce, la question de l’ouverture ou
de la fermeture des possibles concernant les logiciels est une question éminemment
pharmacologique … et pressante. Si l’articulation entre informatique et sciences cognitives
mentionnée plus haut sert d’abord à accorder le comportement de l’utilisateur aux intérêts de
l’éditeur, c’est typiquement par des stratégies basées sur une addiction pathologique,
ou la capacité des utilisateurs à produire des nouvelles possibilités est fortement
dégradée. Ces questions renvoient naturellement à celle du design, et à celle des fins du
design.
</p><!-- l. 107 --><p class="indent"> Notons que, du côté de la programmation, l’informatique théorique classique ne tient un
propos précis que concernant le fonctionnement des programmes, laissant donc ainsi de côté les
changements de ces programmes, c’est-à-dire les processus de programmation. En un sens, ces
changements constituent pourtant paradoxalement une de leurs préoccupations centrales. Nous
avons vu, avec la thèse de Church-Turing, que tous les formalismes sont considérés comme
équivalents pour ce qui est de ce qu’ils permettent de calculer. Dans la pratique concrète, cela
signifie que tous les langages suffisamment riches permettent de calculer les mêmes fonctions.
Pourquoi, alors, introduire de nouveaux formalismes et langages ? La raison principale,
à notre sens, est que ces différentes approches du calcul permettent de traiter les
problèmes suivant des perspectives différentes, et que certains problèmes sont plus
aisés à aborder suivant une perspective ou une autre. Dans la pratique, les langages
peuvent, de plus, avoir un niveau d’abstraction plus ou moins élevé par rapport
à ce qu’il se passe dans l’architecture matérielle concrète, l’abstraction ayant des
avantages comme la facilité et la portabilité vers différentes architectures, et des
inconvénients comme un contrôle moins précis des processus et généralement une
rapidité moins grande. Penser les langages de programmation eux-mêmes, et plus
spécifiquement leur implémentation dans un logiciel interprétant le code tel qu’un
compilateur, comme des contraintes permet de surmonter ce paradoxe. Ils agissent comme
contrainte à la fois pour la compilation ou l’exécution du code et sur l’activité des
programmeurs.
</p><!-- l. 109 --><p class="indent"> Cette analyse est aussi pertinente pour ce qui est du code lui-même, lequel agit comme une
contrainte sur deux processus distincts. Le code définit un logiciel comme contrainte, et en
même temps, il joue le rôle d’un texte lisible par les pairs. Ce deuxième rôle se manifeste
notamment à travers les commentaires qui n’ont pas de rôle pour l’exécution du code mais
servent à en faciliter la compréhension. Si cette compréhension vise parfois un rôle
pédagogique, elle vise aussi et surtout à permettre de retravailler ce code, donc à le changer.
Les commentaires jouent donc un rôle diachronique, autrement dit, ils constituent des contraintes
propulsives. De même, ce double rôle apparaît pour la partie du code utilisée
par la machine à travers un compromis fréquent entre l’optimisation du calcul et sa
lisibilité.
</p><!-- l. 112 --><p class="indent"> Penser l’informatique à travers le concept de contrainte vise aussi à repenser le lien
entre informatique et mathématiques. L’informatique théorique classique émane des
mathématiques, et les mathématiques utilisées sont pour l’essentiel discrètes. Elles
correspondent à des situations où la mesure peut être en principe parfaite et la
détermination est laplacienne comme le souligne Turing lui-même (<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Turing</span> </span><a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Montevil-Informatique-theorique-Stiegler/#cite.0@turing1950">1950</a>). À
l’opposé, nous avons introduit le concept de contrainte précisément pour rendre
compte des limites de la description mathématique des objets biologiques, limites dues
au croisement de deux épistémologies distinctes, celle de l’historicité d’une part
et celle des relations entre les parties d’un système de l’autre. Introduire ce concept
en informatique signifie alors que l’objet théorique de l’informatique ne suit pas un
cadre mathématique stable, mais comporte une historicité fondamentale. Si l’on
considère un ordinateur donné, la trajectoire suivie n’est plus alors le déroulement d’un
programme sur une entrée donnée, mais une relation permanente entre des contraintes
exosomatiques (le matériel, les logiciels) et l’utilisateur. A fortiori, ce point de vue est
essentiel lorsque l’utilisateur change le code des logiciels qu’il utilise — ou, de manière
plus rare mais néanmoins essentielle, lorsqu’il participe à concevoir et construire du
matériel.
</p><!-- l. 114 --><p class="indent"> Ceci nous conduit alors, à envisager d’introduire en informatique théorique quelque chose comme
le symbole <!-- l. 114 --><math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML"><mi>χ</mi></math>
introduit en biologie. Nous ne disposons pas encore d’un cadre élaboré pour
ce faire, mais nous pouvons introduire certaines remarques. Ici, la contribution de la
classification phylogénétique du vivant n’est plus réellement pertinente, mais
la définition de l’utilisateur par son histoire peut l’être — rejoignant ainsi la
médecine où l’histoire du patient est essentielle. La manipulation théorique de
<!-- l. 114 --><math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML"><mi>χ</mi></math> dépend des enjeux à
traiter. Par exemple, <!-- l. 114 --><math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML"><mi>χ</mi></math>
permet de porter l’idée que les savoirs ne sont jamais d’ordre purement synchronique, ils
sont d’abord diachroniques. En tant que tels ils sont surtout portés par des personnes
et des groupes précis, ce qui rejoint l’utilisation des types dans la classification en
biologie.
</p><!-- l. 116 --><p class="indent"> Pour conclure, l’informatique théorique peut être vue sous deux angles qui, bien que
distincts, sont fortement liés. Elle peut être un cadre pour concevoir les machines et les logiciels
et elle peut être aussi un cadre pour comprendre ce que font ces machines. On pourrait objecter
à l’idée de penser l’informatique avec le concept de contrainte, que ce concept est surtout
pertinent pour ce deuxième sens d’informatique théorique, orienté vers la compréhension. Or
ce n’est précisément pas l’enjeu ici, car une théorie permettant une compréhension plus
précise de ce que font les ordinateurs vise bien à alimenter la pratique en laissant de côté une
conception réductionniste de l’informatique où seul compterait, <span class="ecti-1000">in fine</span>, la machine isolée et ses
capacités alors que l’utilisateur et le programmeur sont considérés comme radicalement
inconnus. Contre cette dichotomie, refonder l’informatique théorique vise donc à
réinsérer la noèse dans l’informatique comme question fondamentale pour le travail des
informaticiens.
</p><!-- l. 123 --><p class="noindent">
</p>
<h3 class="sectionHead" id="x1-40003">Références</h3>
<!-- l. 123 --><p class="noindent">
</p><dl class="thebibliography"><dt class="thebibliography" id="X0-bailly2006">
</dt><dd class="thebibliography" id="bib-1">
<!-- l. 123 --><p class="noindent"><a id="cite.0@bailly2006"></a><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Bailly</span></span>, F. et G. <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Longo</span> </span>(2006). <span class="ecti-1000">Mathématiques & sciences de la nature : la singularité
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</p></dd><dt class="thebibliography" id="X0-lecointre2001classification">
</dt><dd class="thebibliography" id="bib-2">
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</p></dd><dt class="thebibliography" id="X0-chapterPA">
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</p></dd><dt class="thebibliography" id="X0-novelty2017">
</dt><dd class="thebibliography" id="bib-5">
<!-- l. 123 --><p class="noindent"><a id="cite.0@novelty2017"></a><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span></span>, M. (nov. 2019b). « Possibility spaces and the notion of novelty : from music
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</p></dd><dt class="thebibliography" id="X0-Montevil2015c">
</dt><dd class="thebibliography" id="bib-6">
<!-- l. 123 --><p class="noindent"><a id="cite.0@Montevil2015c"></a><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span></span>, M. et M. <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mossio</span> </span>(mai 2015). « Biological organisation as closure of constraints ».
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</p></dd><dt class="thebibliography" id="X0-momoidentity2019">
</dt><dd class="thebibliography" id="bib-7">
<!-- l. 123 --><p class="noindent"><a id="cite.0@momoidentity2019"></a><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span></span>, M. et M. <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mossio</span> </span>(juin 2020). « The Identity of Organisms in Scientific
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</p></dd><dt class="thebibliography" id="X0-chaptervariation">
</dt><dd class="thebibliography" id="bib-8">
<!-- l. 123 --><p class="noindent"><a id="cite.0@chaptervariation"></a><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mont</span></span><span class="eccc1000-">é<span class="small-caps">vil</span></span>, M., M. <span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Mossio</span> </span>et al. (août 2016). « Theoretical principles for biology :
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</p></dd><dt class="thebibliography" id="X0-stieglerMauss">
</dt><dd class="thebibliography" id="bib-9">
<!-- l. 123 --><p class="noindent"><a id="cite.0@stieglerMauss"></a><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Petit</span></span>, C. (mai 2019). « L’impact de la technologie sur l’emploi, l’économie et la
société (4). Entretien avec Bernard Stiegler ». In : <span class="ecti-1000">Revue du MAUSS permanente, </span><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">url</span> </span>:
<a href="http://www.journaldumauss.net/?L-impact-de-la-technologie-sur-l-emploi-l-economie-et-la-societe-4-Entretien" class="url"><span class="ectt-1000">http://www.journaldumauss.net/./?L-impact-de-la-technologie-sur-l-emploi-l-economie-et-la-societe-4-Entretien</span></a>.
</p></dd><dt class="thebibliography" id="X0-chapterccl">
</dt><dd class="thebibliography" id="bib-10">
<!-- l. 123 --><p class="noindent"><a id="cite.0@chapterccl"></a><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Soto</span></span>, A. M. et al. (août 2016). « Toward a theory of organisms : Three founding
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<span class="eccc1000-"><span class="small-caps">url</span> </span>: <a href="https://montevil.org/publications/articles/2016-SLN-Conclusion-Century-Organism/" class="url"><span class="ectt-1000">https://montevil.org/publications/articles/2016-SLN-Conclusion-Century-Organism/</span></a>.
</p></dd><dt class="thebibliography" id="X0-turing1950">
</dt><dd class="thebibliography" id="bib-11">
<!-- l. 123 --><p class="noindent"><a id="cite.0@turing1950"></a><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Turing</span></span>, A. M. (1950). « Computing machinery and intelligence ». In : <span class="ecti-1000">Mind </span>59.236,
p. 433-460.</p></dd></dl>
Disruption et combinatoire en biologie2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-rencontre-cardano-v-la-nature-et-ses-souvenirs-la-revolution-combinatoire-de-la-biologie-et-ses-dangers-disruption-et-combinatoire-en-biologie/
<img alt="Cover slide from the talk “Disruption et combinatoire en biologie”" src="https://montevil.org/assets/talks/AfficheCardano2021.jpeg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Les désorganisations du vivant, dues aussi bien au changement climatique qu'aux pollutions chimiques (par les perturbateurs endocriniens), sont souvent décrites en termes de disruption. Pourtant, en biologie, la notion de disruption n'a pas encore été théorisée. Nous pensons que conceptualiser ces disruptions demande d'approfondir l'articulation entre la connaissance de la dimension systémique du vivant et de sa dimension historique. En particulier, en biologie les espaces de configurations possibles apparaissent et changent au cours du temps, mais seulement certaines configurations parmi elles sont viables - ce qui conduit à deux aspects de l'historicité biologique. La disruption serait alors la perte de ces configurations singulières, une forme de randomisation et de désindividuation, conduisant à une perte de viabilité.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2021. “Disruption et Combinatoire En Biologie.” In <i>Rencontre Cardano (V) : « La Nature et Ses Souvenirs. La Révolution Combinatoire de La Biologie et Ses Dangers</i>. <a href="https://republique-des-savoirs.fr/events/event/rencontre-cardano-v-la-nature-et-ses-souvenirs-la-revolution-combinatoire-de-la-biologie-et-ses-dangers/">https://republique-des-savoirs.fr/events/event/rencontre-cardano-v-la-nature-et-ses-souvenirs-la-revolution-combinatoire-de-la-biologie-et-ses-dangers/</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/AfficheCardano2021.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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Vivant et grammatisation : questionnements du point de vue de la biologie théorique contemporaine2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-plus-d-une-discipline-actualite-de-la-vie-la-mort-vivant-et-grammatisation-questionnements-du-point-de-vue-de-la-biologie-theorique-contemporaine/
<img alt="Cover slide from the talk “Vivant et grammatisation : questionnements du point de vue de la biologie théorique contemporaine”" src="https://montevil.org/assets/talks/la-vie-la-mort-affichette.jpg" class=" page__illustration2 u-photo viclass darkFilter" crossorigin="anonymous" />
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2021. “Vivant et Grammatisation : Questionnements Du Point de Vue de La Biologie Théorique Contemporaine.” In <i>Plus d’une Discipline : Actualité de La Vie La Mort</i>. <a href="https://llcp.univ-paris8.fr/?colloque-plus-d-une-discipline-actualite-de-la-vie-la-mort-7-8-9-10-2021">https://llcp.univ-paris8.fr/?colloque-plus-d-une-discipline-actualite-de-la-vie-la-mort-7-8-9-10-2021</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/affiche-programme-lvlm-paris-8.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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Quelle biologie théorique pour penser la (dés)organisation du vivant?2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-seminaire-cavailles-quelle-biologie-theorique-pour-penser-la-des-organisation-du-vivant/
<img alt="Cover slide from the talk “Quelle biologie théorique pour penser la (dés)organisation du vivant?”" src="https://montevil.org/assets/talks/logo-republique-savoir-v2.png" class="page__illustration u-photo viclass darkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
La biologie théorique est rarement une discipline reconnue et discutée en tant que telle, et il est courant de confondre sa pratique avec la modélisation. Nous resituerons ce domaine dans l'ensemble de la biologie en insistant sur ses spécificités méthodologiques. Nous développerons certaines questions propres à la biologie théorique, notamment des pistes de recherches que nous poursuivons actuellement. Dans un second temps, nous aborderons une application qui est un enjeu majeur dans l'Anthropocène : la théorisation de la notion de disruption, utilisée informellement par de nombreux chercheurs en biologie et en écologie.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2021. “Quelle Biologie Théorique Pour Penser La (Dés)Organisation Du Vivant?” In <i>Séminaire Cavaillès</i>. <a href="https://republique-des-savoirs.fr/events/event/seminaire-cavailles-2021-2022/">https://republique-des-savoirs.fr/events/event/seminaire-cavailles-2021-2022/</a>
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Interview par Christian Mrasilevici2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-faire-vivre-la-pensee-de-bernard-stiegler-interview-par-christian-mrasilevici/
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, Maël. 2021. “Interview Par Christian Mrasilevici.” In <i>Faire Vivre La Pensée de Bernard Stiegler</i>
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<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=3YJteHjWm24">https://www.youtube.com/watch?v=3YJteHjWm24</a></p>
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Tenet : L’entropie inversée ou l’inversion du temps2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-fictions-d-hier-sciences-d-aujourd-hui-tenet-l-entropie-inversee-ou-l-inversion-du-temps/
<img alt="Cover slide from the talk “Tenet : L’entropie inversée ou l’inversion du temps”" src="https://montevil.org/assets/talks/tenet.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Véronique Thyberghien m'a interviewé pour sa série d'été, s'appuyant sur la science fiction pour discuter de questions scientifiques contemporaines. J'aborde l'organisation biologique et l'anti-entropie, ainsi que ses disruptions dans l'Anthropocène.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Thyberghien, Véronique. 2021. “Tenet : L’entropie Inversée Ou l’inversion Du Temps.” In <i>Fictions d’Hier – Sciences d’aujourd’hui</i>. <a href="https://www.rtbf.be/auvio/detail_fictions-d-hier-sciences-d-aujourd-hui-episode-1?id=2785997">https://www.rtbf.be/auvio/detail_fictions-d-hier-sciences-d-aujourd-hui-episode-1?id=2785997</a>
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Pharmacologie du numérique2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-atelier-prendre-soin-du-numerique-pharmacologie-du-numerique/
<img alt="Cover slide from the talk “Pharmacologie du numérique”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://www.icp.fr/recherche/chaires/chaire-numerique-et-citoyennete" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Gérald Moore introduira la séance en présentant le contexte dopaminergique qu’il étudie. Inculquée par l’idéologie de « la guerre contre la drogue », la tendance est actuellement de concevoir l’addiction en terme de pathologie d’un « cerveau malade ». Une reconnaissance approfondie du système dopaminergique de récompense nous permet cependant de comprendre combien les maladies dites « hyperdopaminergjques» contemporaines dont l’addiction proviennent d’une réponse neurologique « rationnelle et adaptative » à nos environnements à la fois stressants et sous-stimulants. Pour atténuer notre consommation excessive du numérique, il faudrait aussi focaliser nos efforts sur l’amélioration des espaces non-numériques - ce qui pourrait également et paradoxalement prendre la forme de leur augmentation numérique. Marie-Claude Bossière présentera ensuite les pathologies observées et discutées dans le contexte de la Clinique Contributive que l’IRI a mis en place en Seine-Saint-Denis pour permettre aux parents de prendre soin collectivement de la surexposition de leurs jeunes enfants aux écrans. Mael Montévil conclura la séance en présentant les dimensions épistémologiques, pharmacologiques et organologiques déterminantes pour prendre soin du numérique.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Bossière, Marie-Claude, Maël Montévil, and Gerald Moore. 2021. “Pharmacologie Du Numérique.” In <i>Atelier Prendre Soin Du Numérique</i>. <a href="https://www.icp.fr/recherche/chaires/chaire-numerique-et-citoyennete">https://www.icp.fr/recherche/chaires/chaire-numerique-et-citoyennete</a>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/Atelier%20Prendre%20soin%20du%20num%C3%A9rique%20(004)-2.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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<p> </p>
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Comprendre le vivant par analogie avec l’ordinateur ou comprendre l’ordinateur par analogie avec le vivant2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-puissance-mecanicisme-et-limites-du-numerique-ontologie-mathematiques-ethique-comprendre-le-vivant-par-analogie-avec-l-ordinateur-ou-comprendre-l-ordinateur-par-analogie-avec-le-vivant/
<img alt="Cover slide from the talk “Comprendre le vivant par analogie avec l’ordinateur ou comprendre l’ordinateur par analogie avec le vivant”" src="https://image.thum.io/get/width/640/crop/600/noanimate/https://www.ciph.org/spip.php?page=activite-detail&idevt=1163" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
L’analogie entre le vivant et l’ordinateur a été introduite avec circonspection par Schrödinger, et s’est largement propagée depuis, rarement avec un sens technique précis. Les critiques sur cette perspective sont nombreuses. Nous insisterons sur le fait que cette perspective est mobilisée pour justifier ce que l’on peut appeler un « hypermécanicisme » qui est un « hyperréductionisme », par comparaison avec la mécanique classique et plus généralement la physique ou la méthode cartésienne. À l’opposé de la métaphore computationnelle, mais aussi de la réduction aux cadres physiques, nous contribuons à élaborer un cadre épistémologique et théorique pour comprendre le vivant. Dans ce cadre, l’historicité est centrale et les régularités susceptibles de mathématisation sont des contraintes dont l’existence est fondamentalement précaire et historiquement contingente. Nous proposons alors de réinterpréter l’ordinateur, non, plus comme machine de Turing mais comme constitué de contraintes. Ceci permet de comprendre que le calcul au sens de Church-Turing n’est qu’une partie de la détermination théorique de ce qui se passe effectivement dans un ordinateur, lequel se place dans un contexte plus large (utilisateur, ordinateurs en réseau, propriétés du matériel, ...) et dans une historicité technologique tant matérielle que logicielle (qui n’a de sens que dans ce contexte plus large).
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, M. 2021. “Comprendre Le Vivant Par Analogie Avec l’ordinateur Ou Comprendre l’ordinateur Par Analogie Avec Le Vivant.” In <i>Puissance, Mécanicisme et Limites Du Numérique : Ontologie, Mathématiques, Éthique</i>. <a href="https://www.ciph.org/spip.php?page=activite-detail&idevt=1163">https://www.ciph.org/spip.php?page=activite-detail&idevt=1163</a>
</div>
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<a href="https://montevil.org/assets/talks/CHIURAZZI_BAT_Colloque.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
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<p> </p>
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📚
Sciences et entropocène. Autour de Qu’appelle-t-on panser ? de Bernard Stiegler2021-01-30T00:00:00Zhttps://montevil.org/publications/articles/2021-Montevil-Stiegler-Sciences-Entropocene/
<p class="titleHead"> Sciences et entropocène<br />Autour de <span class="cmti-10">Qu’appelle-t-on panser ?</span> de Bernard Stiegler</p>
<p class="authors">Maël Montévil</p>
<p class="indent" id="introduction"> <span class="cmti-10">En examinant le second tome de </span>Qu’appelle-t-on panser (<a href="https://montevil.org/publications/articles/2021-Montevil-Stiegler-Sciences-Entropocene/#bkmRefNumPara21123843486857">1</a>)<span class="cmti-10">, le théoricien de la biologie et épistémologue Maël Montévil, qui a collaboré avec Bernard Stiegler à la fois sur des questions théoriques et sur des expérimentations territoriales, s’arrête sur le rôle des sciences dans l’Anthropocène pour souligner leur difficulté à penser cette ère et, ce faisant, à prendre soin des vivants, humains et non-humains, des techniques et des sciences elles-mêmes. Stiegler soulignait l’importance de la question de l’entropie, conduisant au concept d’entropocène. L’auteur introduit et illustre ce concept pour montrer sa pertinence d’un point de vue physique, biologique et social. Ce faisant, il insiste sur la parenté mais aussi sur les différences entre ces phénomènes. Dans le cas des humains, les savoirs jouent un rôle central pour lutter contre l’entropie, et les sciences pourraient retrouver leur compte en contribuant au développement – urgent – de savoirs territoriaux.</span></p>
<p class="indent">Lors de la crise sanitaire de la covid-19, qui a démarré en Chine à l’automne 2019 et se poursuit dans le monde en 2021, la contribution des sciences a été et reste marquée par une certaine confusion. Certes, les technologies d’observation ont eu un rôle presque immédiat – description initiale et séquençage du virus SRAS-CoV-2, puis tests de dépistage par PCR (<span class="cmti-10">Polymerase Chain Reaction</span>) ayant une efficacité certes limitée mais maîtrisée, et enfin tests immunologiques. Pour autant, la capacité à prédire la dynamique de la pandémie – ce qui requiert un passage de la technologie à la science – a été très limitée, même pour ce qui est de la seconde vague qui a commencé en Europe à l’automne 2020. De même, l’intérêt de certains traitements possibles, des masques et du confinement n’ont pas fait l’objet, dans l’ensemble, de débats scientifiques d’une bonne qualité. Pour les vaccins qui sont au centre de l’attention depuis leur mise sur le marché à la fin de 2020, la situation semble similaire, voire aggravée par les jeux spéculatifs associés aux annonces des industriels et par les intérêts économiques colossaux associés au déploiement de tels vaccins.</p>
<p class="indent">Ces événements sont complexes, et ont de multiples facettes : l’activité scientifique elle-même, les interférences d’intérêts économiques dans cette activité et l’articulation avec des discours politiques, notamment gouvernementaux. Dans cet article, je vais me concentrer sur un de ces aspects, qui est travaillé par Bernard Stiegler dans les deux tomes de <span class="cmti-10">Qu’appelle-t-on panser ?</span> : la science pense-t-elle et panse-t-elle encore ?</p>
<p class="indent">Pour cerner cette question, retraçons rapidement son contexte. Dans le tome 2 auquel l’on se référera plus particulièrement, Bernard Stiegler examine la figure de Greta Thunberg d’un point de vue politique, en s’appuyant notamment sur le philosophe Henri Bergson pour comprendre la fulgurance de cette intervention dans la vie publique. En un mot, la position de Thunberg est double. Tout d’abord, puisque les adultes n’accomplissent plus leur tâche, les mineurs se trouvent contraints d’agir et de parler en adultes pour rappeler à ces derniers leurs responsabilités. Deuxièmement, l’essentiel du propos est simple et raisonnable : il s’agit d’écouter les scientifiques et de sortir du déni, notamment sur la question climatique.</p>
<p class="indent">Bernard Stiegler a été très marqué par les réactions positives mais aussi négatives à l’intervention de Thunberg dans la vie publique. Avec Jean-Marie Le Clézio, il a cherché à répondre aux appels au meurtre à son endroit – forme extrême et significative de la réaction de déni qui reste dominante dans les politiques effectives. Ceci a conduit à la création de l’Association des Amis de la génération Thunberg (AAGT). Cette association regroupe des scientifiques, et plus généralement des universitaires ainsi que des activistes venant pour l’essentiel de <span class="cmti-10">Youth for Climate</span> et d’<span class="cmti-10">Extinction Rebellion</span> – à ces deux groupes s’ajoutent aussi les membres d’Ars Industrialis, s’intéressant aux questions technologiques et industrielles.</p>
<p class="indent">Le sens de cette association est d’abord de prendre au sérieux l’injonction de Thunberg, qui rappelle l’injonction « ose savoir » d’Horace, relue par Kant et reprise ici par Stiegler. Écouter les scientifiques est une attitude raisonnable, mais la tâche est cependant plus complexe qu’il n’y paraît. S’il y a parfois des consensus scientifiques lorsqu’on considère les choses un peu grossièrement, par exemple à propos de l’existence d’un changement climatique causé par les émissions des gaz à effets de serre, le cœur de l’activité scientifique est d’abord le dissensus, qui consiste en l’espèce de juger de l’importance de tel ou tel aspect du changement planétaire, ou de la manière de comprendre et modéliser ce réchauffement. La science ne dit pas le vrai, elle n’est elle-même que lorsqu’elle accueille en son sein une pluralité de vues se confrontant au réel et se confrontant entre elles sur le plan théorique.</p>
<p class="indent">Sur cette base, écouter les scientifiques est une tâche qui se complexifie. Avec l’AAGT et plus généralement la recherche contributive, Bernard Stiegler ouvre une voie qui permet aux activistes, mais aussi aux professionnels et aux habitants de travailler avec les scientifiques pour produire une dynamique de réappropriation des connaissances et de développement de savoirs, à même de permettre à la société de bifurquer de sa trajectoire mortifère à tous les niveaux.</p>
<p class="indent">Cet agencement entre différents publics a aussi pour intérêt de donner une nouvelle perspective au travail universitaire et ainsi d’en prendre soin. En effet, ce travail est fragilisé, et Bernard Stiegler interroge fermement la capacité de la science contemporaine à se penser et à penser. Il y a des raisons extrinsèques à cette situation – depuis plus de quinze ans des mouvements appellent à sauver la recherche et l’Université sans recevoir de réponse politique positive, quelles que soient les majorités politiques. N’ayant pas été sauvée, l’activité scientifique est aujourd’hui significativement dégradée.</p>
<p class="indent">Plus profondément, l’organisation des sciences contemporaines est problématique, car elle est régie par des calculs détachés du contenu scientifique. Pour les sciences appliquées, ces paramètres concernent la contribution à l’économie, plus précisément la compétitivité sur les marchés internationaux, et, pour les sciences fondamentales, leur capacité à susciter des « citations » de collègues à court terme (deux ans), l’équivalent, dans le monde journalistique, des reprises d’une information par d’autres médias. Dans l’enseignement supérieur, la décision par le calcul consiste à fermer les filières n’ayant pas un nombre suffisant d’étudiants, ou ne plaçant pas suffisamment ces derniers sur le marché du travail. Cette (dés-)organisation conduit à éliminer des filières en faible demande alors même que des cursus dominant quantitativement en dépendent scientifiquement. Par exemple, l’ensemble de la biologie dépend de la biologie de l’évolution, ne serait-ce que parce que cette dernière classifie le vivant et donc nomme les objets de la biologie – les êtres vivants. N’ayant que peu de débouchés dans le privé, ces recherches tendent à être éliminées des offres de formation, ce qui met logiquement en péril la connaissance biologique elle-même. Dans le même ordre d’idées, mais au niveau de la recherche, le directeur de recherche Bruno Canard (CNRS), spécialiste des coronavirus, a témoigné de l’incapacité des institutions à financer des recherches sur ces virus alors que leur importance pour prendre soin de la société est aujourd’hui évidente à tout le monde. Il ne s’agit pas ici d’une critique purement rétrospective car il y a eu un certain nombre de départs épidémiques qui, s’ils ne sont pas devenus pandémiques, ont néanmoins bien montré la pertinence du sujet. La science régie par le calcul est donc en difficulté pour prendre soin de ses connaissances, de la société et du monde.</p>
<p class="indent">Cette difficulté est redoublée par la rapidité des changements technologiques actuels, produisant ce que Stiegler a appelé la « disruption » : une situation où la société ne parvient plus à domestiquer ses propres productions techniques dont la toxicité devient alors dominante. Dans le cas des sciences, la disruption signifie adopter tour à tour chaque nouvelle technologie en se préoccupant somme toute fort peu de la contribution de son utilisation à la connaissance et à la compréhension des phénomènes, au-delà du simple développement et déploiement de ces technologies. Le problème ne concerne pas seulement les technologies d’observation ou de calcul scientifique. Ce sont d’abord les modalités de publication, de diffusion et donc le support matériel des controverses scientifiques qui ont changé, adossés aux critères bibliométriques susmentionnés : le comptage des publications et des citations.</p>
<p class="indent">Or, il y a beaucoup à repenser, y compris sur le plan purement scientifique, pour comprendre et surmonter les impasses de l’Anthropocène. Bernard Stiegler insiste sur l’insuffisance de la prise en compte de l’entropie telle que décrite en thermodynamique, et surtout l’insuffisance de la théorisation de ses conséquences et ramifications sur les plans biologique et social.</p>
<h2 class="sectionHead" id="lentropieenphysique">L’entropie en physique</h2>
<p class="indent">Pour comprendre l’importance du concept d’<span class="cmti-10">entropie</span> pour l’Anthropocène, conduisant Bernard Stiegler à appeler cette ère entropocène, une petite introduction à ce concept est nécessaire. La conception classique des sciences physiques pose un monde où rien ne se perd, rien ne se crée et tout se transforme. Par exemple, en mécanique classique, les lois pour prédire le futur et rétro-dire le passé sont exactement les mêmes, autrement dit cette théorie ne permet pas de distinguer un film lorsqu’il est passé en avant de lorsqu’il est passé en arrière. Il n’y a pas de flèche du temps et, au fond, il ne se passe pas grand-chose dans ces phénomènes. De même, il n’y a pas de théorisation des limites aux transformations que l’on peut opérer sur la matière, seulement une théorisation des moyens nécessaires pour produire telle ou telle transformation. La thermodynamique change tout cela en introduisant un nouveau cadre théorique.</p>
<p class="indent">Une hypothèse fondamentale de la physique est que l’énergie se conserve. Par exemple, lorsqu’on lâche une bille, elle perd de l’énergie potentielle, due à sa hauteur dans le champ de pesanteur de la terre, au profit de son énergie cinétique, due à sa vitesse. La chute libre est donc le passage de l’énergie d’une forme à une autre. Au 19<span class="superLegacy">e</span> siècle, les scientifiques se penchent sur un phénomène épineux : comment comprendre ce que l’on appelle la chaleur et la température. On observe bien qu’un travail mécanique peut produire de la chaleur par friction. On observe aussi que l’on peut utiliser la chaleur pour fournir un travail mécanique, ce qui conduit notamment à la machine à vapeur. Mais on observe aussi que cette dernière opération n’est possible que lorsque la chaleur passe d’un corps chaud à un corps froid, le contraire ne se produisant jamais spontanément. On ne peut donc rien faire avec un corps à température ambiante.</p>
<p class="indent">La thermodynamique vise précisément à comprendre ces phénomènes, et la composante originale de cette théorie est l’introduction d’une grandeur appelée « entropie ». Il s’agit d’une grandeur qui n’est pas mesurable directement, mais qui décrit la « qualité » de l’énergie d’un système. Par exemple, lorsque les molécules constituant l’air bougent surtout dans la même direction, il y a du vent qui est utilisable par un voilier ou une éolienne. L’entropie est faible. En revanche, lorsque ces molécules vont en tous sens, il n’y a pas de vent mais il fait chaud, ces dispositifs sont inutilisables même dans le cas où l’air possède plus d’énergie que dans le cas précédent. L’entropie est élevée.</p>
<p class="indent">À ce stade, il est important d’énoncer les choses précisément. Le second principe de la thermodynamique stipule que l’entropie d’un système isolé ne peut qu’augmenter jusqu’à atteindre un maximum, un système isolé étant un système n’échangeant rien avec l’extérieur. Ainsi, un corps chaud en contact avec un corps froid va conduire à deux corps tièdes parce que cette dernière configuration a une entropie plus élevée. La seule manière de revenir en arrière est d’utiliser un dispositif tel qu’un réfrigérateur, demandant un apport extérieur (sous forme d’électricité) et donc d’ouvrir le système.</p>
<p class="indent">Ici, le lecteur peut se demander si l’entropie n’est pas un peu comme la vertu dormitive qui « explique », pour le médecin de Molière, l’effet somnifère de l’opium. Pour aller plus loin, décrivons un peu plus le sens de l’entropie. En un mot, l’entropie correspond à la dispersion de l’énergie au niveau microscopique. Ainsi, dans le cas où l’on a un corps chaud et un corps froid, l’énergie est concentrée dans le corps chaud. Dans le cas de deux corps tièdes, elle est dispersée dans les deux corps, et est donc plus dispersée : l’entropie est plus élevée. De la même manière, lorsqu’il y a du vent, l’énergie cinétique (correspondant à la vitesse des molécules) est concentrée dans une seule direction, alors que lorsqu’il fait chaud elle est dispersée, les molécules s’agitent en tous sens. L’entropie est donc plus élevée dans le second cas. De la sorte, on comprend aussi pourquoi une balle va de moins en moins haut à chaque rebond, son énergie se disperse par friction avec l’air ; il faudrait un apport extérieur pour maintenir ce mouvement. Intuitivement, l’entropie est donc une mesure de la dispersion de l’énergie, au niveau microscopique.</p>
<p class="indent">La thermodynamique pose donc deux principes : la conservation de l’énergie et sa tendance à se disperser. Cette notion de dispersion peut sembler secondaire à côté d’autres processus tels que les réactions chimiques, y compris la combustion. Pourtant, elle a un caractère inexorable et, en fait, est la base de la théorie de ces phénomènes. En pratique, l’énergie étant conservée, des expressions comme « consommer de l’énergie » sont impropres ; elles proviennent sans doute d’une réduction approximative de la physique à une propriété abordable par l’économie de marché. Une voiture, certes, consomme du pétrole, mais ce faisant elle disperse l’énergie, elle ne la consomme pas. De même, un ordinateur utilise de l’énergie existante sous forme d’une différence de potentiel électrique et la disperse sous forme de chaleur tout en effectuant des calculs. Un radiateur électrique fait sensiblement la même chose, il disperse l’énergie électrique sous forme de chaleur – dans ce cas, il est important que la dispersion ne soit pas maximale et qu’elle se fasse dans une pièce si possible relativement isolée de l’extérieur. Ces exemples montrent que le discours économique posant une consommation d’énergie pour un usage (calcul, chauffer une pièce) est approximatif. Un radiateur qui ferait aussi des calculs ne demanderait pas plus de puissance électrique. Cet aspect des choses est bien plus clair lorsqu’on pose les problèmes en termes d’énergie (conservée) et de dispersion de cette énergie (augmentation d’entropie), bref en abordant les choses en s’appuyant sur notre connaissance de la nature.</p>
<p class="indent">Ce cadre théorique a de multiples conséquences. Il introduit l’idée que les transformations physiques ont un caractère irréversible, et ne peuvent pas être mobilisées <span class="cmti-10">ad libitum</span> – notamment contre l’idée qu’un mouvement perpétuel serait possible. Elle conduit aussi à l’idée de la mort thermique de l’univers, l’idée que l’entropie de l’univers augmente, donc que son énergie se disperse, et que de moins en moins de phénomènes macroscopiques sont possibles. Mais ce qui nous intéresse ici avant tout, ce sont les conséquences de cette théorie pour le vivant, y compris le vivant humain, que Stiegler appelle « la forme noétique de la vie ».</p>
<h2 class="sectionHead" id="lentropieetlevivant">L’entropie et le vivant</h2>
<p class="indent">Nous pouvons maintenant revenir sur la rencontre manquée entre Bernard Stiegler et Aurélien Barrau relatée dans ce tome 2 de <span class="cmti-10">Qu’appelle-t-on panser ?</span>. Après une conférence, Barrau a critiqué l’idée selon laquelle la question de l’entropie est au cœur de l’Anthropocène, en posant qu’un des meilleurs moyens pour lutter contre l’entropie serait de bétonner l’Amazonie. Bernard Stiegler a relaté aussi que j’anticipais ce genre d’objection, en prenant comme exemple une glaciation totale de la terre comme situation baissant radicalement l’entropie et les taux d’entropie sur terre – ces deux situations étant fort peu désirables du point de vue du vivant dans son ensemble. Cette réponse était prévisible, car elle est le résultat d’une appréhension purement physico-mathématique de la question de l’entropie, en prenant la production d’entropie sur terre, par exemple, comme quantité à minimiser, effaçant ainsi la perspective du vivant. Avant d’entrer plus en détail dans l’analyse de cette question, remarquons tout de même que si le problème communément désigné comme celui de la consommation d’énergie fossile est bien une préoccupation centrale, alors il est mieux décrit en termes d’entropie – il s’agit là d’un point de vue parfaitement canonique en physique. Ici, je rejoins tout à fait Bernard Stiegler en qualifiant la réponse de Barrau comme caractérisant un refus d’obstacle : il y a certes des difficultés théoriques, mais la pertinence du concept d’entropie ne saurait être niée. Lutter contre l’entropie, chez Stiegler, ne signifie néanmoins pas minimiser la production d’entropie sur terre, et encore moins vaincre l’entropie, ceci étant impossible à cause du second principe : cette lutte ne peut être qu’une lutte tragique, à l’opposé de l’optimisation physique et des utopies calculatoires s’en inspirant en économie.</p>
<p class="indent">Pour aller plus loin dans l’articulation entre l’entropie et le vivant, nous pouvons partir des travaux du physicien Erwin Schrödinger (<a href="https://montevil.org/publications/articles/2021-Montevil-Stiegler-Sciences-Entropocene/#bkmRefNumPara21523843486857">2</a>). Un être vivant n’est pas au maximum d’entropie, mais pour se maintenir ainsi face au second principe de la thermodynamique, il dépend des flux qu’il établit avec son environnement : principalement alimentation et excrétion, parfois aussi respiration ou photosynthèse. Schrödinger suggère alors que ce qui compte dans la compréhension du vivant, c’est l’analyse de cette entropie basse et de son maintien, comment le vivant crée de « l’ordre à partir de l’ordre ».</p>
<p class="indent">Il faut alors passer d’une perspective purement physique à une perspective biologique, la difficulté étant qu’il n’y a pas de consensus théorique sur ces questions. Je partage le point de vue de Bernard Stiegler pour qui il ne faut pas se contenter du concept d’entropie basse capable de se maintenir grâce à des flux venant de l’extérieur, ce qui peut correspondre à des phénomènes purement physiques comme une flamme ou un ouragan. Il faut saisir comment le vivant se maintient en vie, bref son organisation. Le propre de ces organisations est qu’elles sont constituées de parties qui se maintiennent mutuellement, contre la tendance entropique, et que cette capacité est issue d’une histoire, en premier lieu l’histoire évolutive, mais aussi l’histoire d’un organisme ou d’un écosystème. Cela me permet, dans le prolongement des travaux de Baily et Longo, de définir l’<span class="cmti-10">anti-entropie</span>, un concept proche de ce que Stiegler appelait la « néguentropie » (<a href="https://montevil.org/publications/articles/2021-Montevil-Stiegler-Sciences-Entropocene/#bkmRefNumPara21483843486857">3</a>).</p>
<p class="indent">Sur cette base nous pouvons comprendre l’idée de Stiegler de lutter contre l’entropie sous toutes ses formes. En biologie, la lutte contre l’entropie correspond certes au maintien d’une entropie physique faible, mais un autre sens apparaît, correspondant intuitivement à la désorganisation du vivant. Techniquement, il s’agit de la dissipation des organisations biologiques elles-mêmes, donc une entropisation de l’anti-entropie. Expliquons davantage. Les organisations biologiques sont le résultat singulier d’une histoire et leur singularité contribue à leur viabilité, à leur capacité à durer. Ainsi, des propriétés précises de l’anatomie des organes sont nécessaires à leurs fonctions. La disruption d’une organisation rend une partie de cette dernière plus aléatoire, plus générique, et ce faisant diminue la viabilité de cette organisation.</p>
<p class="indent">Par exemple, plantes et pollinisateurs ont des périodes d’activités saisonnières synchronisées dans un écosystème, faute de quoi les plantes ne sont pas pollinisées et les pollinisateurs n’ont pas de nourriture. Cette synchronisation est une situation singulière issue de l’histoire évolutive, elle n’aurait pas pu être le fruit d’un hasard anhistorique. Avec le changement climatique, les périodes d’activité changent, mais au lieu de changer de manière uniforme, elles se décalent de manière diverse car différentes espèces utilisent différents indices saisonniers pour démarrer leurs activités (température de l’air, du sol, durée du jour, etc.). Il s’ensuit que les périodes d’activité sont plus aléatoires, et que certaines populations sont fortement fragilisées, voire disparaissent (<a href="https://montevil.org/publications/articles/2021-Montevil-Stiegler-Sciences-Entropocene/#bkmRefNumPara21443843486857">4</a>). De même, mais à l’intérieur des organismes, les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques qui interfèrent avec l’action des hormones. Cependant, leur effet n’est pas qu’une perturbation, mais est décrit en anglais comme une disruption (<span class="cmti-10">endocrine disruptors</span>). Avoir les bonnes quantités d’hormones au bon moment est essentiel pour le développement d’organes pleinement fonctionnels et les perturbateurs endocriniens viennent brouiller ces processus, conduisant à toutes sortes de problèmes allant d’un développement cérébral altéré à la difficulté à se reproduire ou au cancer. Enfin, lors des dernières décennies, l’augmentation de la transmission de maladies infectieuses d’un animal à l’autre, y compris aux humains, est un phénomène qui peut aussi s’analyser en ces termes. La transformation des interactions entre animaux par la déforestation et l’élevage intensif change profondément le milieu des agents pathogènes et de leurs hôtes.</p>
<p class="indent">Ajoutons qu’il ne faut pas voir les organisations biologiques comme statiques et comme le seulement le résultat d’une histoire. Elles se transforment au cours du temps en produisant de nouvelles fonctions : elles produisent de l’anti-entropie et ceci est une partie intégrante de leur capacité à durer dans le temps. Les êtres vivants se maintiennent à la fois sur la base de ce qu’ils sont à un moment donné, mais aussi en modifiant ce qu’ils sont. La sélection naturelle, mais aussi d’autres processus, tels que la plasticité développementale, permettent au vivant de faire émerger de nouvelles organisations singulières et viables. Il y a donc une course de vitesse entre les disruptions d’origine humaine et la capacité du vivant à se réorganiser, à produire de l’anti-entropie. Notons aussi que les activités humaines peuvent inhiber cette capacité du vivant à produire des nouveautés fonctionnelles et donc à se maintenir en se transformant. Par exemple, la dislocation des habitats empêche la circulation des populations entre les îlots restants de populations. Alors, tout se passe comme si la sélection naturelle opérait indépendamment sur de toutes petites populations. Dans ce cas, il n’y a plus suffisamment de diversité pour que ce processus permette l’adaptation. Cette disruption de l’adaptation par sélection naturelle est d’autant plus problématique que les êtres vivants doivent répondre aux autres changements de leurs milieux produits par les activités humaines.</p>
<p class="indent">Développons les conséquences de cette perspective. Tout d’abord, la lutte contre l’entropie au sens de Stiegler a deux composantes en biologie : 1) maintenir une entropie physique basse au sein des organisations biologiques ; 2) lutter contre la désorganisation des organisations biologiques elles-mêmes, l’entropisation de l’anti-entropie. Ces deux concepts sont liés, notamment parce que la perte de viabilité due à la désorganisation peut conduire à la mort et donc à une augmentation massive d’entropie au sens physique du terme, mais ils sont néanmoins incommensurables, car la désorganisation peut, par exemple, empêcher la reproduction, ce qui ne se réduit pas à une augmentation d’entropie physique.</p>
<p class="indent">Cette démarche conduit à renouveler le regard concernant l’effet des activités humaines sur le vivant. Une partie de ces effets passe par des quantités dites extensives, par exemple les êtres humains ne laissent plus assez de place aux autres espèces à cause de l’utilisation des terres par l’agriculture, les villes ou les infrastructures. Mais un autre type d’effet est d’ordre plus qualitatif, les changements d’origine humaine disrompent les organisations biologiques, y compris le développement et la physiologie humaine comme dans le cas des perturbateurs endocriniens. De plus, l’analyse de ces phénomènes dépend des organisations considérées, par exemple les espèces invasives accroissent leur population et donc leur diversité, mais au prix d’une déstabilisation des écosystèmes et d’une perte de la diversité de ces derniers. L’analyse dépend donc de l’organisation décrite.</p>
<p class="indent">En un mot, pour comprendre la capacité du vivant à durer, il faut prendre en compte que l’histoire a conduit à des configurations spécifiques car ce qui est viable est rare parmi ce qui est possible à chaque étape de l’histoire biologique. Le vivant actuel n’est pas viable par auto-organisation spontanée, il l’est par et dans un processus historique. Réciproquement, cette historicité du vivant lui confère des vulnérabilités particulières lorsque des changements du milieu viennent éloigner les organisations biologiques de ces petites zones de viabilité par l’introduction d’aléatoire dans ces organisations. Ceci s’applique tant pour les changements chimiques du milieu, avec par exemple les perturbateurs endocriniens, que pour les changements des propriétés physiques saisonnières, dus au changement climatique. L’entropisation des organisations biologiques est donc un phénomène majeur de l’Anthropocène, qui est aussi alors un entropocène du point de vue de la biologie.</p>
<h2 class="sectionHead" dir="ltr" id="entropieetorganisationssociales">Entropie et organisations sociales</h2>
<p class="indent">Pour les organisations humaines, la situation a une certaine similarité avec la biologie. Non seulement nous devons maintenir nos processus biologiques, comme tout être vivant, mais cette activité de maintien est élargie aux objets techniques que nous produisons et dont nous dépendons. Ceci s’applique aussi bien à un couteau de cuisine qu’il faut affûter, puis remplacer, qu’aux grandes infrastructures telles que les habitations, les usines ou les réseaux électriques. Bernard Stiegler aborde cette question à la fois en continuité et en rupture avec le reste du vivant. Pour ce faire, il s’appuie sur le concept d’« exosomatisation » introduit par Alfred Lotka (<a href="https://montevil.org/publications/articles/2021-Montevil-Stiegler-Sciences-Entropocene/#bkmRefNumPara21403843486857">5</a>). Lotka soutient qu’une rupture introduite par les êtres humains, par rapport à l’évolution du reste du vivant, se manifeste par la production et l’utilisation massives d’« organes » en dehors du corps tels que les couteaux et infrastructures susmentionnées.</p>
<p class="indent">La relation entre les êtres humains et ces objets n’est pas le résultat d’une histoire biologique, elle n’est pas entièrement déterminée par les propriétés proprement biologiques des humains. Pour leurs productions, leurs usages, leurs maintiens, leurs transformations, ces objets dépendent des savoirs humains – savoir étant entendu comme savoir-faire, savoir vivre et savoirs théoriques. Ces savoirs permettent notamment de limiter la toxicité des objets techniques, que cela soit en les transformant ou en prescrivant leur usage. Par exemple, savoir utiliser un couteau de cuisine permet de ne pas se blesser, et savoir utiliser l’informatique en science implique, par exemple, de ne pas utiliser n’importe quel calcul statistique effectué par un logiciel sans en évaluer la pertinence scientifique, et donc les limites.</p>
<p class="indent">Le développement de nouveaux objets techniques est toujours une déstabilisation à laquelle doivent répondre de nouveaux savoirs. La capacité à produire ces savoirs constitue, chez Stiegler, la capacité à penser qui est aussi une capacité à panser. Dans le vocabulaire introduit pour le vivant, il s’agit de la contrepartie proprement humaine de la production d’anti-entropie. La difficulté actuelle est l’accumulation de désorganisations issues des technologies tant récentes, comme le <span class="cmti-10">smartphone</span> et les réseaux sociaux, que plus anciennes, comme le moteur thermique à l’origine du changement climatique, et l’incapacité à produire des savoirs pour répondre à ces toxicités. Les raisons en sont nombreuses, d’autant que ce manque de savoir touche toutes les activités humaines.</p>
<p class="indent">Parmi ces raisons, notons que la capacité à penser dépend elle-même du milieu technique. Ainsi, le rôle des réseaux sociaux dans l’émergence de phénomènes politiques tels que l’élection de Trump, Bolsonaro ou Modi est bien établie, et ces options politiques sont caractérisées par leur absence d’attention aux vivants tant humains que non humains. Mais de la même manière, le passage au numérique dans la publication scientifique et le management scientifique n’a pas fait l’objet d’une élaboration suffisante pour prendre soin de leurs objets, comme l’illustre l’utilisation de critères bibliométriques dans l’organisation de la recherche et de l’enseignement supérieur, évoquée en introduction. L’utilisation automatique de ces critères ne permet ni le maintien des connaissances constituées par les différentes disciplines, ni la capacité à les dépasser, notamment pour faire face à l’Anthropocène.</p>
<p class="indent">Face à cette situation, la réponse défendue par Bernard Stiegler est la mise en place d’une organisation économique particulière, l’économie contributive (<a href="https://montevil.org/publications/articles/2021-Montevil-Stiegler-Sciences-Entropocene/#bkmRefNumPara21363843486857">6</a>). L’idée centrale est d’investir dans la production de savoirs, non seulement par des universitaires mais surtout par des habitants et des professionnels travaillant avec des universitaires. Par exemple, nous avons mis en place un atelier sur les écrans et la petite enfance dans le centre de Protection maternelle et infantile (PMI) Pierre-Semard de Saint-Denis. Le problème central abordé est la disruption des relations parents-enfants par l’utilisation des écrans, notamment les <span class="cmti-10">smartphones</span>, et ses conséquences néfastes pour le développement, telles que des retards de langage, des problèmes psychomoteurs et des symptômes ressemblant à l’autisme dans les cas extrêmes. Ce travail regroupe parents, professionnels et universitaires et s’appuie sur les expériences et connaissances des différents membres du groupe pour appréhender ce problème inédit de manière autant très pratique que très théorique.</p>
<p class="indent">Résumons la perspective concernant l’entropie. La théorie de l’entropie en physique implique la nécessité d’étudier comment le vivant maintient une entropie basse. Cette capacité provient du maintien mutuel entre les parties d’un organisme ou d’un écosystème : leur organisation. Les organisations biologiques sont le résultat singulier de l’histoire naturelle, notamment l’évolution, et leur capacité à se maintenir dépend de cette spécificité. À l’opposé, certaines activités humaines tendent à rendre ces organisations plus aléatoires, plus génériques, bref à les entropiser, réduisant la viabilité du vivant, des écosystèmes aux corps humains. Ces changements peuvent même limiter la capacité du vivant à se réorganiser, par exemple par la disruption du processus d’adaptation par sélection naturelle. Un aspect clé de cette analyse est que les organisations viables sont rares parmi les configurations explorables par le vivant, la viabilité de ces organisations est le fruit du long processus d’évolution, et donc leur altération aléatoire conduit généralement à une perte de viabilité.</p>
<p class="indent">Pour les sociétés humaines, la situation est assez similaire, mais les changements techniques et les savoirs associés ont une place prépondérante. Face aux désorganisations introduites par les techniques existantes, désorganisations touchant à la fois les sociétés humaines et le reste du vivant, il n’est pas suffisant d’agir sur quelques variables à grande échelle, comme les émissions de gaz à effet de serre ou la protection de quelques espèces menacées. Comme pour la production d’anti-entropie en biologie, une activité particulière, un travail, est nécessaire pour produire les savoirs permettant aux sociétés de durer et de transformer les techniques à cette fin. Un investissement massif dans les savoirs est donc nécessaire pour prendre soin des sociétés humaines et plus généralement du vivant. Dans cette perspective, les sciences sont elles aussi l’objet de désorganisations majeures, mettant en cause leur nature même. Néanmoins, elles peuvent et doivent jouer un rôle décisif dans la production de nouveaux savoirs face aux défis inédits de l’époque. Mais pour ce faire, elles doivent renouer avec les publics concernés, en reconnaissant l’importance de leurs expériences, et s’émanciper de la logique calculatoire qui les stérilise.</p>
<p class="indent"><span class="paragraphHead">Remerciements:</span> Une partie de ce travail est financée par la <span class="cmti-10">Cogito Foundation</span>. Je remercie Victor Chaix pour la relecture d’une version précédente de cet article.</p>
<h2 class="sectionHead" dir="ltr" id="toc3">Références</h2>
<ol class="thebibliography">
<li class="bibitem" id="bkmRefNumPara21123843486857">Bernard Stiegler. <span class="cmti-10">Qu’appelle-t-on panser ? 2, La leçon de Greta Thunberg</span>, Les Liens qui Libèrent, 2020.
</li>
<li class="bibitem" id="bkmRefNumPara21523843486857">Erwin Schrödinger, <span class="cmti-10">Qu’est-ce que la vie ?</span>, Seuil, 1993 [1947].
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<li class="bibitem" id="bkmRefNumPara21483843486857">Maël Montévil, « Entropies and the anthropocene crisis », <span class="cmti-10">AI and Society</span>, à paraître.
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<li class="bibitem" id="bkmRefNumPara21443843486857">Maël Montévil, « Disruption of biological processes in the anthropocene : The case of phenological mismatch », <span class="cmti-10">soumis</span>.
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<li class="bibitem" id="bkmRefNumPara21403843486857">Alfred J. Lotka, « The law of evolution as a maximal principle », <span class="cmti-10">Human Biology</span>, XVII, 3, 1945, p. 167-194.
</li>
<li class="bibitem" id="bkmRefNumPara21363843486857">Bernard Stiegler (dir.), <span class="cmti-10">Bifurquer : il n’y a pas d’alternative</span>, Les Liens qui Libèrent, 2020.
</li>
</ol>
🔗
Association des Amis de la Génération Thunberg-Ars Industrialis (AAGT-AI)2021-02-12T00:00:00Zhttps://montevil.org/links/AAGT/
<p>
AAGT<br />
<a href="https://generation-thunberg.org/">https://generation-thunberg.org/</a>
</p>
<figure><img src="https://res.cloudinary.com//image/fetch/c_fill,f_auto,q_auto,w_300,h_200/http://image.thum.io/get/width/1200/crop/800/noanimate/https://generation-thunberg.org/" width="300" height="200" /></figure>
<blockquote>
<p>L’Association des Amis de la Génération Thunberg-Ars Industrialis (AAGT-AI) a comme objectif de nouer un dialogue intergénérationnel entre le monde académique au sens large et les mouvements de la jeunesse mobilisés face à la catastrophe écologique.</p>
</blockquote>
L’EFSA minimise certains effets des perturbateurs endocriniens2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-le-monde-l-efsa-minimise-certains-effets-des-perturbateurs-endocriniens/
<img alt="Cover slide from the talk “L’EFSA minimise certains effets des perturbateurs endocriniens”" src="https://montevil.org/assets/talks/1920px-Le_Monde.png" class=" page__illustration2 u-photo viclass darkFilter" crossorigin="anonymous" />
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Foucart, Stéphane, and Stéphane Horel. 2021. “L’EFSA Minimise Certains Effets Des Perturbateurs Endocriniens.” <i>Le Monde</i>, February. <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/03/l-autorite-europeenne-de-securite-des-aliments-accusee-de-minimiser-certains-effets-des-perturbateurs-endocriniens_6068682_3244.html">https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/03/l-autorite-europeenne-de-securite-des-aliments-accusee-de-minimiser-certains-effets-des-perturbateurs-endocriniens_6068682_3244.html</a>
</div>
</div>
<p> </p>
<div class="legibilityWidth wrap0all">
</div>
Bernard Stiegler et l’entropie2024-03-25T08:05:36Zhttps://montevil.org/talks/2021-seminaire-phiteco-bernard-stiegler-et-l-entropie/
<img alt="Cover slide from the talk “Bernard Stiegler et l’entropie”" src="https://montevil.org/assets/talks/utc2021.jpg" class="page__illustration u-photo noDarkFilter" crossorigin="anonymous" />
<p>
Le concept d'entropie est difficile. Il a fait l'objet de multiples incompréhensions, en particulier lorsqu'il s'agit de le mobiliser pour comprendre le vivant ou les activités humaines. Conscient de ces difficultés et malgré elles, Bernard Stiegler en a fait un thême central de ses derniers travaux, à la fois pour répondre à la question urgente de l'Anthropocène mais aussi pour développer son oeuvre philosophique. L'enjeu est à la fois d'impulser une appropriation transdisciplinaire de ces questions mais aussi de défendre des positions conceptuellement précises sur l'articulation entre entropie, néguentropie et anti-entropie. En cela, Bernard Stiegler s'inscrit dans la tradition philosophique qui ne se limite pas à l'analyse des discours scientifiques mais qui, en s'appuyant sur les sciences constitutées, élabore et défend de nouvelles perspectives. Nous montrerons que ces perspectives sont susceptibles de développements scientifiques.
</p>
<div class="citationW " id="CitationAnchor"><div><svg class="icon svgfill" role="img" aria-label="reference" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-reference"></use></svg>
Montévil, M. 2021. “Bernard Stiegler et l’entropie.” In <i>Séminaire Phiteco</i>. <a href="https://sites.google.com/site/mineurphiteco/seminaires-et-ateliers">https://sites.google.com/site/mineurphiteco/seminaires-et-ateliers</a>
</div>
<div>
<a href="https://montevil.org/assets/talks/LIVRET%20PHITECO%202021%20Penser%20la%20technique%20avec%20Bernard%20Stiegler.pdf" class="buttonlink "><svg class="icon svgfill svgfillL" role="img" aria-label="Program" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-pdf"></use></svg> Program of the event. </a>
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=aM_YYbAvJgs" class="buttonlink abssvg "><svg class="icon svgnofill" role="img" aria-label="Video" focusable="false"><use xlink:href="#symbol-video"></use></svg> Link to the Video or audio </a>
</div>
</div>
<p> </p>
<div class="legibilityWidth wrap0all">
</div>
<h2 id="video">Video</h2>
<div>
<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=aM_YYbAvJgs">https://www.youtube.com/watch?v=aM_YYbAvJgs</a></p>
</div>
📚
Le sens des formes en biologie2021-03-01T00:00:00Zhttps://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/
<!--CompileMaths-->
<div class="maketitle">
<p class="titleHead" id="le-sens-des-formes-en-biologie">Le sens des formes en biologie</p>
<div class="authors"><span class="ecrm-1200">Maël Montévil</span></div>
</div>
<div class="abstract">
<h3 class="abstract"><span class="ecbx-0900">Résumé</span></h3>
<p class="indent">
À
l’interface entre biologie et
mathématiques, les formes et les processus de
morphogenèse biologiques sont souvent
étudiées pour eux-mêmes. Nous pensons que cette
manière de procéder est insuffisante
pour saisir le sens biologique de ces formes. La
biologie
comporte des spécificités qui se
manifestent tant sur le plan philosophique que sur celui
des
principes théoriques : en particulier,
tout processus biologique, qu’il s’agisse d’un processus
de
morphogenèse ou d’une régulation
physiologique (i) s’inscrit dans l’évolution et dans une
histoire naturelle et (ii) s’intègre
dans un organisme dont il dépend et auquel il participe.
Nous aborderons alors le sens des
formes biologiques à
l’aune de ces principes, tant au niveau
de
la théorie qu’au niveau de la
compréhension de l’accès expérimental aux objets
biologiques.
</p>
</div>
<h2 class="sectionHead" id="x1-10001">
<span class="titlemark">1</span> Comment conceptualiser les formes
biologiques ?
</h2>
<p class="noindent">
Le vivant est caractérisé par la diversité
remarquable des formes qu’il donne à voir, qu’il s’agisse des
formes du corps des organismes pluricellulaires, de celles de leurs
organes et tissus, ou même des formes des cellules et des
structures intracellulaires — qu’il s’agisse des cellules d’un
organisme pluricellulaire ou d’organismes unicellulaires.
</p>
<figure class="figure" id="x1-10011">
<div class="center">
<img class="zoom" alt="PIC" src="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/Blue_dragon.png" />
</div>
<figcaption class="caption">
<span class="id"><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Figure</span>
<span class="small-caps">1</span></span>:</span>
<span class="content"><span class="cmti-10">Exemples d’organismes présentant des
formes surprenantes :</span>le mollusque nudibranche
<span class="cmti-10">Glaucus atlanticus</span>et le poisson
actinoptérygien
<span class="cmti-10">Ogcocephalus darwini</span>. (
<a href="https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0">Copyright CC BY-SA 2.0</a>Sylke Rohrlach et Rein Ketelaars
resp.)</span>
</figcaption>
</figure>
<p class="indent">
Bien que le concept de forme soit central en
biologie, les formes biologiques ne font pas l’objet d’une théorie
intégrée. Par exemple, la mathématisation des mécanismes évolutifs,
en génétique des populations, contourne la question des formes des
formes des phénotypes en postulant directement une relation entre
les causes étudiées (génétiques) et ce que sera la génération
suivante, ces relations pouvant, bien sûr, comprendre de
l’aléatoire (<span class="small-caps"> Gayon</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@gayon1994darwin">1992</a>). À l’opposé du spectre
théorique, l’étude de la morphogenèse, notamment telle qu’elle a
été initiée par Turing, considère les formes biologiques comme le
résultat d’un processus non-linéaire de nature purement
physico-chimique (<span class="small-caps"> Turing</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Turing1952">1952</a>).
</p>
<p class="indent">
Dans ce texte, nous allons analyser le concept de
forme biologique à l’aune du cadre théorique que nous contribuons à
développer (<span class="small-caps"> Soto</span> et al.
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@soto2016century">2016</a>). Nous insistons sur la
dimension théorique et épistémologique de la question car nous
pensons que ce n’est qu’une fois enchâssée dans un cadre théorique
qu’une notion de forme ou qu’un objet mathématique décrivant des
formes peuvent correspondre à un concept rigoureux de forme
biologique. Ici, une analogie peut être éclairante. À l’aube de la
théorie quantique, les physiciens abordaient les phénomènes avec le
concept de trajectoire issu de la mécanique classique, mais les
contraintes théoriques et expérimentales les ont conduits à s’en
éloigner. Néanmoins, dans certaines expériences effectuées dans les
chambres à brouillard, des trajectoires semblaient apparaître.
Einstein défendit alors l’idée suivant laquelle « c’est la
théorie qui décide ce que l’on peut observer », ce qui est un
aspect de ce que l’on appelle aujourd’hui la thèse de Duhem-Quine.
Ce qui ressemblait à de trajectoires n’en était donc pas car ce
concept n’existe pas en physique quantique — ou, du moins, il
n’existe pas du tout de la même manière qu’en mécanique classique
(<span class="small-caps"> Heisenberg</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@heisenberg1972partie">2010</a>). De même, nous
interrogerons le concept de forme en biologie en partant du
principe que, si nous gardons le terme, le concept biologique de
forme pourra se détacher de manière très significative des concepts
plus habituels de forme, y compris les concepts mathématiques, en
fonction des nécessités théoriques propres à l’étude du vivant.
</p>
<p class="indent">
Pour analyser le concept de forme en biologie, il
nous semble utile, voire nécessaire, de faire un détour par la
physique. En plus de l’intérêt intrinsèque d’une démarche
d’épistémologie comparée, cette démarche nous permettra de
problématiser l’articulation entre mathématiques et phénomènes
biologiques. Elle nous permettra aussi de rendre compte des
approches physique des formes biologiques telle que celles
effectuées à la suite de Turing. Ce faisant, nous aborderons des
enjeux théoriques proprement biologiques qui nous semblent
pertinents dans l’optique du biomorphisme.
</p>
<p class="indent">
Dans ce texte, nous allons mobiliser plusieurs
concepts de forme. Le premier, et sans doute le plus usuel, est le
concept de forme dans l’espace, par exemple comme contour d’un
objet — contours qui en biologie sont d’ailleurs souvent
matérialisés de manière particulière, par des membranes chez les
cellules ou par des cellules particulières, l’épithélium, dans les
tissus, y compris la peau. Le second, plus abstrait mais néanmoins
dans la continuité du premier car il en est une généralisation,
concerne les formes mathématiques que l’on mobilise pour comprendre
les phénomènes. Comme nous allons l’exposer, la compréhension
mathématique des phénomènes, en particulier en physique, fait
intervenir des formes dans des espaces plus généraux que l’espace
tridimensionnel usuel, comprenant donc, par exemple, l’espace, la
vitesse, le temps, etc., ce qui permet, par exemple, de parler de
la forme d’une trajectoire. Ces formes correspondent aussi à
l’écriture formelle, équationnelle typiquement, utilisées pour les
décrire et plus généralement pour les théoriser. Dans ce texte,
nous analysons les formes à ces deux niveaux, d’autant que nous
posons que l’analyse des formes dans l’espace n’a de sens qu’en
lien avec leur rôle théorique, rôle qui est typiquement explicité à
l’aide du second concept, plus large. Dans le cadre de la biologie,
nous allons cependant mettre ces concepts en tension afin de saisir
le sens des formes du vivant.
</p>
<h2 class="sectionHead" id="x1-20002"><span class="titlemark">2</span> Formes et raisonnement en physique</h2>
<p class="noindent">
Avant de nous pencher sur la biologie, nous
allons aborder succinctement comment la physique articule
mathématiques et phénomènes naturels en nous penchant, après des
considérations générales, sur la question de la morphogenèse.
</p>
<p class="indent">
En mécanique classique, un système est défini par
la structure des relations entre ses parties et cette structure ne
change pas dans la dynamique du système. Par exemple, deux planètes
s’attirent mutuellement suivant la loi de la gravitation
universelle décrite par Newton, ce qui permet de comprendre la
forme des trajectoires — des ellipses lorsque l’on considère que le
problème est limité à deux corps.
</p>
<p class="indent">
Examinons maintenant les
« ingrédients » intervenant dans la définition d’un tel
système (<span class="small-caps"> Montévil</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@montevilmariano">2018</a>).
</p>
<ul class="itemize1">
<li class="itemize">
L’état d’un système le représente par sa
position dans l’espace des possibles qui est considéré comme
donné à l’avance. L’état du système change au cours du temps et,
réciproquement, les changements du système sont des changements
d’état, donc de position dans cet espace. Par exemple, en
mécanique classique, l’état du système est la position et la
vitesse de ses différents constituants tels que la Terre et le
Soleil.
</li>
<li class="itemize">
Les paramètres sont des quantités nécessaires
à la description du système mais ne changeant pas dans sa
dynamique. La masse des objets ou leur charge électrique sont
typiquement des paramètres en mécanique classique.
</li>
<li class="itemize">
Enfin, et c’est le plus important, le système
est décrit par des règles, et, plus précisément, dans le cas de
la mécanique classique, des règles déterminant les changements
d’état lorsque le temps s’écoule. Ces règles sont écrites sous
forme d’équations telle que le principe fondamental de la
dynamique : la masse fois l’accélération est égale à la
somme des forces extérieures. L’accélération étant le taux de
changement de vitesse, et la vitesse le taux de changement de
position, cette équation donne bien une règle pour les
changements d’état.
</li>
</ul>
<p class="indent">
Ces règles écrites sous forme d’équation ne sont
pas
<span class="cmti-10">a priori</span>— elles ne sont pas
indépendantes de l’expérience —, mais elles ne sont pas pour autant
arbitraires. Comment sont construits et justifiés de tels cadres
théoriques ?
</p>
<p class="indent">
Dans ces cadres théoriques, ce ne sont pas tant
les quantités en tant que telles qui comptent mais les
<span class="cmti-10">relations</span>entre quantités. Par
exemple, 1 kg d’or ou 1 kg de plomb pèsent tous les deux 1 kg parce
que les forces exercées par le champ de pesanteur sur ces deux
objets sont égales. Ceci est bien représenté par les balances
anciennes, à plateau, dont le dispositif vise précisément à
comparer les forces exercées par le champ de pesanteur sur deux
objets et donc à les rendre commensurables. Cet exemple ne décrit
qu’une simple relation de proportions : dans le cas du champ de
pesanteur, la force est
<span class="cmti-10">proportionnelle</span>à la masse de
l’objet. Plus généralement, c’est bien la
<span class="cmti-10">forme</span>des relations entre quantités
qui est l’enjeu théorique majeur et qui vient structurer et
justifier les équations utilisées.
</p>
<p class="indent">
Pour aller plus loin, il faut introduire un
concept clé de la physique théorique et qui n’est pas non plus sans
application en biologie : le concept de symétrie. En deux mots, une
symétrie est une transformation qui ne change pas les propriétés
pertinentes d’un objet. Par exemple, une sphère est symétrique par
rotation. Un autre exemple, plus fondamental, est le principe de
relativité qui stipule qu’il n’y a pas de système de référence
absolu — il n’y a pas de centre dans l’univers, ni de point fixe —,
mais que les équations fondamentales de la physique doivent avoir
la même forme quel que soit le système de référence. Les
changements de systèmes de références acceptables dépendent bien
sûr de la théorie et constitue les symétries de l’espace-temps de
cette théorie (relativité galiléenne, relativité restreinte,
relativité générale, et d’autres exemples ne concernant plus
l’espace-temps
<span class="cmti-10">stricto sensu</span>seraient tout aussi
pertinents).
</p>
<p class="indent">
Ces exemples montrent que le concept de symétrie
est omniprésent pour structurer les équations décrivant des
phénomènes physiques (<span class="small-caps"> Van Fraassen</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@van1989laws">1989</a>;<span class="small-caps"> Bailly</span> et
<span class="small-caps">Longo</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@bailly2006">2006</a>). Ils montrent aussi que son
utilisation peut avoir des statuts divers : la symétrie de la
sphère est propre à un objet particulier et sans doute une
approximation du réel, alors que les symétries de l’espace-temps
sont principielles dans les théories concernées. Le concept de
symétrie intervient aussi de manière mathématiquement plus complexe
mais non moins importante théoriquement et épistémologiquement. Par
exemple, le théorème de Noether interprète les quantités conservées
en physique, telles que l’énergie, comme une conséquence de
symétries sous-jacentes (<span class="small-caps"> Byers</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@byers1999noether">1999</a>). Dans le cas de
l’énergie, il s’agit de la symétrie par translation dans le temps
c’est-à-dire, informellement, l’hypothèse que l’avancée du temps ne
change pas l’équation d’un système isolé.
</p>
<p class="indent">
Comme nous l’avons suggéré, le concept de
symétrie est aussi utilisé en biologie. Il est pertinent par
exemple pour décrire la forme globale des corps, tel que dans le
cas de la symétrie bilatérale. Ce concept intervient aussi de
manière plus abstraite, c’est à dire en un sens plus proche de
celui de la physique théorique. Par exemple, D’Arcy Thompson
interprète une partie de la diversité des formes biologiques comme
issue de déformations. Derrière la diversité des formes biologiques
se trouverait ultimement une unité plus fondamentale (<span class="small-caps"> Thompson</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@d1952growth">1942</a>). Dans cette analyse, ce
n’est pas tant une forme donnée qui est pertinente mais ce sont les
déformations et leur nature, voir figure
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#x1-20012">2
</a>. Toutes les formes d’une
classe d’organismes sont alors comprises comme déformations de
l’une à l’autre, bref comme étant symétriques et préservant
certaines propriétés de la forme originelle. Bien sûr, dans cette
approche, le problème reste de savoir comment la forme originelle
est apparue, nous y reviendrons.
</p>
<figure class="figure" id="x1-20012">
<div class="center">
<img class="zoom darkFilter darkFilterT" alt="PIC" src="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/darcy.png" />
</div>
<figcaption class="caption">
<span class="id"><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Figure</span>
<span class="small-caps">2</span></span>:</span>
<span class="content"><span class="cmti-10">La grille et ses déformations sont au
centre de l’analyse des changements chez D’Arcy</span>
<span class="small-caps">Thompson</span>
<span class="cmti-10">(</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@d1952growth"><span class="cmti-10">1942</span>
</a><span class="cmti-10">).</span>D’Arcy Thompson analyse la
diversité de certaines formes par leur unité et les
déformations de la grille.</span>
</figcaption>
</figure>
<p class="indent">
Avant d’aborder les modèles physiques de
morphogenèse, concluons sur le type d’objet que cette méthode
d’appréhension du réel conduit à décrire. La physique repose sur un
cercle vertueux, voir figure
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#x1-20023">3
</a>. Les changements d’un objet
sont alors compris comme des déplacements dans un espace
mathématique pré-donné. Ces changements constituent alors des
trajectoires qui sont déterminées théoriquement par des équations —
certes parfois de manière probabiliste — et les variables de ces
équations constituent l’état de l’objet (complétées par des
paramètres fixés par l’extérieur du système). Derrière les
équations et la structure de l’espace des états possibles se trouve
plus profondément des structures mathématiques de symétrie pouvant
être analysé et discuter théoriquement (l’invariance des « lois »
physiques au cours du temps est beaucoup plus intuitive que la
conservation de l’énergie, la définition de l’énergie étant en
elle-même assez abstraite). L’ensemble de cette structure théorique
permet de se confronter à l’expérience en mesurant les trajectoires
d’objets réels, c’est-à-dire en mesurant les quantités décrivant
les états.
</p>
<figure class="figure" id="x1-20023">
<div class="center">
<img class="zoom darkFilter darkFilterT" src="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/figure-figure0-.png" alt="PIC" />
</div>
<figcaption class="caption">
<span class="id"><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Figure</span>
<span class="small-caps">3</span></span>:</span>
<span class="content"><span class="cmti-10">Cercle vertueux de la théorisation
mathématique en physique d’après</span>
<span class="small-caps">Montévil</span>
<span class="cmti-10">,</span>
<span class="small-caps">Mossio</span>
<span class="cmti-10">et al. (</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@chaptervariation"><span class="cmti-10">2016</span>
</a><span class="cmti-10">).</span>Les objets sont représentés
par leurs états, et leurs changements sont des changements
d’état, dans l’espace des états possibles. Les équations
donnent la détermination théorique de ces changements (qui peut
être probabiliste). L’espace des possibles comme les équations
sont structurés par les symétries sous-jacentes ce qui permet
ultimement de comprendre les changements des objets sur la base
de l’invariance.</span>
</figcaption>
</figure>
<p class="indent">
Ce cercle épistémologique vertueux a néanmoins un
prérequis que l’on peut aussi voir comme une conséquence. Dès lors
qu’il est appliqué à des phénomènes, alors la compréhension de ces
phénomènes semble bien pouvoir se détacher de leur matérialité : la
compréhension peut procéder sur la base de la structure de la
détermination théorique décrite par les mathématiques. Ainsi,
l’effet de la gravitation sur une pomme et sur une planète est le
même car il est décrit par les mêmes équations, le même espace des
possibles, les mêmes paramètres et les mêmes trajectoires. Il faut
bien comprendre ici que ce cercle vertueux ne peut pas s’appliquer
à un seul objet concret, et encore moins à un seul objet à un seul
instant. En effet, les équations décrivent des relations génériques
entre les états et les changements d’états, ces relations
s’appliquent tout au long de la trajectoire, et les symétries
décrivent des transformations, donc nécessairement une pluralité de
situations de manière conjointe et simultanée. Le type de
compréhension obtenue va donc être la compréhension d’une
collectivité de situations concrètes subsumées par un seul objet
théorique et mathématique, ce que nous appelons la généricité de
l’objet théorique en physique à la suite de
<span class="small-caps">Bailly</span> et
<span class="small-caps">Longo</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@bailly2006">2006</a>),
<span class="small-caps">Montévil</span>,
<span class="small-caps">Mossio</span> et al. (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@chaptervariation">2016</a>) et
<span class="small-caps">Montévil</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@novelty2017">2019b</a>). Le rôle de l’écriture
(mathématique) est ici central. Dès lors que l’on est en mesure
d’écrire de manière mathématique la détermination théorique de
l’objet, ce qu’il y a à savoir sur cet objet pourra être obtenu par
la poursuite de cette écriture sous forme de preuves mathématiques
: la compréhension du phénomène a été détachée de l’objet
concret.
</p>
<p class="indent">
Ce contexte épistémologique et théorique est
nécessaire pour comprendre la nature des modèles de morphogenèse en
physique. Discutons quelques cadres assez généraux de compréhension
de la morphogenèse. Le premier est celui des brisures de symétrie.
Prenons un exemple de la vie quotidienne : imaginons un crayon
placé sur une table parfaitement à la verticale sur sa mine. La
situation initiale est parfaitement symétrique par rotation : en
prenant comme centre le crayon, toutes les directions sont
équivalentes. Cette configuration est instable, une fluctuation de
l’air environnant ou une légère imperfection dans la position du
crayon vont le conduire à tomber. Une direction a lors été
singularisée : la direction dans laquelle le crayon est tombé. La
symétrie initiale est donc brisée. La situation initiale étant
parfaitement symétrique par rotation et toutes les directions étant
donc initialement équivalentes, la situation initiale ne permet pas
de spécifier la direction dans laquelle tombera le crayon. La
brisure de symétrie implique donc le concept d’aléatoire, et de
manière consubstantielle l’introduction d’une nouveauté dans le
système : la direction dans laquelle le crayon est tombé, donc la
manière dont la symétrie a été brisée. Le fait que ce raisonnement
permette de comprendre l’apparition d’une nouveauté le rend
particulièrement adapté pour comprendre la genèse d’une forme et
<span class="small-caps">Turing</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Turing1952">1952</a>) l’utilise. Il est utilisé
dans de nombreux contextes théoriques et mathématiques comme les
changements d’état de la matière, notamment la cristallisation, ou
même l’apparition des forces fondamentales dans la théorie
quantique des champs (<span class="small-caps"> Longo</span> et
<span class="small-caps">Montévil</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@longomont">2014</a>;<span class="small-caps"> Strocchi</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Strocchi_2005">2005</a>).
</p>
<p class="indent">
Dans ces modèles de morphogenèse, la même
équation fondamentale reste vérifiée. Néanmoins les solutions
auxquelles elle conduit peuvent enfreindre une symétrie initiale du
problème. Il s’agit d’une infraction au principe de Curie suivant
lequel la symétrie des causes se retrouve dans les effets. Notons
bien que, ici, ce n’est qu’une seule symétrie qui est enfreinte
parmi les multiples symétries impliquées dans la définition
théorique et mathématique des objets. En un mot, dans ces
situations, la trajectoire a quelque chose de plus que les
équations (la direction dans laquelle la symétrie est brisée), mais
cet élément supplémentaire est rendu nécessaire par les équations,
et sa nature est pré-donnée par les équations. Briser une symétrie
suppose que cette symétrie soit décrite avant qu’elle ne soit
brisée. La situation est similaire dans la théorie des catastrophes
de René Thom (<span class="small-caps"> Thom</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@thom1982modeles">1974</a>) même si le concept de
symétrie y est moins central. Dans ce dernier contexte théorique,
une équation peut conduire à des trajectoires ayant des propriétés
qualitatives distinctes et l’on peut passer de l’une à l’autre par
une catastrophe. Toutefois, dans ces analyses et dans d’autres
analyses en physique, il s’agit toujours de revenir un petit nombre
de cas génériques, à un niveau de description ou à un autre (<span class="small-caps"> Montévil</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@novelty2017">2019b</a>).
</p>
<p class="indent">
Pour conclure cette section, abordons le modèle
proposé par Douady et Couder afin de comprendre certains patrons
apparaissant dans la croissance des plantes (<span class="small-caps"> Douady</span> et
<span class="small-caps">Couder</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Douady1996255">1996</a>). Il n’est pas utile ici
d’aborder la formulation du modèle lui-même, mais la démarche
utilisée mérite d’être discutée. Une partie de l’argumentation des
auteurs réside dans le fait que ce modèle peut être instancié par
un objet expérimental entièrement abiotique, et qu’en faisant cette
expérience les mêmes patrons n’apparaissent que chez les vivants
concernés. Comme nous l’avons discuté, cette démarche est
parfaitement cohérente avec le processus d’objectivation développé
par la physique : par construction l’intelligibilité
physico-mathématique se détache des objets particuliers. Cet
exemple montre aussi qu’il n’y a rien de spécifiquement biologique
dans ces modèles de morphogenèse. Il y a alors deux possibilités.
Soit la morphogenèse et plus généralement les formes des objets
biologiques n’ont effectivement rien de distinct par rapport aux
morphogenèses et formes physiques. Soit, au contraire, les
spécificités biologiques disparaissent dans la modélisation
physique à cause de la méthode de modélisation elle-même, et il
faut envisager un cadre différent pour comprendre les formes
biologiques de manière théoriquement précise. Nous argumentons dans
la seconde direction dans la section suivante. Notons que le
problème s’étend,
<span class="cmti-10">mutadis mutandis</span>, aux formes
comprises dans le sens le plus large, tel que la forme des
processus.
</p>
<h2 class="sectionHead" id="x1-30003"><span class="titlemark">3</span> Les formes biologiques</h2>
<p class="noindent">
Pour comprendre le rôle des formes en biologie,
nous allons inscrire ce concept dans un cadre théorique plus large.
Il s’agira de cerner comment les formes interviennent dans la
compréhension du vivant et surtout quel concept de forme peut être
articulé à ce cadre théorique.
</p>
<h3 class="subsectionHead" id="x1-40003e1">
<span class="titlemark">3.1</span> Historicité et définition théorique des
objets biologiques
</h3>
<p class="noindent">
En physique, nous l’avons vu, certaines
régularités (mathématiques) sont assimilées à des « lois » ou, de
manière plus moderne, constituent des principes théoriques. En
biologie, au contraire, les régularités varient au cours du
développement et de l’évolution. Par exemple, la génétique des
populations est parfois comparée à la mécanique classique dans sa
version déterministe et la mécanique statistique dans sa version
probabiliste. Pourtant la transmission des gènes se fait de manière
fort diverse et surtout est historiquement située. Elle peut être,
par exemple, haploïde, diploïde voire décaploïde, mais il existe
aussi d’autres variantes telle que des combinaisons entre
reproduction par parthénogenèse et sexuée, ou la polyembryonie
monozygotique, c’est-à-dire le fait de donner naissance à quatre
clones dans le cadre d’une reproduction sexuée, rencontré chez le
mammifère
<span class="cmti-10">Dasypus novemcinctus</span>(le tatou à neuf
bandes). Toutes ces variations sont apparues dans l’évolution,
c’est-à-dire l’histoire du vivant, et changent les équations de la
génétique des populations. Ces dernières ne peuvent alors plus être
considérées de manière anhistorique.
</p>
<p class="indent">
Dans ce contexte, les régularités biologiques
mobilisables pour écrire des équations, notamment les symétries, ne
peuvent plus être appréhendées comme principielles, elles sont
elle-même l’objet de changements. L’invariance ne permet alors plus
de comprendre les changements. Nous suivons l’idée qui consiste à
réinterpréter ces régularités comme des contraintes plutôt que
comme des “lois” (<span class="small-caps"> Montévil</span> et
<span class="small-caps">Mossio</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Montevil2015c">2015</a>;<span class="small-caps"> Soto</span> et al.
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@soto2016century">2016</a>;<span class="small-caps"> Montévil</span>,
<span class="small-caps">Mossio</span> et al.
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@chaptervariation">2016</a>). Cette perspective est
cohérente avec la thèse de la contingence de
<span class="small-caps">Beatty</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@beatty1995evolutionary">1995</a>), suivant
laquelle toute loi proprement biologique est historiquement
contingente. Les contraintes sont alors des régularités mais des
régularités fondamentalement contingentes contrairement aux
régularités principielles en physique. Dans la compréhension du
terme de contrainte, il ne faut pas se cantonner à l’idée intuitive
suivant laquelle les contraintes empêchent certaines choses de se
produire. En même temps que les contraintes limitent ce qui peut se
passer, elles rendent possible d’autres choses. Une bonne analogie
est celle du jeu : les règles d’un jeu limitent les actions
possibles mais, par ces limitations, elles rendent le jeu possible
et intéressant — elles n’en restent pas moins contingentes et
peuvent être enfreintes ou changée.
</p>
<p class="indent">
Les contraintes sont susceptibles de changer et
leur stabilité, le cas échéant, demande à être expliquée. Il y a au
moins deux types d’explications de la permanence de certaines
régularités. La première est la sélection naturelle, qui est
d’abord un principe de conservation comme le souligne Guillaume
Lecointre (<span class="small-caps"> Lecointre</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@lecoitnre2017">2017</a>) et le suggère le
sous-titre de l’
<span class="cmti-10">Origine des espèces</span>, “the
<span class="cmti-10">preservation</span>of favoured races in the
struggle for life” (<span class="small-caps"> Darwin</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@darwin1859origin">1859</a>, nous soulignons) — la
variation étant en amont. Le deuxième principe expliquant la
relative stabilité des contraintes biologiques, que nous
détaillerons ci-dessous, est le maintien mutuel des contraintes
d’un organisme et donc leur interdépendance — cette interdépendance
conduit à ce que les parties d’un organisme se dégradent rapidement
à la mort de celui-ci, lorsque son organisation se disloque.
</p>
<p class="indent">
En biologie, les changements de contraintes
brisent le cercle vertueux représenté en figure
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#x1-20023">3
</a>dans le cas de la physique.
Un changement de contrainte s’accompagne d’un changement d’équation
et d’un changement d’espace des états possibles, de sorte que la
trajectoire de l’objet ne vit plus dans le même espace. Ni
l’équation, ni l’espace de description ne peuvent donc rendre
compte de tels changements. Autrement dit, le changement ne plus
être compris sur la base de l’invariance, ni être compris comme
déplacement dans un espace pré-donné. L’espace des possibles comme
les équations doivent alors être conçus comme étant générés par les
changements du vivant.
</p>
<p class="indent">
Dans un tel contexte, le cercle vertueux en
physique, illustré par la figure
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#x1-20023">3
</a>, est brisé, et est donc
brisée aussi la justification de la théorisation et de la
modélisation mathématique telle que cette dernière est pratiquée en
physique, avec ses symétries et quantités conservées principielles.
Alors, il n’y a plus de justification théorique, ni de méthode
pratique, pour considérer l’objet biologique comme un objet
générique. On ne peut pas parler d’un chat comme on peut parler
d’un électron. Un électron se comporte comme tous les électrons
alors qu’un chat peut être un Maine coon ou un chat persan, et, de
la même manière, deux chats Maine coon auront des différences. Les
individus biologiques sont tous significativement différents comme
le notait déjà
<span class="small-caps">L’Héritier</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@heritier">1949</a>). Ici, nous retrouvons aussi
l’idée développée par
<span class="small-caps">Canguilhem</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@canguilhem1972normal">1972</a>) suivant laquelle
l’homme moyen n’existe pas — et le chat moyen non plus, nous y
reviendrons.
</p>
<figure class="figure" id="x1-40014">
<div class="center">
<img class="zoom darkFilter darkFilterT" src="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/figure-figure2-.png" alt="PIC" />
</div>
<figcaption class="caption">
<span class="id"><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Figure</span>
<span class="small-caps">4</span></span>:</span>
<span class="content"><span class="cmti-10">Nature théorique de l’objet en
biologie, d’après</span>
<span class="small-caps">Montévil</span>
<span class="cmti-10">,</span>
<span class="small-caps">Mossio</span>
<span class="cmti-10">et al. (</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@chaptervariation"><span class="cmti-10">2016</span>
</a><span class="cmti-10">).</span>L’objet biologique n’est pas
défini de manière purement relationnelle, au niveau des
contraintes. Son passé et son contexte interviennent en tant
que tels. De plus, ses changements excèdent ce que les
contraintes à un moment donné permettent de prédire.</span>
</figcaption>
</figure>
<p class="indent">
Autrement dit, l’objet biologique ne peut plus
être objectivé par des relations causales stables entre ses
parties. Les contraintes ne définissent pas les objets, elles en
sont une propriété à un moment donné. Les objets biologiques sont
alors issus d’une cascade de changements de leurs contraintes, et
ils sont donc d’abord définis par l’histoire dont ils proviennent,
étant entendu qu’ils continuent à produire une histoire par des
changements de contraintes. Insistons ici, les changements de
contraintes ne sont pas des déplacements dans un espace des
possibles pré-donné, leur nature théorique est donc tout à fait
originale par rapport à la physique. Les objets biologiques
deviennent alors des objets spécifiques par opposition avec les
objets génériques de la physique (<span class="small-caps"> Montévil</span>,
<span class="small-caps">Mossio</span> et al.
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@chaptervariation">2016</a>), voir figure
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#x1-40014">4
</a>. Pour ces raisons,
Giuseppe Longo oppose le temps des processus, c’est-à-dire le temps
des changements d’état, et le temps historique, celui du changement
des contraintes (<span class="small-caps"> Longo</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Longo2018">2018</a>). Stuart Kauffman parle, lui,
de la fin de la vision physicaliste du monde à cause de la
croissance des possibles au cours du temps (Stuart A
<span class="small-caps">Kauffman</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@kauffman2019world">2019</a>). Cette perspective
rejoint aussi celle du paléontologue Gould et notamment sa critique
de l’approche de D’Arcy Thompson au profit de la centralité de la
contingence historique en biologie (<span class="small-caps"> Gould</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@gould2002structure">2002</a>, chap.10 ;<span class="small-caps"> Stiegler</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@stiegler_2015">2015</a>).
</p>
<p class="indent">
Dans ce cadre, les objets biologiques deviennent
aussi contextuels en un sens fort : la présence de telle ou telle
contrainte peut dépendre du contexte. Plus encore, l’historicité et
la contextualité se couplent car les contextes passés ont été
intériorisés par les organisations biologiques (<span class="small-caps"> Miquel</span> et
<span class="small-caps">Hwang</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@chapterPA">2016</a>).
</p>
<p class="indent">
Il manque un cadre théorique et mathématique pour
comprendre les changements de contraintes et, en particulier, le
type de causalité propre à ce cadre théorique qui a été appelée «
<span class="cmti-10">enablement</span>», c’est-à-dire rendre
possible (<span class="small-caps"> Longo</span>,
<span class="small-caps">Montévil</span> et S.
<span class="small-caps">Kauffman</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@longo2012b">2012</a>). En effet, l’apparition
d’une nouvelle contrainte ne peut être déduite de contraintes
préexistantes, mais certaines contraintes préexistantes sont
néanmoins nécessaires à cette apparition. Par exemple, les
mâchoires articulées sont nécessaires à l’apparition des dents ;
rétrospectivement, elles ont contribué à les rendre possibles.
</p>
<p class="indent">
Il ne s’agit pas, pour nous, de proposer
seulement une réinterprétation des régularités biologiques qui
viendrait limiter la portée des travaux de modélisation. Ce cadre
épistémologique et théorique vise aussi, et l’on pourrait même dire
surtout, à transformer les méthodes de compréhension du vivant, et
notamment les méthodes de modélisation, pour les rendre plus
adéquate aux phénoménalités biologiques.
</p>
<p class="indent">
Donnons un exemple de méthode que nous sommes en
train de développer. Cette méthode s’inspire librement du concept
philosophique de déconstruction de Jacques Derrida, qui s’applique
aux concepts dans leur historicité et que nous visons à déployer
sur des modèles mathématisés. L’idée est de considérer un modèle ou
une structure mathématique biologiquement pertinente et de la
déconstruire, hypothèse par hypothèse, en regardant à chaque étape
quel sens biologique peut avoir la négation de l’hypothèse
considérée. Plus précisément, les régularités permettant de définir
un modèle mathématique sont des contraintes. En tant que telle,
elles peuvent changer, ce qui a été appelé principe de variation
(<span class="small-caps"> Montévil</span>,
<span class="small-caps">Mossio</span> et al.
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@chaptervariation">2016</a>), et en déconstruisant
l’objet mathématique nous explorons certaines de ces variations —
celles qui ne demandent pas d’hypothèses supplémentaires.
</p>
<p class="indent">
Nous pouvons donner un exemple simple de
l’approche de déconstruction d’une structure mathématique
biologiquement pertinente, et plus précisément d’une forme
mathématique utilisée pour décrire des formes anatomiques. La
structure épithéliale des glandes mammaires de rat est généralement
décrite mathématiquement comme un arbre (axiomatisé
mathématiquement comme un graphe acyclique et connexe). La négation
des hypothèses construisant mathématiquement la structure d’arbre
conduit à :
</p>
<div class="tabular center">
<table class="tabular" id="TBL-2">
<tbody>
<tr id="TBL-2-1-">
<td class="td11" id="TBL-2-1-1">Hypothèse</td>
<td class="td11" id="TBL-2-1-2">Négation</td>
</tr>
<tr id="TBL-2-2-">
<td class="td11" id="TBL-2-2-1">Acyclique</td>
<td class="td11" id="TBL-2-2-2">Présence de boucle (en rouge)</td>
</tr>
<tr id="TBL-2-3-">
<td class="td11" id="TBL-2-3-1">Connexe</td>
<td class="td11" id="TBL-2-3-2">Présence de partie détachée de l’arbre principal (en bleu)</td>
</tr>
<tr id="TBL-2-5-">
<td class="td11" id="TBL-2-5-1">Composé de nœuds et d’arêtes (graphe)</td>
<td class="td11" id="TBL-2-5-2">Présence de connections ambiguës (jonction des épithéliums mais pas des lumières)</td>
</tr>
<tr id="TBL-2-8-">
<td class="td11" id="TBL-2-8-1">Composé de nœuds et d’arêtes (graphe)</td>
<td class="td11" id="TBL-2-8-2">Pas d’arête définie (tumeur)</td>
</tr>
</tbody>
</table>
</div>
<figure class="figure" id="x1-40025">
<div class="center">
<img class="zoom" alt="PIC" src="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/deconstruct2.jpg" />
</div>
<figcaption class="caption">
<span class="id"><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Figure</span>
<span class="small-caps">5</span></span>:</span>
<span class="content"><span class="cmti-10">Exceptions à la structure d’arbre prédictible par
déconstruction de cette structuredans le cas d’une glande mammaire de
rate âgée de 21 jours.</span>Un arbre est un graphe acyclique,
or l’objet biologique contient un cycle. De même, un arbre est
connexe et nous observons une structure épithéliale détachée de
la structure principale.</span>
</figcaption>
</figure>
<p class="indent">
À la suite d’un travail sur le rat, en utilisant
une seule expérience, nous avons des preuves empiriques de la
pertinence biologique de chaque prédiction de la déconstruction, à
l’exception toutefois de la dernière, les tumeurs, dont l’existence
est bien connue par ailleurs. Deux de ces prédictions sont
illustrées en figure
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#x1-40025">5
</a>. Dans chaque cas, les «
anomalies » ont des conséquences pour l’utilisation de la structure
d’arbre afin de représenter l’objet biologique. Il ne s’agit pas
ici de se contenter de dire que l’objet biologique est plus
complexe que sa représentation mathématique, mais bien de dire que
les variations biologiques peuvent sortir des cadres mathématiques
utilisés pour les représenter, et ceci pour des raisons
principielles, ce qui n’est pas qu’un résultat négatif mais au
contraire permet certaines prédictions.
</p>
<p class="indent">
Le concept de forme qui se dégage de cette
discussion est un concept qui ne possède pas d’invariance
principielle. Une forme mathématique donnée n’est pas
nécessairement préservée dans une espèce, elle est associée à
d’autres possibles donnés, par exemple, par la déconstruction de
cette forme. Le concept de forme biologique qui nous semble
biologiquement pertinent, et que nous associons ici à celui de
contrainte, n’est donc jamais un invariant
<span class="cmti-10">stricto sensu</span>mais est un invariant
historicisé, de telle sorte qu’une forme mathématique donnée en
biologie emporte avec elle d’autres formes mathématiques et ceci
pour des raisons principielles.
</p>
<h3 class="subsectionHead" id="x1-50003e2">
<span class="titlemark">3.2</span> L’intégration des formes dans
l’organisme
</h3>
<p class="noindent">
Si l’on pose la variation comme première, nous
l’avons mentionné, la stabilité relative des contraintes demande à
être expliquée puisque nous ne pouvons plus la postuler comme nous
postulons les “lois” en physique. Un type d’explication que nous
avons évoqué est l’interdépendance entre les parties d’un
organisme.
</p>
<p class="indent">
La question du rapport entre partie et tout est
principielle en physiologie. Ainsi,
<span class="small-caps">Bernard</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@bernard1865introduction">1865</a>) affirme que
:
</p>
<blockquote class="epigraph">
<p class="noindent">
Le physiologiste et le médecin ne doivent
donc jamais oublier que l’être vivant forme un organisme et une
individualité. [...] Il faut donc bien savoir que, si l’on
décompose l’organisme vivant en isolant ses diverses parties, ce
n’est que pour la facilité de l’analyse expérimentale, et non
point pour les concevoir séparément. En effet, quand on veut
donner à une propriété physiologique sa valeur et sa véritable
signification, il faut toujours la rapporter à l’ensemble et ne
tirer de conclusion définitive que relativement à ses effets dans
cet ensemble.
</p>
<p class="episource">
(<span class="small-caps">Bernard</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@bernard1865introduction">1865</a>, p.154)
</p>
</blockquote>
<p class="indent">
En plus de son inscription historique et
contextuelle, un modèle physique instanciable par un objet
abiotique comme dans le travail de
<span class="small-caps">Douady</span> et
<span class="small-caps">Couder</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Douady1996255">1996</a>) manquera donc son
inscription dans l’organisme. La question de cette inscription a
été l’objet de nombreux travaux en biologie théorique. Mentionnons
quelques exemples. Le concept d’autopoïèse de
<span class="small-caps">Varela</span>,
<span class="small-caps">Maturana</span> et
<span class="small-caps">Uribe</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Varela1974187">1974</a>) pose que les constituants
d’un organisme sont produits par cet organisme. Le concept
d’ensemble autocatalytique de Stuart A.
<span class="small-caps">Kauffman</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@stuart1993origins">1993</a>) pose, lui, qu’une
étape cruciale dans l’apparition de la vie est l’apparition d’un
ensemble de molécules capables de catalyser la production des
molécules de cet ensemble, de sorte que ces molécules sont
collectivement autocatalytiques. Enfin,
<span class="small-caps">Rosen</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@rosen2005">1991</a>) propose une approche plus
abstraite de ces questions, sur la base de la théorie des
catégories, où la circularité entre le métabolisme et la réparation
des constituants d’un objet est au centre de l’analyse. Ces
concepts sont l’objet d’un certain nombre de travaux (J. C.
<span class="small-caps">Letelier</span>,
<span class="small-caps">Marin</span> et
<span class="small-caps">Mpodozis</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Letelier2003261">2003</a>;<span class="small-caps"> Ruiz-Mirazo</span> et
<span class="small-caps">Moreno</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Ruiz-Mirazo">2004</a>;J.-C.
<span class="small-caps">Letelier</span>,
<span class="small-caps">Cárdenas</span> et
<span class="small-caps">Cornish-Bowden</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Letelier2011100">2011</a>), mais s’ils sont très
pertinents pour la question de l’origine de la vie, ils peinent à
s’articuler avec les travaux biologiques plus quotidiens, qu’il
s’agisse de travaux expérimentaux ou de modélisations.
</p>
<p class="indent">
Un nouveau cadre satisfaisant plusieurs objectifs
et limites des cadres précédents a été publié récemment. Ce cadre
visait tout d’abord à dépasser les définitions purement chimiques
de la matière, conduisant à l’idée qu’être autopoïètique signifie
seulement produire les molécules constituant un organisme. En
effet, les êtres vivants produisent et maintiennent aussi des
formes telles que celle du système vasculaire et de la membrane
d’une cellule, ou, de manière plus abstraite, la cyclicité
cardiaque. Pour cela, le concept de contrainte a été utilisé pour
généraliser ces idées à toutes sortes de régularités et donc de
formes. Un autre objectif de ce travail était de distinguer à quel
niveau et pour quel type d’objet se présente la circularité que
tous les travaux susmentionnés en biologie théorique visent à
saisir. Il faut ici avoir présent à l’esprit que les êtres vivants
sont, pour des raisons principielles, thermodynamiquement ouverts.
En effet, comme le souligne
<span class="small-caps">Schrödinger</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@schrodinger">1944</a>), les êtres vivants ne sont
pas au maximum d’entropie et, d’après le second principe de la
thermodynamique, pour ce maintenir ainsi ils doivent être traversés
par des flux d’énergie et de matière. En distinguant processus de
transformation et contraintes, ces circularités peuvent être
décrites comme clôture entre contraintes, c’est-à-dire l’idée
qu’une contrainte structure un processus de transformation
maintenant une autre contrainte qui agit sur un autre processus, et
ainsi de suite jusqu’à ce que la première contrainte soit maintenue
(<span class="small-caps"> Montévil</span> et
<span class="small-caps">Mossio</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Montevil2015c">2015</a>). Enfin, un objectif dans
la formulation de ce cadre était de le rendre compatible avec la
variation biologique telle que décrite ci-dessus. Ainsi, les
contraintes ne sont valide qu’à une échelle de temps donnée, et le
rôle épistémologique de cette circularité est transformé : il ne
s’agit plus tant de savoir ce qui distingue le vivant du physique
ou même de savoir comment l’apparition du vivant a été possible (ou
aussi possiblement nécessaire) mais de comprendre pourquoi et
comment certaines parties des organismes se maintiennent dans le
temps. Plusieurs exemples d’application à des situations
biologiques précises ont été développé (<span class="small-caps"> Montévil</span>,
<span class="small-caps">Speroni</span> et al.
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@chapterconstraints">2016</a>;<span class="small-caps"> Bich</span>,
<span class="small-caps">Mossio</span> et
<span class="small-caps">Soto</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@10e3389fphyse2020e00069">2020</a>).
</p>
<figure class="figure" id="x1-50016">
<div class="center">
<img class="zoom darkFilter darkFilterT" src="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/figure-figure5-.png" alt="PIC" />
</div>
<figcaption class="caption">
<span class="id"><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Figure</span>
<span class="small-caps">6</span></span>:</span>
<span class="content"><span class="cmti-10">Clôture entre contraintes,
d’après</span>
<span class="small-caps">Montévil</span>
<span class="cmti-10">et</span>
<span class="small-caps">Mossio</span>
<span class="cmti-10">(</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Montevil2015c"><span class="cmti-10">2015</span>
</a><span class="cmti-10">).</span>Les contraintes d’un organisme
se maintiennent collectivement, ce qui permet à l’organisme de
se maintenir pendant un temps beaucoup plus long que si ces
contraintes étaient isolées. Ici,
<math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML">
<msub>
<mrow>
<mi>C</mi>
</mrow>
<mrow>
<mn>2</mn>
</mrow>
</msub>
</math>,
<math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML">
<msub>
<mrow>
<mi>C</mi>
</mrow>
<mrow>
<mn>3</mn>
</mrow>
</msub>
</math>et
<math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML">
<msub>
<mrow>
<mi>C</mi>
</mrow>
<mrow>
<mn>4</mn>
</mrow>
</msub>
</math>font partie de la clôture.
<math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML">
<msub>
<mrow>
<mi>C</mi>
</mrow>
<mrow>
<mn>1</mn>
</mrow>
</msub>
</math>agit sur un processus dont le résultat n’est pas
mobilisé par l’organisme, par exemple l’ombre d’un arbre limite
la luminosité, ce qui est utilisé par certaines plantes et
animaux mais pas par l’arbre lui-même.
<math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML">
<msub>
<mrow>
<mi>C</mi>
</mrow>
<mrow>
<mn>5</mn>
</mrow>
</msub>
</math>est une contrainte extérieure mobilisée par l’organisme.
Une telle contrainte peut être d’origine biologique, par
exemple l’ombre du même arbre est pertinente pour la plante qui
vit dans cette ombre. Elle peut aussi être d’origine physique,
comme la périodicité circadienne qui est mobilisée dans
l’organisation de nombreux êtres vivants. De plus, la clôture
dépend fondamentalement de flux avec l’extérieur pour se
maintenir (les
<math display="inline" xmlns="http://www.w3.org/1998/Math/MathML">
<msub>
<mrow>
<mi>A</mi>
</mrow>
<mrow>
<mi>i</mi>
</mrow>
</msub>
</math>), elle est donc une circularité et en aucun cas une
fermeture au sens thermodynamique, et plus généralement au sens
d’indépendance vis-à-vis de l’extérieur.</span>
</figcaption>
</figure>
<p class="indent">
Dans ce cadre, les contraintes participant à la
clôture interviennent de deux manières distinctes. D’une part, une
contrainte faisant partie de la clôture est maintenue par un
processus sous l’action d’une autre contrainte de l’organisation.
D’autre part, elle agit sur au moins un autre processus maintenant
une autre contrainte de l’organisation. Par exemple, la géométrie
du système vasculaire est maintenue par le renouvellement de ses
cellules et les processus de cicatrisation, et il contraint le flot
d’oxygène et de nombreux autres composés dans l’organisme, ce qui,
en deux mots, maintient les propriétés du milieu intérieur. Nous
voyons donc ici qu’une forme biologiquement pertinente n’est jamais
pertinente par elle-même. Elle est pertinente par son inscription
dans une organisation, donc dans une circularité qui implique ce
double statut comme objet d’un maintien et participation au
maintien d’au moins une autre partie.
</p>
<p class="indent">
Il est important de noter que la circularité
propre à la clôture entre contraintes et aux approches similaires
est un moyen d’interpréter la notion de fonction biologique (<span class="small-caps"> Mossio</span>,
<span class="small-caps">Saborido</span> et
<span class="small-caps">Moreno</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@mossio2009organizational">2009</a>). Une
contrainte a une fonction lorsqu’elle fait partie de la clôture,
car son existence dépend de ses conséquences par la circularité de
la clôture. L’autre approche philosophique du concept de fonction
est le concept sélectionniste qui pose qu’un trait a une fonction
s’il a été sélectionné à cause de ses effets (<span class="small-caps"> Godfrey-Smith</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@godfrey1994modern">1994</a>). Il est intéressant
de noter que ces deux approches correspondent à deux manières
d’expliquer la relative stabilité d’une contrainte dans le cadre
que nous mobilisons.
</p>
<p class="indent">
Dans ce cadre, les formes biologiques ne sont
donc pas simplement des formes mathématiques. Lorsqu’elles font
partie de l’organisation d’un organisme, elles ont un double
statut. Elles sont à la fois l’objet d’un maintien actif par un
processus sous contrainte et elles agissent sur un processus
stabilisant une autre contrainte, dans une organisation
caractérisée par sa circularité. Ainsi, les concepts de formes et
de fonctions sont articulés étroitement.
</p>
<h3 class="subsectionHead" id="x1-60003e3">
<span class="titlemark">3.3</span> Que veut dire mesurer des formes
biologiques ?
</h3>
<p class="noindent">
Avant de conclure, abordons une question
théorique majeure : le sens théorique de l’accès à l’objet
empirique. En physique théorique, le concept correspondant est
celui de mesure et il est défini avec précision dans les
principales théories physiques. En physique classique, le concept
de mesure pose que l’accès à l’état d’un objet n’est jamais
parfait, mais qu’il est au contraire toujours approché : alors que
l’état est un point, la mesure fournit un intervalle. En physique
quantique, la mesure est plus complexe car elle change l’objet de
manière irréversible et c’est dans ce contexte qu’Einstein a énoncé
l’idée suivant laquelle c’est la théorie qui dit ce que l’on peut
observer.
</p>
<p class="indent">
En biologie, cette question a relativement peu
été discutée et la mesure biologique n’a pas été formalisée.
<span class="small-caps">Montévil</span> (
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@montevilmeasure">2019a</a>) vise à commencer à
combler ce manque, (voir aussi
</p>
<p class="indent">
<span class="small-caps">Houle</span> et al.
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@houle2011measurement">2011</a>, pour une
perspective complémentaire). Pour aborder ce problème, nous pouvons
partir du cadre présenté en figure
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#x1-40014">4
</a>. Dans ce cadre, mesurer un
objet biologique ne signifie pas seulement mesurer une partie ou un
aspect intéressant dans le cadre d’un travail, comme la masse d’un
organisme, la concentration d’une espèce chimique ou la longueur
d’un os. Il est aussi nécessaire de “mesurer” l’organisme lui-même
et donc l’objet biologique en tant qu’il est spécifique. Par
exemple, le poids d’une souris ou son rythme cardiaque n’ont pas le
même sens que ceux d’un rat ou d’un éléphant, ils ne sont pas
commensurables en tant que tels. Pour les rendre commensurables,
nous avons besoin d’un cadre tout à fait distinct de ceux
rencontrés en physique.
</p>
<p class="indent">
Les biologistes décrivent et manipulent les
objets biologiques en prenant comme référence non pas l’objet tel
qu’il est (un état) ou même tel qu’il se comporte (équations) mais
en se référant au passé de cet objet. Ainsi, les groupes définis
par la classification du vivant doivent désigner uniquement et tous
les descendants d’un ancêtre commun. Définir les objets ainsi, à
partir d’un point de référence dans le passé, permet d’obtenir des
définitions stables quelles que soient les variations des objets
biologiques. Les objets biologiques génèrent de la diversité de
telle sorte que l’invariance ne permet pas de les définir
rigoureusement. Au lieu de propriétés conservés, le passé de
l’objet sert de référence. Ici, la généalogie, concept issu de la
théorie de l’évolution, joue un rôle central. Bien évidemment, la
proximité généalogique va avec la présence simultanée de nombreux
caractères, mais la conservation d’aucun de ces caractères et
encore moins de leurs fonctions n’est garantie en principe, ni
nécessaire, pour que les définitions restent valides.
</p>
<p class="indent">
Ce rôle du raisonnement historique n’est pas
limité à la classification du vivant en systématique. Les
biologistes travaillent souvent avec des souches d’animaux et de
cellules de laboratoire, issus de généalogies contrôlées. Ici
aussi, l’appartenance à une souche provient de l’existence d’un
ancêtre commun qui peut être plus ou moins récent suivant la souche
utilisée et sa définition. En figure
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#x1-60017">7
</a>, nous présentons le cas de
cellules et la définition d’une souche (ou d’une sous-souche)
provenant d’une seule cellule, leur dernier ancêtre commun.
Cependant, même dans ces conditions, la variation ne cesse pas et
il est possible d’observer l’évolution dans des conditions de
laboratoire (<span class="small-caps"> Papadopoulos</span> et al.
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@Papadopoulos3807">1999</a>).
</p>
<figure class="figure" id="x1-60017">
<div class="center">
<img class="zoom darkFilter darkFilterT" alt="PIC" src="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/figure-figure6-.png" />
</div>
<figcaption class="caption">
<span class="id"><span class="eccc1000-"><span class="small-caps">Figure</span>
<span class="small-caps">7</span></span>:</span>
<span class="content"><span class="cmti-10">Définition d’une lignée cellulaire de
laboratoire et opérations expérimentales correspondantes, d’après</span>
<span class="small-caps">Montévil</span>
<span class="cmti-10">(</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@montevilmeasure"><span class="cmti-10">2019a</span>
</a><span class="cmti-10">).</span>À gauche, des cellules
prolifèrent, mais leur ancêtre commun n’est pas connu ni
contrôlé — cet ancêtre commun existe néanmoins d’après la
théorie de l’évolution mais est plus ou moins récent suivant
les cas. Une sous-culture standard ne règle pas cette
difficulté car elle contient plusieurs cellules, d’origines
potentiellement éloignées. Pour régler ce problème, les
biologistes font une sous-culture particulière afin de générer
une population à partir d’une seule cellule. Alors, cette
cellule est l’ancêtre commun de toutes les cellules obtenues
subséquemment par prolifération avec variation et cet ancêtre
commun est récent. La population obtenue peut être congelée ce
qui permet de la conserver sans qu’elle ne prolifère ni ne
varie. Alors, des expériences peuvent être produites et
reproduites avec des cellules très proches de leur ancêtre
commun, ce qui permet de limiter les variations dues à la
prolifération.</span>
</figcaption>
</figure>
<p class="indent">
La mesure biologique implique donc la référence
au passé et non seulement à l’objet tel qu’il peut être défini par
des relations invariantes. Cette notion de mesure signifie que l’on
ne peut pas instancier
<span class="cmti-10">de novo</span>un objet biologique. Pour
reproduire une expérience biologique, il faut travailler sur des
objets ayant un passé commun. Cette situation est tout à fait
différente de la situation en physique où l’on peut mesurer la
vitesse de la lumière dans le vide avec n’importe quel photon,
généré de manière complètement indépendante, car ils suivent tous,
par principe, les mêmes équations. L’articulation entre
connaissance et matière est différente en biologie : la référence
au passé passe par la référence à un objet matériel particulier, à
un “ceci”, alors que cette approche n’est pas nécessaire en
physique.
</p>
<p class="indent">
Les objets biologiques ne sont jamais
rigoureusement assimilables l’un à l’autre, l’avancée du temps
produit sans cesse des variations, ce qui conduit à définir sans
cesse de nouvelles souches et sous-souches d’animaux. L’acte qui
consiste à considérer que des objets biologiques sont équivalents
dans le cadre d’un travail empirique est un acte de symétrisation.
La symétrisation inclut parfois aussi des actions tout à fait
concrètes, comme le fait de mettre des organismes dans un même
contexte. La symétrisation peut être effectuée de plusieurs
manières. Elle peut viser à obtenir des objets dont les
organisations sont aussi proches que possibles en prenant des
objets dont l’histoire commune est aussi récente que possible,
comme en figure
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#x1-60017">7
</a>ou en étudiant une souche très
précise de souris. À l’opposé, la symétrisation peut laisser plus
de place à la diversité du vivant, par exemple en étudiant
plusieurs souches de souris ou des souris sauvages, ce qui conduit
à une plus grande variabilité des résultats mais permet aussi de
s’extraire de comportements qui sont propres à une souche de souris
particulière, bref d’obtenir des résultats ayant une certaine
généralité. Dans ce cadre théorique, le contexte est aussi un
élément clé, y compris les contextes passés, et leurs contrôles
participent à cette démarche de symétrisation (<span class="small-caps"> Montévil</span>
<a href="https://montevil.org/publications/chapters/2021-Sens-Formes-biologie/#citee0@montevilmeasure">2019a</a>).
</p>
<p class="indent">
Dans ce cadre, mesurer une forme biologique ne
signifie donc pas simplement mesurer une forme mathématique. Pour
mesurer une forme biologique, il est nécessaire de se référer aussi
à l’histoire et au contexte de l’objet sans quoi une forme
mathématique qui peut être observée n’a pas de sens biologique
empirique et théorique.
</p>
<h2 class="sectionHead" id="x1-70004"><span class="titlemark">4</span> Conclusion</h2>
<p class="noindent">
Du point de vue de la théorie, les formes
biologiques ont alors un statut tout à fait particulier, éloignée
des concepts et de l’épistémologie de la physique. En biologie,
l’objet ne peut plus être reconstruit théoriquement sur la base de
symétries et d’invariants. Il s’ensuit que les formes ne peuvent
plus être conçues comme des propriétés invariantes des objets,
elles sont des contraintes dont la validité a fondamentalement un
caractère contingent.
</p>
<p class="indent">
Les formes biologiques s’inscrivent alors dans
une histoire biologique ce qui a plusieurs conséquences. Tout
d’abord, l’organisme dont une partie ou un aspect possède cette
forme doit aussi être spécifié, et cette spécification, pour des
raisons pratiques et théoriques, se fait par la référence au passé
de cet organisme, passé qu’il a en partage avec d’autres organismes
pouvant faire l’objet d’une même expérience. De plus, même pour des
animaux ou des cellules de laboratoire dont l’origine et le
contexte sont fortement contrôlés, la présence d’une forme
s’accompagne, en droit, de la présence de nombreuses variations de
cette forme. Nous avons montré qu’il est possible de tirer parti de
cette situation en esquissant une méthode de déconstruction des
formes. En quelque sorte, la biologie demande donc de
désessentialiser la forme des formes.
</p>
<p class="indent">
Les formes biologiques font, de plus, partie
d’objets organisés. Il s’ensuit qu’elles ont un double statut,
celui d’être maintenu activement par un processus sous contrainte
et celui de maintenir une autre contrainte en contraignant un
processus. Le sens d’une forme biologique réside d’abord dans ces
articulations avec l’organisation à laquelle elle participe.
L’intégration à une organisation permet de comprendre la relative
stabilité des formes biologiques comme le résultat d’une activité
constante.
</p>
<p class="indent">
La circularité propre à l’organisation comme
clôture entre contrainte, mais aussi la contingence fondamentale
des contraintes composant ces organisations, et donc leur capacité
à varier, sont caractéristiques de l’autonomie des êtres vivants
dont les formes sont une manifestation remarquable. Cette autonomie
n’est en rien une indépendance, bien au contraire, les
organisations biologiques sont contextuelles et plus encore elles
portent en elle les traces de leurs couplages avec leurs contextes
passés. Détacher les formes de cet ancrage revient à les détacher
de leur sens biologique.
</p>
<h2 class="sectionHead" id="x1-80004">Références</h2>
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