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  1. Objets physiques, objets biologiques.


    Les objets physiques sont définis théoriquement et mathématiquement comme des objets génériques. Ainsi, du point de vue de la gravitation newtonienne, une pomme ou une planète sont interchangeables, de même que le moment ou l'endroit où des phénomènes ont lieu. Un objet physique a une trajectoire spécifique, déterminée dans un espace de description stable. Au cœur de cette approche des phénomènes naturels se trouve la notion de symétrie théorique, qui justifie que des transformations (réelles ou virtuelles) ne changent pas les aspects pertinents d'un objet, en particulier et surtout la forme de sa détermination équationnelle. Les symétries justifient l'articulation des mathématiques avec le réel et permettent la dérivation mathématique des trajectoires. En biologie, nous proposons que les symétries théoriques sont instables. Ceci a de nombreuses conséquences puisque c'est la définition même des objets qui ne peut être opérée comme en physique. La première de ces conséquences est que l'objet doit être pensé comme spécifique, étant donné qu'il altère ses symétries au cours du temps (ontogénétique et phylogénétique). Ceci confère à l'objet biologique une nature fondamentalement historique. De plus, l'espace de description biologique est alors lui-même défini comme résultat d'une histoire. Enfin, les trajectoires biologiques ne peuvent alors pas être dérivées mathématiquement puisque ce sont les symétries déterminant ces trajectoires qui changent au cours du temps.

  2. La notion de mesure : de la physique à la biologie.


    Dans chaque théorie physique, la mesure, en tant que lien entre modèle et l'empirie, a un sens précis et adapté au cadre théorique. En biologie, cette question n'a que peu été étudiée, ce qui contraste avec la richesse et la spécificité méthodologique des approches expérimentales. Nous proposons ici, dans le cadre d'une caractérisation des spécificités de l'objet biologique, d’appréhender la mesure biologique comme co-constituant l'objet observé au sens où le résultat de la mesure dépend de, et parfois agit sur, les régularités et en particulier l'histoire de l'objet en un sens précis que nous développerons.

  3. L’incompressible complexité du réel et la construction évolutive du simple

    L’incompressible complexité du réel et la construction évolutive du simple

    Autour de la simplexité


    On pourrait donner un sens historique à la notion de simplexité dans (Berthoz, 2009): le simple résulte d’une histoire complexe et n’est jamais élémentaire.

    Abstract

    En parcourant un fil conducteur de l’évolution darwinienne, on trouve çà et là la formation du simple, comme résultat de la complexité des trajectoires évolutives : par exemple, la variété, la richesse, la … complexité des bauplan de la faune de Burgess et Ediacara (Gould, 1989) s’est transformée en la « simplicité » des bauplan qui suivront et de l’activité qu’ils rendent possible. Tout en prolongeant l’évolution des espèces, l’évolution de l’homme, jusqu’à son histoire, paraît aussi fournir, çà et là, des éléments de cette simplification qui choisit, transforme, organise l’action dans le monde, dont nous parlerons. On pourrait alors donner un sens historique à la notion de simplexité dans (Berthoz, 2009): - c’est le simple qui résulte d’une histoire complexe, - du simple qui n’est jamais élémentaire (atomique, irréductible). En physique, cette histoire peut être remplacée par une dynamique de modèles mathématiques qui aide à passer d’un système d’interactions locales, très complexe, à une situation globale, relativement plus simple, limite de la dynamique considérée. Ces dynamiques permettent de traiter les transitions critiques. Dans ce cas aussi, mais de façon fortement mathématisée, l’intégration globale de réseaux localement intelligibles, mais trop riches pour être saisis comme un tout, peut proposer une autre exemple de simplexité, plus technique, un exemple qui trouve son sens à la limite asymptotique. Les méthodes de renormalisation, auxquels nous ferons informellement référence, en donnent un aperçu de grande puissance physico-mathématique. Nous considérons le passage de l’analyse mathématique de la criticité physique à l’analyse du biologique, en tant que situation critique étendue, une transition conceptuelle possible de la théorisation physique à celle de l’état vivant de la matière.

    Citation
    Longo, G., Maël Montévil, and A. Pocheville. 2014. “L’incompressible Complexité Du Réel et La Construction Évolutive Du Simple.” In Autour de La Simplexité, edited by A. Berthoz and J.-L. Petit. Odile Jacob. https://doi.org/10.4000/books.cdf.3363
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