Chemins vers une théorie des organismes
L'observation de cellules en culture montre qu'elles prolifèrent, se meuvent, changent de forme... Confrontés à des contradictions entre leurs résultats expérimentaux et les cadres d’interprétations en vigueur (l'idée que les cellules d'un métazoaire sont quiescentes par défaut), Anna Soto et Carlos Sonnenschein ont été conduits à se séparer à la fois de ces cadres déterministes, où tout phénomène est conçu comme l’exécution d'un programme, mais aussi de l'ontologie qui leur est associée, et ont postulé que la prolifération et la motilité font partie de l'état par défaut des cellules. Des problèmes de même ordre se rencontrent dans la modélisation mathématique en biologie, dont le principe a été largement importé depuis la physique sans encadrement théorique.
Ces difficultés ont conduit à la mise en place progressive d'un programme de recherche, regroupant philosophes, biologistes et mathématiciens, visant à développer un cadre théorique solide pour la compréhension des organismes qui soit adapté à l'originalité des phénomènes biologiques.