Objets physiques, objets biologiques.
Les objets physiques sont définis théoriquement et mathématiquement comme des objets génériques. Ainsi, du point de vue de la gravitation newtonienne, une pomme ou une planète sont interchangeables, de même que le moment ou l'endroit où des phénomènes ont lieu. Un objet physique a une trajectoire spécifique, déterminée dans un espace de description stable. Au cœur de cette approche des phénomènes naturels se trouve la notion de symétrie théorique, qui justifie que des transformations (réelles ou virtuelles) ne changent pas les aspects pertinents d'un objet, en particulier et surtout la forme de sa détermination équationnelle. Les symétries justifient l'articulation des mathématiques avec le réel et permettent la dérivation mathématique des trajectoires.
En biologie, nous proposons que les symétries théoriques sont instables. Ceci a de nombreuses conséquences puisque c'est la définition même des objets qui ne peut être opérée comme en physique. La première de ces conséquences est que l'objet doit être pensé comme spécifique, étant donné qu'il altère ses symétries au cours du temps (ontogénétique et phylogénétique). Ceci confère à l'objet biologique une nature fondamentalement historique. De plus, l'espace de description biologique est alors lui-même défini comme résultat d'une histoire. Enfin, les trajectoires biologiques ne peuvent alors pas être dérivées mathématiquement puisque ce sont les symétries déterminant ces trajectoires qui changent au cours du temps.